Effervescence et liesse jamais vues à Lodja, la capitale économique et principale agglomération de la province du Sankuru, jeudi 1er août 2019. Dix jours seulement après sa défaite à l’élection du gouverneur de la province dans la petite ville de Lusambo le 20 juillet dernier, le meilleur élu national de Lodja depuis 2006, et un des cinq mieux élus de la RDC en décembre 2018, Lambert Mende Omalanga, est retourné « chez lui » à près de 500 kilomètres du chef-lieu de la province. L’accueil réservé à ce fils du terroir dont au moins un des sobriquets du cru est synonyme de « pays » (Ngelo), se passe de tout commentaire. « Il fallait vivre ça », explique au Maximum un témoin interrogé sur place. Ce jour-là, le ministre sortant de la Communication et Médias, ci-devant ex. porte-voix du gouvernement effectuait une banale visite dans son fief dans le cadre de ses vacances parlementaires. Les faits ont parlé d’eux-mêmes, et apporté un surcroit de lumière et de questionnement sur la valeur de ces élections au second degré qui prétendent traduire « la volonté des électeurs ». A son arrivée et durant tout le séjour de l’honorable Mende à Lodja et alentours, le député national FCC qui avait, non sans amertume concédé sa défaite devant un illustre inconnu présenté par le CACH à l’élection du gouverneur à Lusambo dans une assemblée provinciale de 25 membres dont 21 du FCC, a été l’objet d’un accueil populaire plus que triomphal. Il ne fut à aucun moment question de défaite ou de victoire à la gouvernorale sankuroise : le leader était chez lui parmi les siens. Point à la ligne, comme on dit.
Au-delà des liesses et réjouissances, il fallait bien « recadrer » tout ce monde plein d’un bel entrain. Surtout après les événements malheureux que furent l’assassinat la veille du scrutin controversé de Lusambo quelques jours plus tôt du chef Moïse Kondema Wamu du groupement de Lolema dans le secteur de Nambelo-Lohembe, suivi quelques jours plus tard de l’élimination physique d’un certain Omindo « Omera », soupçonné d’être le commanditaire de nombreux meurtres crapuleux dans la région, dont celui du jeune chef de groupement que l’on savait très proche de Lambert Mende en faveur duquel il était intervenu dans les médias quelques jours auparavant. Il y avait comme un air de vengeance et de rébellion qui couvait, et requérait que quelqu’un y mette le holà. « On ne peut pas en arriver à ces excès pour des raisons électorales. Aucune élection, aucun pouvoir ne vaut une vie humaine », a martelé Lambert Mende devant une foule toute conquise venue nombreuse l’écouter au Stade de football de Lodja, exhortant ses électeurs à se garder de toute tendance à la justice populaire. « Les instances judiciaires existent pour juger, rendre justice pour tout le monde sans distinction. Il ne sert donc à rien de le faire soi-même », a-t-il soutenu en substance.
Néanmoins, les plaies ouvertes par les incidents malheureux de Leemba à une quarantaine de km de Lodja étaient là, qui attendaient de se cicatriser et d’être guéries autrement que par des exhortations verbales. Vendredi 2 août 2019, l’élu de Lodja a effectué le déplacement du groupement de Lo- lema – Nambelo pour consoler les populations éprouvées et s’incliner sur la tombe de l’illustre disparu. Au milieu de la prégnante émotion provoquée par le spectacle désolant qui s’offrait à ses yeux – 182 maisons d’habitation avaient été incendiées par la bande de Omindo « Omera » auteur de l’assassinat du chef Moïse Kondema, au lieu de la vingtaine précédemment annoncée – l’honorable Mende dût faire recours à toutes ses capacités de persuasion et à son sens d’homme d’Etat et appeler ses électeurs meurtris à garder la raison et à se fier aux instances judiciaires locales. Il les a exhorté encore une fois à la vigilance car après avoir recueilli les témoignages relatifs à l’assaut contre ce village inoffensif, il a été informé de l’implication de certains membres de la communauté, et pas des moindres, dans les carnages qui déstabilisent cette région depuis 2016 et qui ont déjà coûté la vie à une dizaine de victimes. Il les a invités également à dénoncer quiconque serait impliqué dans les faits qui ont entraîné mort d’hommes.
Naturellement, Lambert Mende a appelé les autorités judiciaires sankuroises à mener les enquêtes requises afin de mettre hors d’état de nuire les auteurs des tueries de Nambelo-Lohembe à Lodja et leurs complices. Au nom de la famille du chef Kondema Wamu, ses frères Léopold Omondjo – par ailleurs président territorial de la CCU de Lambert Mende à Lodja – et Gustave Wamu ont tour à tour pris la parole pour exprimer leur reconnaissance pour la compassion dont le député national Mende a fait preuve à leur endroit avant de s’engager à s’impliquer activement dans les efforts pour le rétablissement de la paix dans la contrée ainsi que pour la reconstruction du village de Leemba, détruit à 90 % par les assaillants. Un don symbolique de tôles a été fait par Lambert Mende pour la reconstruction de quelques maisons calcinées dans ce village.
H.O.
SANKURU/LODJA : Mende, le triomphe de l’« impopulaire »
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