Callipyge, avoir des chutes de reins prononcées fait de nouveau tendance dans la gent féminine à Kinshasa. Et des charlatans s’improvisent dans la médecine esthétique, à coups de pub, pour lesquels le CSAC (Conseil Supérieur de l’Audiovisuel et de la Communication) et la Commission nationale de la censure se contentent plutôt de s’entre-arracher les droits de diffusion au lieu d’en scruter le contenu.
Il y a quelque temps, la capitale de la RD Congo était envahie par une quasi inflation des « cliniques de beauté chinoise », qui consistaient essentiellement à rendre les yeux des jeunes filles bridés. Une dame qui s’était autoproclamée à la fois prophétesse et « docteur » en médecine esthétique a, elle, ciblé le phallus, dont elle prétendait pouvoir élargir la taille. Des médicaments, des suppléments alimentaires, des opérations chirurgicales ont été appliqués, tels à des cobayes, à des personnes qui ignoraient tout de leurs compositions, effets secondaires ou probables ratés. Régulièrement, une chaîne télé de la place, avide de sensationnel, rapporte images à l’appui, des cas de femmes dont la beauté esthétique recherchée a plutôt tourné au cauchemar : poitrine largement gavé et et seins en berne, postérieurs déformés, démarche dégingandée, vue réduite, stérilité, fortes douleurs musculaires…
Pourtant lors du dernier lors du dernier Congrès national de la chirurgie plastique sous le thème « Chirurgie plastique d’ici et chirurgie plastique d’ailleurs », la faculté de médecine de l’Université de Kinshasa (UNIKIN) et l’Ordre des médecins ont sollicité de l’Etat des mesures efficaces pour mettre un terme au charlatanisme dans le secteur et à la ruée des aventuriers chinois. Hélas, rien n’est venu.
A travers la libéralisation des assurances, l’Etat semble, cette fois, avoir pris des mesures pécuniaires dissuasives, voilà 18 mois. Les victimes des ratés de la médecine esthétique le savent-ils ? En RDC, pour le commun de mortel, les assurances ne concernent que les véhicules terrestres. Et rien n’indique que toutes les officines qui s’essaient dans la manipulation du corps humain à des fins esthétiques ont souscrit à l’assurance santé.
Pourtant l’Autorité de régulation et de contrôle des assurances, ARCA, a déjà fixé le barème d’indemnisation de la souffrance physique et du préjudice esthétique… séparément. D’abord, il revient à un médecin de déterminer s’il y a bel et bien eu lieu un préjudice esthétique accompagné ou non d’une souffrance physique. Intervient ensuite l’ Autorité de régulation et de contrôle des assurances qui établit le montant des indemnisations selon le barème exprimé en pourcentage du SMIG annuel.
Depuis le 1er janvier 2018, le Salaire Minimum Interprofessionnel Garanti (SMIG) en République Démocratique du Congo est de 7.075 FC. Ce qui équivalait, il y a 18 mois à 5 dollars. Ce SMIG était censé s’appliquer en quatre paliers tous les 6 mois, à raison de 25 % par palier, en l’occurrence, dans le secteur agro-industriel et pastoral. Le ministre d’Etat à l’Emploi, Travail et Prévoyance sociale, Lambert Matuku Memas, a, d’ailleurs, assuré que le gouvernement s’est engagé à mettre tout en œuvre pour faciliter l’accès aux mesures d’accompagnement pour une application efficace et efficiente du SMIG. Le ministre d’Etat, a au nom du gouvernement, pris l’engagement de mettre tous les moyens disponibles à la disposition de la commission nationale tripartite chargée du suivi et de l’application du SMIG.
Ainsi sur proposition du ministre des Finances, Henri Yav Mulang, l’ARCA établit des indemnisations des préjudices esthétiques comme suit : lorsque le médecin estime le dommage «très léger », la valeur des indemnisations est de 5% du SMIG annuel, soit 90 dollars. Lorsque les préjudices causés sont jugés «légers » par un médecin spécialiste, les indemnisations équivalent à 10% du SMIG annuel, soit environ 200 dollars. Les indemnisations pour des préjudices jugés « modérés » équivalent à 20 % du SMIG annuel. Elles grimpent à 40 % lorsque le médecin établit que les dommages sont plutôt «moyens », puis à 60 % du SMIG annuel lorsque les dégâts causés sont « assez importants » et 100 % du SMIG lorsque les torts sont qualifiés « d’importants ».
En numéraires, les indemnisations oscillent autour de 2.000 dollars alors que pour les dégâts dits «très importants », la barre de 2.500 dollars sera franchie. L’Autorité de régulation et de contrôle des assurances et le ministère des Finances ont même introduit un niveau plus élevé des dommages dits « exceptionnels » avec des indemnisations représentant 300 % du SMIG annuel, donc au-delà de 5.000 dollars. Il sied de noter que ces indemnisations peuvent passer du simple au double lorsque le médecin atteste que les préjudices esthétiques sont accompagnés des douleurs physiques.
POLD LEVI