Promiss-Dev, qu’est-ce ? Beaucoup au sein de la classe politique, même des députés et sénateurs, n’en savent pas grand’chose. D’aucuns penseraient à une ONG créée dans la mouvance du nouvel ordre politique.
Promiss-Dev, Projet de mise en place du système de suivi des stratégies de développement dans les territoires de la RDC, est pourtant opérationnel depuis pratiquement 5 ans. PricewaterCooperHouse va mener un audit financier pour les exercices 2015 et 2016 au cours desquels le projet aurait englouti d’énormes sommes d’argent sans réalisations palpables.
Le cabinet international disposera, pour ce faire, de 17.131.56 USD. Initié par l’alors premier ministre, Matata Ponyo, mi-2015, le projet est exécuté par une structure que l’on doit au même Matata, la Cellule d’analyses des indicateurs de développement (CAID) créée par décret du premier ministre n°15/011 du 8 juin 2015.
La Cellule est officiellement rattachée à la primature même si elle est quasiment en veilleuse depuis le départ de Matata. «La Cellule d’Analyses des Indicateurs de Développement répond à la nécessité d’une meilleure prise en charge des données relatives à la croissance et au développement humain dans tous les secteurs économiques et sociaux au niveau des territoires.
Cette plateforme de production des indicateurs de développement est une initiative novatrice du gouvernement congolais, dans sa volonté de se prendre en charge en matière d’élaboration, de suivi et évaluation des stratégies de développement à la base », explique-t-on sur un dépliant consacré à la CAID. Lors de sa mise en place, certains experts redoutaient un téléscopage avec le ministère du Plan ou l’Institut national de la Statistique (INS). Matata justifiait l’initiative ainsi que son appendice, le Promiss-Dev, par «la mauvaise qualité des statistiques et des indicateurs de base ne permettant pas d’évaluer l’impact des programmes de développement sur les conditions de vie de la population en général, la carence des indicateurs de développement, surtout ceux saisis au niveau des entités décentralisées».
Promisss-Dev vise notamment à améliorer le processus d’aide à la décision et à la formulation des politiques et des stratégies de développement par des données pertinentes, des informations réelles captées à la base, à assurer le suivi et l’évaluation des projets du gouvernement à travers le pays et à renforcer les capacités des territoires dans l’élaboration et l’expression des besoins à intégrer dans les stratégies et actions de développement. Il s’intéresse essentiellement aux secteurs socio-économiques de base ci-après : la santé, l’éducation, l’agriculture, la pêche, l’élevage, l’économie, l’industrie, les infrastructures de transports, l’énergie et le développement rural.
Le projet a produit une documentation sur les 145 territoires et les 33 villes que compte la RDC. Mais en réalité, foi d’analystes, CAID n’aurait réalisé qu’une compilation d’ouvrages déjà parus sur la RDC. Et, il appert que la structure n’a été qu’un mastodonte budgétivore. Elle est, en effet, composée au niveau central de 12 membres présentés comme experts dans divers domaines (statistiques, développement, administration de base de données, web, cartographie, administration et finances…) et au niveau de chaque territoire d’un expert en développement.
Et dans la mise en œuvre du projet PromissDev, il y a 3 composantes, notamment celle chargée de la collecte des données à travers les 145 territoires de la RDC. En pratique, 145 experts basés au niveau des territoires en raison d’un expert par territoire. Ces experts récoltent des données auprès de personnes ressources dans chaque secteur, la collecte et la transmission des informations se faisant à un rythme mensuel, mais selon le type d’indicateur que les experts peuvent communiquer.
Il y a ensuite, la composante en charge de la gestion des données via le réseau de téléphonie mobile et Internet vers le serveur de la CAID où les données transmises sont traitées et diffusées à travers un portail Internet auxquels sont censés avoir accès tous les décideurs et acteurs impliqués dans la mise en œuvre des programmes de développement.
Il s’agit de la présidence de la République, de la primature et de différents ministères dont l’Enseignement Primaire et secondaire, l’Enseignement Supérieur et Universitaire, les Finances, l’Economie, les Infrastructures, la Santé, l’Agriculture, Pêche et Elevage, l’Energie, le Développement rural, etc.
Enfin la composante en charge de la diffusion des données via le site internet de la Cellule, portail d’accès libre.
En outre, des rapports sous formes de tableaux, graphiques, tendances et cartes qui renseignent sur le niveau général de développement seraient régulièrement soumis aux décideurs (gouvernement central, gouvernements provinciaux….) pour leur permettre de formuler des stratégies de développement sur base des évidences.
Promiss-Dev est financé par divers organismes étatiques et internationaux. Il s’agit notamment de la Banque centrale du Congo (BCC), du Fonds des Nations Unies pour l’Enfance (UNICEF), de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), du Pro- gramme alimentaire mondial (PAM), de la Fédération des entreprises du Congo (FEC), du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) ainsi que de l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID).
POLD LEVI