Rien ne semble en mesure de consoler les cannibales de l’impérialisme occidental tapis à Bruxelles, Paris, Washington, de l’échec de leurs visées politiques et économiques sur la RD Congo. Même pas l’élection fin décembre dernier d’un acteur politique de l’opposition radicale à la tête du pays qu’ils faisaient pourtant semblant de réclamer à cor et à cris. Manifestement, ces donneurs auto-proclamés de leçons de démocratie et des droits humains se hérissent à toute idée d’une gestion concertée des affaires par l’ancienne opposition radicale et l’ancienne majorité au pouvoir au pays de Lumumba. Cet «arrangement à l’africaine» dénoncé par un ministre français dès le lendemain de la proclamation des résultats de la présidentielle le 11 janvier dernier, auquel ces ‘‘propriétaires’’ de l’Afrique noire préfèrent sans doute un arrangement « à l’occidental ».
Lamuka, la plateforme électorale mise sur pied à la hâte par leurs hommes d’influence en novembre 2018 pour tenter de courcircuiter la volonté des populations rd congolaises ne déroge pas d’un iota à cette logique de replacement de l’ex-colonie belge sous tutelle occidentale. Réunis le week-end dernier à Bruxelles, les 6 leaders politiques qui la président désormais l’ont reconverti en plateforme politique sans renoncer au dessein d’accaparer le pouvoir d’Etat dans ce qui est encore perçu outre-méditerranée comme un no man’s land par tous les moyens, y compris l’insurrection populaire quel qu’en soit le prix.
C’est ce que révèle la convention signée le 27 avril 2019 entre Jean-Pierre Bemba, Moïse Katumbi, Antipas Mbusa Nyamwisi, Adolphe Muzito, Martin Fayulu et Freddy Matungulu. Mais également la poursuite de la stratégie insurrectionnelle confiée à Martin Fayulu sous le prétexte d’une ‘‘vérité des urnes’’ à laquelle personne ne croit plus, à part quelques prélats catholiques emmenés par le duo Monsengwo-Ambongo.
Le mot d’ordre de Genève
Pas de grâce donc pour Félix-Antoine Tshilombo Tshisekedi, le président élu aux termes de la présidentielle du 30 décembre 2018, qui avait déjà été ‘‘éliminé’’ par les faiseurs de rois de la course dans le cadre de la candidature unique de l’opposition à Genève en novembre dernier. Six mois après le conclave financé à grand renfort de dollars US par des multinationales hostiles, notamment, au code minier entré en vigueur quelques mois plus tôt en RD Congo, le mot d’ordre de mise hors d’état de nuire aux intérêts occidentaux de l’héritier d’Etienne Tshisekedi reste inchangé : il faut le combattre même en faisant semblant du contraire.
Le texte des 6 leaders de Lamuka signé ‘at home’ à Bruxelles ne s’en cache pas du reste: «La plateforme Lamuka se donne pour objectif fondamental de travailler conjointement et solidairement, dans un esprit démocratique et dans la transparence, en vue d’obtenir l’unité dynamique de ses membres dans les actions politiques afin de conquérir le pouvoir en République Démocratique du Congo» énonce l’article 2 de cette convention. Qui précise les axes principaux du programme politique du groupe des 6 : « (i) la défense de la constitution, spécialement dans ses articles intangibles; (ii) la mobilisation du peuple pour une alternance démocratique et politique, reflétant la vérité du choix des électeurs ; (iii) la promotion d’un Etat de droit et d’une meilleure gestion de la chose publique; (iv) l’éradication des antivaleurs ».
Déclaration de guerre
Rien de neuf sous les tropiques donc. C’est bien d’une déclaration de guerre contre le nouveau pouvoir en place en RD Congo qu’a accouché la réunion des leaders Lamuka à Bruxelles, quoique prétendent certains de leurs affidés à Kinshasa et à Lubumbashi, qui n’osent déclarer la guerre anti-Fatshi tout haut dans un contexte d’état de grâce favorable au chef de l’UDPS/T. Des membres d’une organisation politique ne se mettent pas ensemble pour conquérir un pouvoir qu’ils détiennent. Lamuka ne se retrouve clairement pas dans le pouvoir conquis par l’UDPS/T et Félix Tshisekedi en décembre dernier et met en œuvre des stratégies de sa défenestration. Notamment, la fameuse «mobilisation du peuple pour une alternance démocratique et politique, reflétant la vérité du choix des électeurs» évoqué à l’alinéa 2 de l’article 2 susmentionné. Elle est de nature insurrectionnelle, ainsi qu’on l’a vécu dimanche 28 avril 2019 au retour à Kinshasa du candidat malheureux de la coalition à la présidentielle 2018.
Soldat des multinationales
Durant près de 5 heures, dimanche dernier, Fayulu a réussi l’exploit « démocratique » de perturber le cours normal des activités sur le tronçon menant de l’aéroport de Ndjili au lieu prévu pour son meeting autorisé par l’Hôtel de Ville, Place Ste Thérèse dans la commune de Ndjili. Le long du parcours, des jeunes délinquants chauffés à blanc ont déversé toute la haine dont ils furent capables contre ‘‘les baluba’’, la tribu du nouveau président de la République. Avant que le leader Lamuka n’enfonce littéralement le clou, au cours de son speech, exigeant la démission de ce dernier, entre autres. L’alternance démocratique visée par Bemba, Katumbi et cie n’attendra vraisemblablement pas les 5 ans de mandat présidentiel obtenu par Félix Tshisekedi des électeurs de la RD Congo, dans la mesure où tout semble fait pour que le peuple (la partie qui adhère aux vociférations de Fayulu), demeure mobilisé dans un mouvement de réclamation de la vérité de « ses choix». Et comme en cette matière de choix populaires, beaucoup si non plus que les fayulistes selon les résultats de la CENI, peuvent se réclamer de Félix Tshiseledi, c’est le terrain d’affrontements interethniques de tous genres qui est ainsi ouvertement préparé, estiment nombre d’observateurs.
Désigné coordonnateur de presidium de Lamuka pour les trois prochains mois, Moïse Katumbi est ainsi chargé d’entretenir la gué-guerre contre les institutions de la République, dont le président. Rien de plus ou de moins. L’ancien gouverneur du Katanga, connu pour ses accointances particulières avec la haute finance minière mondiale a les moyens et est sommé d’«organiser une activité de grande ampleur ayant un impact au niveau national et international», conformément à l’article 10 de la convention du 27 avril. «Il ne s’agira sûrement pas d’une activité de soutien au programme d’urgence de Félix», ironise un diplomate africain interrogé par Le Maximum le week-end dernier. La guerre Katumbi-Fatshi ne fait que commencer. C’est une affaire de quelques semaines, tout au plus de quelques mois. Wait and see.
J.N.