L’affaire de l’assassinat odieux du chef de groupement de Lemba (secteur de Nambelo-Lohembe) et de sa fille de 7 ans, le 19 juillet courant n’en finit pas de livrer ses secrets. Selon des informations parvenues au Maximum en marge des obsèques du défunt, le chef Moïse Kondema a fait les frais d’un complot ourdi depuis plusieurs jours par des acteurs politiques locaux plus ou moins proches de la famille. Le crime tournerait, en effet, autour de l’insécurité et de l’impunité entretenues depuis plusieurs mois par des acteurs politiques locaux contre lesquels le jeune chef de groupement, ainsi que certains de ses collègues s’étaient levés. A Lemba, groupement situé à une vingtaine de km de Lodja qui était administré par celui que l’on appelait ici « chef Moïse », l’autorité coutumière suivait tranquillement la finale de la coupe d’Afrique des Nations lorsqu’une horde de brigands emmenés par Omindo alias « Omera » a fait irruption dans son salon et l’a tué d’une salve de chevrotines. Avant d’incendier une vingtaine d’habitations, dont celle où dormait sa fille de 7 ans qui mourra calcinée.
Munitions de chasse
Au Sankuru, une province riveraine de la grande forêt équatoriale, les armes de chasse modernes et de fabrication locale cohabitent allègrement pour l’abattage de gibiers de toutes sortes. En principe. Les voies et canaux d’approvisionnement en munitions, un commerce très lucratif, sont donc connus et passablement maîtrisés par les usagers. Des sources crédibles assurent au Maximum que les fournisseurs des agresseurs comptent parmi les acteurs politiques du secteur de Nambelo-Lohembe, dont un député provincial aperçu livrant au chef milicien Omindo Omera des caisses de munitions de chasse à Bena-Dibele, un port sur la rivière Sankuru à 150 km de Lodja, quelques jours avant la perpétration du crime. L’élu, originaire de Nambelo a effectivement séjourné dans la petite agglomération portuaire durant la même période.
A Lodja, l’affaire de l’assassinat d’une autorité coutumière à fleur d’âge a provoqué une forte émotion. La société civile locale, révoltée par plusieurs autres crimes commis impunément depuis 2016 par Omera Omindo et sa bande, est montée au créneau en organisant une « marche blanche » mardi 22 juillet dernier. On évoque notamment le cas de trois jeunes marchands de viande fumée à Ongondo en 2016, celui de Kitete alias «Vieux», un motocycliste en route pour Wembonyama tué en 2017, du nommé Mbokomuna Papy et de l’agent de police John Bulungu escortant un convoi de transport de fonds de la Raw Bank en 2018 (350.000.000 FC de butin emporté par le groupe) et du jeune chef Moïse en 2019.
Marche blanche
La marche blanche organisée à Lodja mardi dernier a failli tourner au vinaigre lorsque Médard Elonge, l’administrateur du territoire de Lodja, a tenté de défier ses administrés en l’interdisant après l’avoir autorisée la veille. En effet, cet administrateur, que l’on dit proche des présumés commanditaires de l’exécution de Moïse, avait pris acte de la lettre l’informant de la marche blanche lui adressée par le président local de la société civile, Me Benoît Dandja, mais, prétextant des instructions du nouveau gouverneur élu de la province, pourtant non encore investi, il intimera l’ordre de postposer la manifestation funéraire. Les fiers riverains de la Lokenye ne s’en sont pas laissés conter. Ils ont passé outre l’injonction de Elonge au nom de leur «droit légitime de pleurer nos morts». En fait, Médard Elonge réagissait au contenu de la déclaration préparée par les manifestants qui demandaient instamment au président de la République de le remplacer pour cause de «sa complicité avec les assassins et son incapacité avérée à protéger la paisible population de Lodja, la plus grande agglomération du Sankuru ».
Criminel protégé
En effet, ce criminel repris de justice a récemment affiché sa proximité avec l’autorité polico-administrative en se chargeant de la sécurité de cérémonies officielles organisées sous l’égide de l’administrateur sans que ce dernier ne pipe mot. « La société civile de Lodja n’obéit à aucun mot d’ordre politicien. Nous constatons seulement que c’est depuis l’avènement de l’administrateur de territoire Elonge que le réseau criminel de Omindo Omera a prospéré dans notre territoire», lit-on dans une réplique à la mise au point de l’AT de Lodja pour se dédouaner de sa tentative d’obstruction à la marche blanche ainsi qu’à ses menaces à peine voilées contre la société civile locale. « Nous n’attendons rien de cet administrateur complice de ceux qui nous tuent. Nous ne lui avons même pas demandé de démissionner parce qu’il ne semble pas avoir une conscience suffisamment scrupuleuse pour ce faire. C’est à notre président, Son Excellence Félix-Antoine Tshisekedi que nous avons demandé de le remplacer dans les meilleurs délais dans l’intérêt des populations de Lodja. Son empressement à répondre à une requête adressée au magistrat suprême cache en réalité un souci de se mettre à l’abri des conséquences de ses turpitudes», a martelé Me Dandja dans un concert d’applaudissements.
H.O.
CORRESPONDANCE PARTICULIERE