Ça s’accélère en RD Congo où la formation du gouvernement est très attendue, depuis la prestation de serment du président de la République issu des rangs de l’ancienne opposition radicale, Félix(Antoine Tshilombo Tshisekedi, le 24 janvier 2019. La nouvelle configuration politique devrait prendre forme au cours du mois de mars avec l’élection du bureau définitif de l’Assemblée nationale, notamment, dont dépend l’entrée en fonction de la nouvelle équipe gouvernementale. Etant donné que la commission d’élaboration du règlement intérieur de la chambre basse du parlement, mise sur pied par le bureau provisoire, aura rendu sa copie au courant de la semaine prochaine.
Mercredi 20 février 2019, la méga plateforme électorale mise sur pied par le président sortant, Joseph Kabila, a effectué une rentrée politique lourde de signification à la ferme de ce dernier à Kingakati. Le Front Commun pour le Congo (FCC) s’étant à cette occasion mué d’une plateforme électorale en coalition de gouvernement. Trêve de spéculations et de supputations au sujet de l’appartenance politique de quelques 350 élus nationaux sous la bannière kabiliste le 30 décembre dernier. Tous se sont unis derrière Joseph Kabila Kabange, leur autorité morale, et lui ont renouvelé leur allégeance. En ce compris l’AFD & alliés de Modeste Bahati Lukwebo (68 députés provinciaux, 37 députés nationaux) dont les revendications souvent intempestives avaient fait croire à l’opinion qu’il traverserait incessamment le Rubicon pour rejoindre le groupe CACH du nouveau chef de l’Etat.
Nouvel acte d’engagement
Il n’en sera rien. Les patrons des 18 regroupements qui composent le FCC ont dûment signé un acte d’engagement consolidant la main mise de Joseph Kabila sur la majorité parlementaire. « Nous avons tenu à ce qu’aujourd’hui nous soyions de la fête parce que beaucoup de spéculations ont été entendues. On nous prêtait des intentions de franchir la frontière, d’aller de l’autre côté. Nous n’irons nulle part, nous sommes dans le FCC avec notre autorité morale Joseph Kabila Kabange et nous entendons y demeurer pour qu’ensemble nous puissions mener les actions pour répondre tant soit peu aux attentes de notre population », a affirmé Bahati devant la presse, mercredi dernier.
Kingakati aura donc mis un terme aux spéculations qui laissaient croire que certaines plateformes FCC renforceraient la plateforme du nouveau président de la République, toujours minoritaire au parlement, imposant ainsi la désignation d’un informateur chargé d’identifier les forces en présence avant la nomination d’un premier ministre. Il n’en sera rien. Egalement présent à Kingakati, Lambert Mende Omalanga de l’Alliance Politique CCU & alliés (8 députés nationaux, 15 députés provinciaux) estime que ce ne sera plus indispensable : « Le président de la République n’a besoin d’un informateur que lorsqu’il y a nécessité d’identifier une majorité. Or, la majorité vient de s’identifier de manière tout à fait claire. Je ne sais pas s’il faut encore cet exercice. C’est le président Tshisekedi lui-même qui verra si ce n’est pas suffisant. Pour ma part, je ne pense pas que cela soit nécessaire », explique-t-il aux mêmes médias.
Majorité parlementaire
La majorité parlementaire de la 3ème législature de la 3ème République revient donc au FCC qui revendique plus de 340 sièges à la chambre basse du parlement, et une majorité du même ordre aussi dans 25 des 26 assemblées provinciales. Aubin Minaku Ndjalandjoko, le président sortant de l’Assemblée nationale l’a souligné devant la presse mercredi dernier: «Toutes les majorités sont nôtres, au niveau de l’Assemblée nationale et au niveau des 25 provinces de la République. Il fallait se retrouver et réaffirmer notre loyauté à celui qui a rendu cela possible malgré notre défaite à l’élection présidentielle. Cela a été fait de manière solennelle. La suite, c’est travailler d’arrache-pied avec chaque député du FCC», a-t-il déclaré. Expliquant que «dans un État de démocratie et nous nous forçons de l’être, le pouvoir parlementaire est un pouvoir important, hormis bien évidemment le président de la République. Au parlement, on a plus de 340 députés nationaux. On n’a pas à être inquiet. C’est pour cela que nous nous organisons en toute sérénité autour de notre chef de file. On n’a eu peur à aucun moment. La majorité parlementaire, c’est le FCC. Nous nous organisons. Nous allons mettre en place les différents organes. Nos députés vont se retrouver pour affiner ensemble nos stratégies et entamer le chantier de cette législature par rapport aux différentes réformes ».
