Ce 1er mai, un discours du ministre sortant en charge de l’Emploi, Travail et prévoyance sociale, Lambert Matuku Memas, sera diffusé à la télévision nationale. Sauf imprévu.
Elles ont soulevé une vive désapprobation, jusque dans les milieux du patronat, les dernières statistiques de création d’emplois en RD Congo, rendues publiques en 2016 par le ministère de l’Emploi, Travail et Prévoyance sociale et l’ONEM, Office national de l’emploi. Depuis plus rien n’a été à la connaissance de l’opinion.
L’on sait toutefois, que quelque 110.985 unités de plus devraient, en effet, être prises en compte dans l’enveloppe de rémunération de l’administration publique en 2019. In globo, les prévisions des dépenses de personnel se chiffrent donc à 3.689,93 milliards de FC pour des effectifs de 1.310.404 agents et travailleurs. Outre l’existant projeté à fin 2018 de l’ordre de 2.831,5 milliards de FC, l’enveloppe de rémunération prend notamment en compte l’impact du cinquième du premier palier du barème convenu entre le gouvernement et l’intersyndicale de l’administration publique (INAP) d’un import de 286,5 milliards de FC. Elle intègre aussi l’impact des grilles barémiques approuvées en faveur de différents services et corporations socioprofessionnelles en 2018 pour une enveloppe de 21,3 milliards de FC ainsi que d’autres actions sectorielles de la politique salariale envisagées en 2019 (ESU, Agriculture, Pouvoir Judiciaire, Nul doute, le ministre ne dira aucun mot sur le taux de chômage ou encore le nombre d’emplois que l’Etat compte créer en 2019. …) pour 349,7 milliards de FC. Le recrutement et le dégagement au sein de la Police et de l’Armée pour une enveloppe globale de 61,5 milliards de FC ainsi que la mécanisation des nouvelles unités à l’EPSP et à la Santé publique pour 14,9 milliards de FC sont également incorporés dans le budget de rémunération 2019 de l’administration publique.
Mais les décaissements ne se feraient pas comme prévu : lundi 29 avril 2019, un groupe de médecins dont les noms n’ont pas été repris sur la liste des primes ont bruyamment exprimé leur mécontentement. Le 30 avril, certains syndicats du secteur EPSP envisagent de battre le pavé pour réclamer un addendum de 75.000 FC promis par le gouvernement. Toutefois, selon le Syeco, un syndicat qui défend les intérêts des enseignants, la Rawbank aurait déjà reçu une avance de 25.000 FC pour ajouter au salaire de chaque enseignant dont la banque assure la paie.
L’Etat demeure à ce jour le principal employeur en RD Congo. Alors que l’initiative devrait plutôt revenir aux privés. Hélas, toutes les lois promulguées à ce jour pour créer la croissance et favoriser l’emploi piétinent dans leur application. Il s’agit notamment de la loi sur la sous-traitance, la réduction de taux d’imposition notamment de l’IBP et de l’IPR.
Selon l’Organisation Internationale du Travail (OIT), plus de 65 % de la population a moins de 25 ans et la tranche d’âge des 15-24 ans représente près de 20 % de la population nationale congolaise… La pression qu’exerce la croissance du nombre de jeunes au chômage est intenable pour le gouvernement congolais parce qu’elle présente des risques pour la paix sociale, conclut l’Organisation Internationale du Travail (OIT).
Des observateurs notent également que les gros des jeunes qui font le plein des manifestations politiques sont essentiellement des sans-emplois et des déçus du système socio-économique au pays. Et la Banque Africaine de Développement déplorait qu’en RD Congo, «il arrive fréquemment que des jeunes diplômés deviennent vendeurs, cambistes», receveurs, tenanciers d’une cabine téléphonique, gardes,… faute de possibilités d’embauche.
Le manque de travail et l’absence de structures efficaces dans ce secteur poussent aussi de nombreux jeunes vers la délinquance. Commentant le Document stratégique de la réduction de la pauvreté de la deuxième génération, DSCRP2.
La Banque Mondiale a estimé que la RD Congo atteindrait les objectifs qu’elle s’est assignée si elle créait 2 à 4 millions d’emplois chaque année pour absorber les nouveaux arrivants sur le marché du travail et réduire la pauvreté. Hélas, la croissance vertigineuse de l’économie informelle qui, pour l’ensemble du pays, emploie près de 80 % de la population active, n’a pas permis de résorber le chômage des jeunes et/ou des femmes.
JEAN-MICHEL MAPELA
CHOMAGE EN RD CONGO : Les jeunes, cette menace sur la paix sociale
