Une usine de la RDC de transformation du cobalt en Tanzanie. Fake News? En tout cas, officiellement, le sujet n’a pas l’objet des négociations entre la délégation de la RDC et de la Tanzanie lors du dernier séjour du Chef de l’Etat au pays de Nyerere.
L’an dernier, lors des assises du SOB, Séminaire d’orientation budgétaire (l’une des étapes préliminaires pour l’élaboration du budget d’Etat), un activiste de la société civile avait sollicité, en vain, des éclaircissements auprès des experts de l’Etat sur l’information publiée, disait-il, par la presse tanzanienne, selon laquelle la RDC envisagerait de construire une unité de transformation de cobalt chez le voisin tanzanien car l’énergie électrique ferait défaut dans l’ex-Katanga pour la réalisation de ce projet at home. Une année après, l’Etat n’a jamais démenti ni confirmé l’information.
A l’officiel, l’on dit que le Chef de l’Etat rd congolais, Félix-Antoine Tshisekedi, sollicite l’appui de la Tanzanie en vue de l’adhésion de la RDC à la communauté des Etats de l’Afrique de l’Est. Tshisekedi table notamment sur un probable développement des rapports économiques avec les Etats EAC.
Quoiqu’il en soit, de l’avis d’observateurs, l’entremetteur choisi par la RDC ne lui a presque jamais porté chance dans de gros deals supranationaux. Il y a encore quelques mois, la Tanzania Revenue Authority (fisc) a unilatéralement mis terme au Single Customs Territory, l’accord relatif à un Territoire Douanier Unique entre les deux pays.
Cette décision, selon le gouvernement tanzanien, a été prise dans le but d’attirer davantage de marchandises vers le port de Dar es-Salaam. L’accord spécial entre la Tanzanie et la Répûblique Démocratique du Congo, signé le 9 juin 2014, stipulait que des produits comme le carburant, l’huile de cuisson, la farine de blé et de maïs et les véhicules automobiles étaient acheminés vers la RDC via la frontière de Tunduma.
Le territoire douanier unique visait à faciliter l’accroissement du commerce dans la région, à réduire le coût des activités commerciales et à éliminer le dumping des marchandises dans les pays de transit pour protéger les industries et les emplois. Hélas, ce n’est plus qu’histoire.
Par ailleurs, la Tanzanie s’est jointe au Kenya, à l’Ouganda et au Rwanda pour le dédouanement des marchandises dans le cadre du territoire douanier unique de la Communauté d’Afrique de l’Est. La RDC et la Tanzanie avaient, en effet, conclu, mi-mars 2014, une série d’accords portant sur le transport multimodal ainsi que sur la réhabilitation et la modernisation par les deux parties des ports tanzaniens de Dar-es-Salaam et de Kigoma.
Près de cinq ans après, le gouvernement de Kinshasa n’a jamais déclaré en quoi consiste son apport dans ce chapelet d’accords. L’on sait cependant jusque dans les années 1970, les deux ports de Dar es-Salaam, sur l’océan indien, et de Kigoma au bord du Tanganyika, en territoire tanzanien étaient des propriétés de l‘État congolais. Il en est de même d’un pan de la voie ferrée tanzanienne.
Il y a plus de 48 ans, le fait remonte à 1971, envieux, soupçonneux, jaloux de l’aura de Mobutu Sese Seko sur le continent, le président tanzanien Julius Nyerere en mal de positionnement sur l’échiquier africain, montait de bric et de broc, bisbilles et anicroches diplomatiques entre le Zaïre et la Tanzanie. Le Tanzanien aurait même machiné l’exclusion du Zaïre de l’OUA (actuellement Union africaine ou UA), car il considérait, selon le professeur internationaliste, Mamba Wa Ngindu, comme meurtrier du nationaliste et panafricain Patrice Emery Lumumba.
Et à brûle-pourpoint, sans négociation au préalable avec Kinshasa, Nyerere décide de nationaliser les installations portuaires de Dar-es-Salaam et de Kigoma, construites avec les fonds de la Gécamines.
La requête de l’ANEP
À la faveur de la normalisation des rapports entre les deux États, [Julius Nyerere, quoiqu’il n’était plus chef de l’État, ayant été invité à visiter la RDC par les autorités de l’Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo (AFDL), l’Association nationale des entreprises du Portefeuille (ANEP), demande officiellement à la Tanzanie de remettre la Gécamines dans ses droits en restituant à l’entreprise congolaise la gestion de ses deux ports de Dar-es-Salaam et Kigoma ainsi qu’un pan de chemin de fer du réseau tanzanien.
Fin 2010, l’Alors ADG ai de la SONAS, Mme Carole Agito, en sa qualité de PCA de l’ANEP réitère la demande lors de la visite, à Kinshasa, du ministre tanzanien de la Coopération avec les Etats membres de la Communauté de l’Afrique de l’Est, Harrison Mwakyembe. Depuis, curieusement, le gouvernement n’a guère porté d’intérêts particuliers à la requête de l’ANEP. Une certaine presse avait accusé, sans preuves irréfragables cependant, l’administration Kabila de faire trop de largesses à la Tanzanie.
L’opinion se rappellera de l’affaire de 30 millions de dollars versés par la RDC à la Tanzanie. Fake News. Attendons voir si les assurances de la Tanzanie envers la RDC ne s’avéraient pas un attrape-nigaud. La Tanzanie se dispute le leadership régional avec le Kenya avec qui Kinshasa, en fait, Fatshi, a opéré un rapprochement dont les tenants et les aboutissements relèvent encore du secret d’Etat. Attendons voir.
POLD LEVI MAWEJA