Après les présidents des regroupements politiques de son clan, Kabila reçoit ce samedi l’ensemble des élus nationaux sous la bannière de son FCC mué en majorité parlementaire à Kingakati. Et la boucle sera bouclée. Nul doute qu’il en a parlé avec son désormais partenaire au pouvoir, Félix Tshisekedi avec lequel il a passé de longues heures dimanche dernier à la Cité de l’UA.
La plateforme électorale du chef de l’Etat élu, le CACH, se renforce elle aussi avec l’arrivée tambour battant de l’aile in- térieure d’Ensemble pour le Changement, la plateforme katumbiste mise sur pied le 12 mars 2018 à Johannesburg (Afrique du Sud). Dans son escarcelle, des regroupements politiques comme l’Alliance pour la République de Delly Sessanga, le G7 des Lumbi, Kyungu, Lu- tundula, Endundo …, mais aussi l’Alliance des Mouvements Kongo (AMK) de Claudel Lubaya et autres Jean-Claude Mvuemba.
Ce qui n’est pas rien. Le MS (Mouvement Social) de Pierre Lumbi ajoute 21 sièges au 47 déjà détenus par le CACH (UDPS/T + UNC) ; l’AMK pèse 18 sièges ; le G7, 10 sièges ; et l’AR, 6 sièges. Dans l’ensemble, CACH et ses nouveaux alliés peuvent revendiquer 102 sièges à la chambre basse du parlement.
L’opposition prend forme
Il ne reste donc que 43 élus qui peuvent être formellement considerés comme appartenant à l’opposition au pouvoir bicéphale qui se met ainsi en place. Ils se retrouvent dans la Dynamique de l’Opposition du candidat malheureux (et inconsolable)Lamuka à la dernière présidentielle, Martin Fayulu, qui dispose de 8 sièges, auxquels il faut ajouter 18 sièges du MLC de Jean-Pierre Bemba, dont le secrétaire-général adjoint, Fidèle Babala, assurait encore jeudi dernier, que la plateforme née en novembre 2018 à Genève existait toujours car le processus électoral n’était pas encore arrivé à terme. Selon Babala, le MLC continue de se battre «… pour la vérité des urnes afin de récupérer la victoire qui nous a été volée … Le MLC a pour caractéristique d’être fi- dèle à sa parole. Quand il dit quelque chose, il va jusqu’au bout ». Ce qui n’enlève rien à la clarté de la situation politique dans les rangs des opposants radicaux qui continuent ainsi à perdre de leur superbe car il se dit dans la ville haute que Babala n’exprime que le point de vue de la partie bandundoise du parti de Bemba. Etant donné qu’Eve Bazaiba, sa secrétaire générale, est candidate gouverneur de la province de la Tshopo.
Forces politiques en présence Les Forces politiques en présence se répartissent donc à peu près de la manière ci-après :
1. PPRD (FCC) : 49 sièges
2. AFDC & Alliés (FCC) : 37
3. UDPS/T (CACH) : 33
4. AAB (FCC) : 27
5. M.S. (LAMUKA) : 21
6. ADRP (FCC) : 20
7. PPPD (FCC) : 19
8. – MLC (LAMUKA) : 18
– AMK (LAMUKA) : 18
9. PALU & Alliés (FCC) : 17
10. AABC (FCC) : 16
11. UNC (CACH) : 14
12. – ABCE (FCC) : 11
– ACO (FCC) : 11
13. – PCD (FCC) : 10
– RRC (FCC) : 10
– G7 (LAMUKA) : 10
14. – AAAC (FCC) : 9
– CPR (FCC) : 9
15. – ALLIANCE CCU (FCC) : 8
– ATIC (FCC) : 8
– DO (LAMUKA) : 8
16. CODE (FCC) : 7
17. AR (CACH) : 6
18. MIP (FCC) : 5
19. – AAD (LAMUKA) : 4
– ACC (LAMUKA : 4
20. G.18 (FCC) : 3
21. – APCO (FCC) : 2
– AA (FCC) : 2
– AAC (FCC) : 2
22.– AVANCONS (FCC) : 1
– FUPA/PRP (FCC) : 1
J.N.