L’Etat a sollicité l’expertise de la firme suisse Finactu pour créer les conditions de soutien financier aux entreprises congolaises grâce aux fonds propres ou levés sur les marchés financiers. Mais les institutions financières non bancaires ciblées, le Fonds de promotion de l’industrie (FPI) et la Société financière de développement, SOFIDE, ne sont ni réformées ni recapitalisées.
Le FPI a réduit de 56% ses prévisions des recettes 2019 par rapport à 2018, soit 70.599.285,306 FC (40.393.230 USD) contre 159.350.052,879 FC (110 millions USD). Et, à défaut de se faire rembourser par ses mauvais débiteurs, essentiellement des acteurs politiques, le FPI mène une campagne de recouvrement de ses taxes parafiscales auprès des PMI et grandes entreprises. Mais la Fédération des entreprises du Congo (FEC) s’oppose à ce que le Fonds collecte ses ressources dans le secteur minier.
Le président de la République a enjoint le FPI d’affecter près de 66 millions USD à la réhabilitation du port de Kalemie. Le cabinet international Suisse Finactu a également été sélectionné pour mener une analyse sur la mutation du FPI en banque d’investissement et de garantie publique en RDC. Selon le Bureau central de coordination des projets (BCECO) qui a négocié ce contrat au nom de l’Etat, le gouvernement devait payer à Finactu Suisse, quelque 861.763.699.06 FC, environ 540.000 USD, pour cette étude à court terme. Cela fait une année déjà.
Quant à la Société de financement et de Développement (Sofide), elle aurait dû être recapitalisée dans le cadre des 28 mesures urgentes prises en janvier 2016 par le gouvernement. Trois ans après, la Sofide n’a toujours qu’un budget d’airain pour son personnel, juste 299.800.000 FC, soit 171.530 USD. Elle se targue pourtant, dans ses différents documents, de disposer d’un capital de 64 millions USD et d’être à mesure de financer toute sorte de projets miniers, agricoles et des PME.
Conformément à son objet social, la Sofide tient à renforcer les capacités de gestion de très petites, petites et moyennes entreprises, faciliter leur accès aux crédits et aux marchés, les appuyer à augmenter la production et la commercialisation de leurs produits et augmenter leurs revenus. Sont exclues cependant de ses financements, les opérations à caractère exclusivement foncier, d’habitat ou de rachat d’immeubles.
Mais des experts estiment que la Sofide n’a plus les moyens de ses ambitions et n’afficherait plus qu’une gloriole d’antan, celle des années ‘70-80, quand elle disposait notamment d’actifs immobiliers. La Sofide, quoique autorisée à recevoir les dépôts à terme, n’a jamais recouru à ce type de ressources depuis sa création. Elle a plutôt privilégié la mobilisation des emprunts en devises extérieures. Ce qui n’est guère facile en ces moments où la RDC, toujours sans programme avec le FMI, n’offre pas des garanties nécessaires.
La Sofide a été réactivée par le gouvernement vers 2010 en vue de reprendre les missions du BCECO, alors voué à la dissolution. Mais le gouvernement Matata avait estimé que cette dernière structure constituait un réservoir d’expertises dont l’Etat avait encore besoin. Août 2016, l’alors ministre de l’Economie nationale, Modeste Bahati, avait présidé une réunion d’experts des ministères des Finances, du Budget, de l’Industrie ainsi que de la Banque centrale du Congo et de la FEC, pour mûrir la réflexion sur la transformation du FPI en une banque d’investissements industriels, mais aussi sur la recapitalisation de la Caisse d’épargne du Congo (CADECO) et de la Sofide et la création de banques spécialisées (banque agricole, banque de crédit immobilier, banque de développement des PME/PMI, et Fonds national d’investissement). Depuis, aucune mutation notable n’a été observée dans ce sens.
Toutefois, concernant le FPI, le cabinet international Finactu Suisse a été sélectionné par le gouvernement pour mener une analyse effective sur sa mutation en banque d’investissement et de garantie publique en RDC. Le gouvernement, il sied de le rappeler, mettait ainsi en œuvre, de manière effective, des recommandations issues du Forum national sur la réforme du système fiscal dont certaines figurent dans le projet de loi de finances 2018 ainsi que la transformation du Fonds de promotion de l’industrie en banque de développement en vue de financer les investissements. On note à cet égard que le marché convenu entre le BCECO et Finactu Suisse ne fait nulle part allusion au FPI.
Même si le directeur général du FPI, Patrice Kitebi, ancien ministre délégué aux Finances dans le premier cabinet Matata, a laissé entendre récemment que la transformation du FPI en banque d’investissement était irréversible.
Encore que certains experts estiment que la démarche du gouvernement devrait être mieux affinée.
POLD LEVI MAWEJA