Aru et Mahagi, dans la province de l’Ituri, deux postes frontaliers sur la frontière ougandaise, des opérateurs économiques paient et déclarent ce qu’ils veulent bien. La fraude a des ramifications jusque dans des régies financières, selon une mission de la DGRAD.
La DGRAD estime ne percevoir que 47% de recettes annuelles, dans le meilleur des cas. Le directeur général de la Direction générale des douanes et accises, DGDA, Déo Rugwiza, a déploré qu’ici sortent et entrent des camions remplis de marchandises sous escortes d’éléments lourdement armés des forces de l’ordre. D’après le sénateur Mokonda Bonza, la maffia dans cette partie de l’Ituri est telle que le coton de Mahagi est réexporté en RD-Congo via l’Ouganda et que notre pays produit moins de 10.000 tonnes alors que le Burkina Faso, pays du Sahel, en produit 800.000 tonnes. Ici, en fait de pluies, c’est à celles des exonérations des taxes dues au Trésor que l’on assiste. Même le suivi électronique des cargaisons grâce à une application COMESA, déjà opérationnelle sur le tronçon Kongo central – Kinshasa, n’a guère franchi le seuil de la matérialisation à l’Est.
Le gouvernement s’est cependant engagé à organiser des missions de contrôle mixtes DGI-DGDA afin de faire la lumière sur l’origine des produits vendus sur le territoire national ainsi que le renforcement du contrôle de destination des marchandises exonérées. Mais rien n’est venu. Toutefois, fin 2018, dans le cadre du Projet de facilitation du commerce dans la région de Grands lacs, PFCGL, financé par la Banque mondiale, la firme italienne SIM SPA a été recrutée, sur base d’une sélection fondée sur la qualité-coût (SFQC) pour réaliser l’étude de faisabilité de la modernisation des postes frontaliers de Mahagi et de Kamvivira ainsi que la mise en place d’un guichet unique à ces postes frontaliers. Lors du Séminaire d’orientation budgétaire, SOB 2019, en juin 2018 à Kinshasa, un expert de la DGDA a rapporté que les agents kinois en mission dans l’Est sont détestés par leurs pairs locaux qui les qualifiant d’étrangers ‘‘enva¬hisseurs’’. Il n’est donc pas acquis que la mise en place du guichet unique contribue effectivement à maximiser les recettes de l’Etat.
POLD LEVI MAWEJA.