On savait le président de la République fervent chrétien et adepte d’une église de réveil de Kinshasa. Félix Tshisekedi a surpris l’opinion rd congolaise en général et kinoise en particulier en accordant sa préférence à l’église catholique à l’occasion de la célébration de la fête de Pâques, dimanche 21 avril 2019. C’est donc à la cathédrale Notre Dame du Congo que ce neveu d’un évêque catholique à la retraite est allé célébrer la résurrection de Jésus-Christ en compagnie de fidèles au cours d’une messe dite par le Cardinal Laurent Monsengwo, l’ancien archevêque de la capitale.
Le président de la République est venu rendre une action de grâce, la première depuis son avènement au pouvoir, a expliqué l’archevêque à la retraite aux participants, quelques instants après avoir accueilli l’hôte de marque sur le perron de la cathédrale. Il a également exprimé le vœu de voir le mandat du nouveau président de la République être bénéfique pour le peuple de Dieu.
Au-delà de ces obligations protocolaires, le message pascal de l’archevêché de Kinshasa fut pour le moins pessimiste, appelant à la mobilisation contre le nouveau président de la République. Dans une lettre pastorale signée de Mgr Fridolin Ambongo, l’archevêque de Kinshasa, l’espoir née de la résurrection du Christ-Sauveur de l’humanité est quasiment phagocytée, et transformée en désespoir. «Le désespoir gagne de plus en plus les cœurs des congolaises et des congolais. Les récents événements politiques n’ont pas beaucoup réalisé les rêves de notre peuple », a écrit le prélat dans cette lettre à lire dans toutes les paroisses de l’archidiocèse.
Fridolin Ambongo faisait allusion aux résultats électoraux, particulièrement ceux de la présidentielle du 29 décembre 2018, qui ont porté Félix Tshisekedi au pouvoir au détriment de Martin Fayulu Madidi, le candidat malheureux porté à bouts des bras par une partie des princes de l’église catholique romaine. «Les espoirs de tout un peuple ont été brisés et sacrifies à l’autel des intérêts aux calculs des intérêts égoïstes de quelques personnes, créant ainsi frustration et découragement », lit-on encore sur cette lettre pastorale très politique. «Ne vous découragez pas. Surtout, ne placez pas votre espérance sur un être. Confiez-vous à Dieu qui, seul, peut dérouler la pierre qui ferme votre avenir. Que chacune et chacun de vous abandonne son cœur de pierre pour devenir sensible aux misères des autres… Ne laissez pas la haine, le tribalisme, la corruption ainsi que ses effets, la division et autres antivaleurs gagner vos cœurs. », poursuit l’archevêque kinois.
A Kinshasa, ni la très symbolique fête de la résurrection du Christ, ni le geste de courtoisie du président de la République qui a honoré les catholiques en participant au culte pascal en la cathédrale Notre Dame du Congo n’ébranlent la détestation dont Félix Tshisekedi a hérité en accédant à la magistrature suprême dans son pays.
J.N.