Le ministère du Plan dispose dans son arsenal parafiscal, d’une taxe sur la distribution de l’aide alimentaire. Pour l’exercice 2019, la taxe devrait rapporter au bas mot, 35 520 389 FC, environ 20.315 USD.
D’emblée, toute conscience se révolterait de voir taxée l’aide alimentaire dans un pays qui en a tant besoin, particulièrement, dans les zones instables. En réalité, ce n’est que du menu fretin ce que l’Etat récupère sur les fonds versés aux humanitaires au nom de la RDC. Et nombre d’ONG locales et internationales mériteraient d’ailleurs des poursuites pour escroquerie! Partenaires et donateurs internationaux dont des Etats ont, en effet, créé en 2006 le Fonds humanitaire RDC en vue d’améliorer la réponse humanitaire, renforcer le leadership de la coordination humanitaire et participer à la mise en œuvre du Plan humanitaire de la RDC.
Entre 2006 et 2016, le Fonds a perçu 968 millions USD et reconnait n’en avoir utilisé que 950 millions. Si le gap de 18 millions peut trouver une justification de bric et de broc, il sied toutefois de rappeler qu’en 2013, des ONG locales avaient haussé le ton face aux chinoiseries administratives imposées par des financiers humanitaires en vue d’obtenir le moindre financement. «Dossiers qui ne répondent toujours pas aux normes fixées par les bailleurs, mauvaise gestion, etc», des griefs soulevés par des ONG internationales et des organisations du système des Nations Unies sont rejetés par des locaux car il appert bien que l’on se trouve devant un scénario du « voleur qui crie au voleur».
Dans le Kasaï, ce n’est pas un scoop du Maximum, des femmes ont été contraintes de s’offrir à leurs ‘‘bienfaiteurs’’ pour un pot de maïs.
Conséquence indirecte de menées terroristes des miliciens Kamwina Nsapu, réfugiés et déplacés internes se comptent par milliers et ne dépendent essentiellement que de l’aide humanitaire. Partenaires de l’UNICEF et de l’UNDP, l’ONG Solidarité internationale dit avoir notamment versé du cash à des victimes du conflit Kamwina Nsapu sans jamais avancer le moindre chiffre si ce n’est que son budget est de 9,35 millions d’euros et qu’elle consacre 92,1% de ce budget aux populations.
Dans son rapport, « Unicef SOS Enfants/Kasaï : les enfants premières victime de la crise », l’Unicef donne tout en chiffres, déplacés, réfugiés, surtout des enfants, centres de santé et écoles détruits…sauf les dépenses.
A l’Est, à Goma, chef-lieu du Nord Kivu, des enseignes d’ONG semblent s’enchevêtrer à perte de vue, de devantures aux flottilles des véhicules qui circulent sur la chaussée. L’on serait tenté de se convaincre que ce pan du pays est passé sous contrôle des humanitaires. Non sans raison.
D’ailleurs le ministère de la Justice a largement revu à la hausse ses prévisions des recettes sur les droits d’enregistrement d’une association sans but lucratif par rapport à 2018, à plus de 40 millions de FC, soit plus de 26 mille USD ; ainsi que celles de droits relatifs au fonctionnement d’une association sans but lucratif, à 160 173 750 FC.
Mais sur terrain, la main qui donne n’est pas seulement au-dessus de celle qui reçoit. Elle s’acharne, par des trafics d’influence, à régenter tout projet alors qu’une logique humanitaire voudrait que les bénéficiaires d’un projet en reprennent la gestion au bout du tunnel. A Goma, une ONG internationale américaine, Mercy Corps, s’acharne à reprendre la gestion des bornes fontaines à une ONG locale, Yme Grands Lacs. Après avoir construit 25 bornes fontaines et réhabilité deux autres grâce au financement de l’USAID, la DFID (Coopération britannique) et l’UE, Mercy Corps en a laissé la gestion à l’ONG locale précitée. Fin 2017, Yme Grands lacs qui vend, en effet, de l’eau dans Goma à travers le réseau de la REGIDESO, affiche des résultats financiers satisfaisants : plus de 1 milliard de FC des recettes (1.034.373.800 FC) dont environ 762 millions de FC reversés à la REGIDESO. Et de 25 bornes, l’Ong locale porte le réseau à 55 bornes et vise des revenus de plus de 1 million USD l’an.
Ce qui n’était qu’un projet à titre humanitaire est devenu un vrai business. Et Mercy Corps a tenté de reprendre ce projet. En passant par Kinshasa pour un lobbying plus efficace après des tentatives infructueuses sur place. Ainsi va l’action des humanitaires en RDC. Des intérêts, rien que des intérêts…pas de charité ni de philanthropie.
POLD LEVI MAWEJA