Il n’avait pas encore pipé mot jusque lundi 25 mars 2019, 48 heures après la fin de la conférence des leaders de la coalition Lamuka à Bruxelles. De Martin Fayulu Madidi, le « candidat unique » d’une partie de l’opposition radicale à la dernière présidentielle qui n’aurait pas dédaigné de poursuivre son bail à la tête de la coalition née à Genève en novembre 2018, on apprenait simplement qu’il séjournait aux Etats-Unis d’Amérique pour des raisons non divulguées depuis le 24 mars 2019.
Mais de la coalition dont il s’est voulu le porte-étendard jusqu’à la dernière minute, l’entraînant vers la poursuite d’objectifs post-électoraux aussi irréalistes que le rétablissement d’une illusoire « vérité des urnes », il n’est sans doute plus question. Sur ce sujet, le communiqué signé par les principaux leaders de la coalition, dont lui-même naturellement, est on ne peut plus clair et précis. A Bruxelles, les membres de la conférence des leaders se sont rendus pour « … évaluer la situation du pays créée à l’issue des élections du 30 décembre 2018, dresser l’état des lieux de la coalition LAMUKA, (…) déterminer ses objectifs et fixer la feuille de route de la coalition et enfin adapter les structures de la coalition LAMUKA au regard de ses objectifs ». Il ne s’agit plus de courir derrière de chimériques vérités des urnes (à supposer qu’il en ait jamais été question pour tout le monde) mais plutôt de déterminer les objectifs (qui ne le sont donc pas encore) de fixer la feuille de route du groupe, que le candidat malheureux à la dernière présidentielle « … avait la fâcheuse tendance à fixer en collaboration avec certains membres de l’épiscopat catholique », selon cette source bruxelloise qui s’est confiée au Maximum.
Restructuration impérative
Bien plus, la conférence des présidents de LAMUKA a décidé de restructurer de la coalition en fonction d’objectifs à atteindre. Non seulement le statut de l’ancien « candidat unique » et candidat à la présidentielle devrait être revu, mais de nouvelles structures plus collégiales pourraient voir le jour pour s’éviter des prises de position unilatérales qui placent certains en postures délicates avec leurs bases électorales. Une sorte de retour à la case départ donc, pour la coalition qui décida contre toute attente de porter le moins représentatif des leaders politiques de l’opposition pour la représenter.
Des sources du Maximum renseignent, en effet, qu’au départ, LAMUKA est née d’une fumisterie politique de l’ancien premier ministre PALU, Adolphe Muzito. Fort de soutiens américains et occidentaux, l’ancien inspecteur des finances sous Mobutu entreprit de convaincre une partie du parti lumumbiste du soutien occidental, notamment étatsunien, brasses de billets de dollars à l’appui, à sa candidature au remplacement de Joseph Kabila. Certaines sources au PALU rapportent même que Antoine Gizenga en personne aurait été informé de ses perspectives d’alternatives au sommet de l’Etat au profit d’un de ses lieutenants.
Mais il fallait élargir l’assiette des soutiens à cette candidature qui se heurterait certainement à l’hostilité des alliés de l’Alliance de la Majorité Présidentielle. C’est ce que fit Adolphe Muzito en s’ouvrant les portes de l’opposition MLC et UNC, entre autres. Des séjours en Belgique lui permirent, rapporte-t-on, d’obtenir le soutien des libéraux au pouvoir dans l’ancienne métropole rd congolaise. Autant que de solides recommandations auprès de chefs d’Etat de la région, particulièrement, du nouvel homme fort de Luanda, Joao Lourenço.
Fumisterie signée Muzito
Ne restait plus qu’à faire avaliser la formule aux participants au conclave politique de l’opposition en Afrique du Sud en mars 2018. Et notamment à celle qui est représentée par le G7 de Moïse Katumbi, lui-même prétendant au top job en RD Congo, de surcroit flanqué d’un autre prétendant dont il ne savait pas encore comment se débarrasser, l’UDPS/T Félix Tshisekedi, jusque-là relégué au rang d’une sorte de 1er ministre d’un hypothétique gouvernement. Johannesburg accoucha … d’une plateforme de soutien au programme du candidat Moïse Katumbi, et n’évoqua guère la formule osée de Muzito.
Cela n’empêcha pas l’ancien 1er ministre PALU de postuler à la présidentielle le 3 août 2018 en tant qu’indépendant. Au sein de son propre parti politique, le projet politique de Muzito ne faisait manifestement pas l’unanimité. Puisque 7 jours plus tard, le 10 août 2018, était formellement déposée la candidature du secrétaire général du parti, Antoine Gizenga Fundji en personne, à la même présidentielle.
Lundi 3 septembre, la cour constitutionnelle invalidait la candidature de l’ancien 1er ministre PALU pour conflit d’intérêt avec la candidature de la plateforme PALU et Alliés, Muzito n’ayant pas apporté suffisamment de preuves de son départ de son ancien parti politique, selon les juges.
Ce serait donc pour parer au plus pressé que le conclave chargé de choisir le « candidat unique de l’opposition » se rabattit sur Martin Fayulu en lieu et place d’Adolphe Muzito. Parce que de Félix Tshisekedi, les puissances occidentales embusquées derrière les opposants rd congolais ne voulaient pas entendre parler. « Dès le départ, Fayulu n’a jamais été qu’une solution de rechange. La présidentielle de décembre 2018 ratée, il n’est plus question qu’il demeure à la tête de la coalition », expliquent des sources proches de Muzito Maximum.
Fayulu à sa dimension réelle
3 jours de conclave Lamuka à Bruxelles, c’était donc aussi pour ramener Martin Fayulu à ses dimensions réelles. Qui ne seront surement jamais celles d’un chef de file d’une opposition qui compte Jean-Pierre Bemba, Moïse Katumbi, ou encore Antipas Mbusa dans ses colonnes. Sur cet aspect du problème aussi, le conclave est assez clair. Les participants sont non seulement « déterminés à poursuivre sans relâche le combat pour déraciner les antivaleurs qui handicapent les progrès de la société congolaise dans tous les domaines », mais en plus, ils « décident d’étudier les moyens de transformer la coalition LAMUKA en une plateforme politique et d’en définir les modalités d’organisation et de fonctionnement ». C’est une forme de désaveu de l’orientation imprimée à la plateforme genevoise après le 30 décembre 2018, contre l’opposition tshisekediste aujourd’hui aux affaires, notamment.
J.N.