La décision remonte pourtant à trois mois mais semble être passée inaperçue. Par deux courriers successifs signés les 20 mars puis le 20 mai 2019, le 1er ministre sortant, Bruno Tshibala Zenzhe, a transmis au ministre de la Fonction publique, Michel Bongongo, le rapport d’une commission interinstitutionnelle de recours sui generis. Composé des délégués de la présidence, de la primature et des ministères concernés, elle fut chargée en septembre 2009 d’étudier le dossier de la révocation d’agents et cadres de la fonction publique par des ordonnances présidentielles prises en juillet de la même année et en janvier 2010. Avant de conclure, dix ans après, que la dizaine d’agents et cadres révoqués avaient droit à la réintégration pure et simple.
Le 30 mai 2019, Michel Bongongo a transmis l’instruction de la primature aux administrations concernées, enjointes de «prendre les dispositions qui s’imposent pour rendre cette décision effective en faveur des agents … ». Aux principaux intéressés par la décision du 1er ministre, le ministre de la fonction publique écrit : « vous êtes réintégrés au sein de vos administrations respectives, aux grades qui étaient les vôtres avant la prise desdites ordonnances ».
Rien qu’à la DGI, ils se comptent par dizaines dont l’ancien directeur général Kabala et son adjoint, Mwananteba, qui retrouvent leurs emplois dix ans après aux grades de directeur. Mais également Magloire Kabemba Okatsha, le géniteur de la Direction Générale des Recettes de Kinshasa (DGRK), le fisc de la capitale, sur lequel toutes les provinces du pays se sont inspirées pour fiscaliser leurs entités administratives.
Le bras droit du gouverneur sortant de la ville-province de Kinshasa, André Kimbuta Yango, est également connu pour avoir postulé au remplacement de celui qu’on avait surnommé «Haut sommet » le 10 avril 2019, après avoir été élu député provincial dans les rangs du regroupement Tosekwa. Ancien directeur à la DGI, le concepteur de la DGRK avait été révoqué à la suite de la sombre affaire de pré-comptes BIC, une stratégie de recouvrement anticipatif de l’impôt mise sur pied pour renflouer les comptes du trésor.
Selon les informations parvenues au Maximum, la réintégration de ces fonctionnaires est déjà effective, notamment à l’inspection générale des finances (présidence de la République), au ministère du budget, à la DGDA et à la DGRAD. Certaines administrations traînent encore le pas, à l’instar de la DGI dont relèvent Kabala, Mwananteba et Kabemba. Mais l’ordonnance de réintégration réaffecte les intéressés au secrétariat général du ministère des finances, et non pas directement à la DGI, selon les mêmes sources.
JMK