Deux semaines après sa confirmation aux fonctions de Nonce Apostolique, et donc ambassadeur du Vatican en RD Congo, Mgr Ettore Balestrero a dénoncé sans équivoque les errements et les hérésies des princes de l’église catholique de la RD Congo. A la faveur de la semaine théologique axée sur le thème «Religion et politique : la vision de l’église catholique », organisé à l’Université Catholique du Congo (UCC), le représentant du Pape François n’y est pas allé par quatre chemins pour indiquer que les voies empruntées par ses collègues du pays de Patrice-Emery Lumumba s’écartaient de la vision de Rome. « Je pense que les conférences épiscopales ont un rôle particulier en donnant la possibilité à l’Eglise de parler d’une seule voix pour le bien du pays. Il est nécessaire d’avoir l’équilibre. Souvent, c’est un équilibre déséquilibré. La mission centrale de l’Eglise et de la conférence épiscopale, c’est le salut des âmes », a notamment soutenu le nouveau Nonce Apostolique. Mettant ainsi un accent réprobateur sur la propension des évêques de l’église catholique de la RD Congo à reléguer à l’arrière-plan de leurs préoccupations les questions liées au salut des âmes des brebis à leurs charges pastorales. Au profit de préoccupations politiciennes et de pouvoir politique qui divisent des fidèles obligés de choisir entre les bons et les mauvais politiciens. Connu et apprécié pour son franc parler et sa facilité de contacts, Mgr Ettore Balestero aura fait l’économie du langage de bois sacré dans les travées des allées du Vatican. « Il y a aussi une activité politique des évêques, mais cela ne peut être la majeure partie de leur activité. L’Eglise s’occupe de l’homme et elle prend des positions pour défendre l’homme dans la société, mais l’Eglise n’est pas là pour faire de la politique. L’Eglise existe pour le salut des âmes. Nous devons respecter cet équilibre », a-t-il encore expliqué aux participants au séminaire théologique de l’UCC, rappelant que « l’évangélisation était une urgence », autant que les urgences derrière lesquelles s’abritent certains princes de l’église catholique pour s’installer dans la politique politicienne.
Le Saint-Siège désapprouve
Manifestement, le Saint-Siège n’approuve donc pas l’engagement politique, trop excessif, de ses représentants en RD Congo qui s’opposent systématiquement au verdict des urnes d’élections présidentielles depuis 2006. Et se sont mués en apôtres d’une des « vérité des urnes », la leur, au détriment la vérité officielle et légale de la présidentielle de décembre 2018. Plusieurs mois auparavant, un groupe de princes de l’église catholique de la RD Congo emmené par le Cardinal à la retraite Laurent Monsengwo Pasinya, avait poussé l’engagement politicien jusqu’à prêcher le dégagement des médiocres, prêtant ostensiblement les installations cultuelles catholiques aux acteurs politiques de l’opposition au pouvoir en place et à leurs hordes de casseurs. En même temps qu’elle organisait des manifestations insurrectionnelles qui ont occasionné mort d’hommes parmi les manifestants et les forces de l’ordre.
Le Vatican n’a pas approuvé, c’est évident depuis l’intervention du nouveau représentant du Pape François en RD Congo. Mais ce fut déjà l’expression de la désapprobation papale que ce rappel sine die du prédécesseur de Mgr Ettore Balestrero, Mgr Luis Mariano Montemayor, en février 2018. Et sans doute aussi, l’acceptation le 1er juillet 2018 de la démission du Cardinal Laurent Monsengwo, 79 ans, qui traînait dans les tiroirs du Vatican depuis 2015. L’ancien archevêque métropolitain de Kinshasa est connu pour être le tête-de-pont de la contestation et de l’opposition à tout pouvoir politique animé par les ressortissants de l’Est du territoire de la RD Congo. Autant que de la division désormais impossible à dissimuler des princes de l’église catholique rd congolaise en deux ou trois camps opposés, selon qu’ils sont favorables à un chef d’Etat originaire de l’Est, du Centre ou de l’Ouest.
Folklore politico-clérical
Au pays de Patrice-Emery Lumumba et de Mzee Laurent-Désiré Kabila, la foi catholique a littéralement tourné au folklore politico-clérical lorsque ulcérés par la mauvaise foi manifeste de leurs collègues, des évêques du centre du pays réunis à Kananga ont opté pour le soutien au président de la République proclamé élu par la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI) et confirmé par la Cour constitutionnelle, le 27 janvier 2019. «Nous bénissons Dieu pour notre nouveau président de la République », soutenaient l’archevêque Marcel Madila (du Kananga), les évêques Nicolas Djomo (de Tshumbe), Emmanuel-Bernard Kasanda (de Mbuji-Mayi), Pierre-Célestin Tshitoko Mamba (de Lwebo), Félicien Mwanamba (de Luiza), Emery Kibal (de Kole), Oscar Nkolo (de Mweka) et l’administrateur de Kabinda, Richard Kitengie, à l’issue d’une session extraordinaire de leur assemblée régionale clôturée le 26 janvier à Kananga. Alors qu’une partie de prélats emmenés par le Cardinal Monsengwo, Mgr Marcel Uthembi et Mgr Fridolin Ambongo couraient encore derrière la vérité des urnes qui consacre la victoire d’un ressortissant de l’Ouest, Martin Fayulu, à la même présidentielle. C’en était sans doute trop pour le Vatican et le Pape François. Mgr Ettore Balestrero s’est chargé de le clamer tout haut lundi 13 mai 2019 à Kinshasa.
J.N.