Le candidat malheureux à la présidentielle 2018, Martin Fayulu Madidi, poursuit ce vendredi 15 février 2019 son périple à travers le Congo profond, aux fins, selon ses prétentions, d’expliquer à ceux qui croient encore en ces dires, sa « vérité des urnes ». Après la sortie de Ndjili Ste Thérèse à Kinshasa, terminée en apothéose par des slogans nauséabonds appelant à exterminer du muluba, une brève escapade à Matadi dans la province voisine du Kongo Central, le candidat de Lamuka s’en va instiller son venin dans le chaudron Nord-kivutien, à Goma, Butembo et Beni.
Mais dans l’opinion publique en RD Congo, les objectifs poursuivis par cette frange de l’opposition financée à grands frais par des nébuleuses occidentales prédatrices sont connus depuis les révélations de son compère de la coalition Lamuka, Adolphe Muzito, sur le plateau de TV5 le 5 février 2019 : expliquer la « vérité des urnes », c’est en fait préparer les populations à rendre le pays ingouvernable et ainsi décourager les investisseurs afin de contraindre le nouveau pouvoir à de nouvelles et interminables négociations … avec les mentors étrangers de Fayulu.
Le chaudron Nord-kivutien, maintenu en l’état par des leaders politiques et d’opinion locaux sans foi ni lois compte parmi les régions de la RD Congo qui se prêtent le mieux à un embrasement déstabilisateur qui hantent les animateurs de la plateforme née à Genève en novembre dernier pour capturer le pouvoir politique et économique au pays de Patrice-Emery Lumumba. Particulièrement dans la partie dite du Grand Nord Kivu, ces terres Nande de Beni-Butembo-Lubero, en proie à des groupes armés locaux et étrangers depuis plusieurs années, responsables d’exactions innommables contre les populations civiles locales, dont il est facile de faire porter la responsabilité au « pouvoir en place » à Kinshasa. Quel qu’il soit. Ici, pas de discours plus porteur que celui d’une opposition, irascible et aveugle, à tout pouvoir ou symbole de pouvoir venu « d’ailleurs » c’est-à-dire de Kinshasa.
Dans la région de Beni-Butembo, Martin Fayulu se retrouvera dans son élément en compagnie de quasi managers de groupes armés maï-maï ou ADF qui y pullulent. A Goma, le porte-étendard de la coalition Lamuka, Muhindo Nzangi Butondo, ne cache pas du tout ses faveurs pour les maï-maï, puisqu’il s’est déjà permis de proposer sans ambages à Kinshasa d’associer ces forces négatives à la traque des rebelles ADF ougandais dans la région de Beni…
A Butembo même, Lamuka et Fayulu ont accueilli dans leurs rangs un élu local du nom de Crispin Mbindule, connu de l’opinion nationale pour avoir été suspecté être porteur de la maladie à virus Ebola par le ministère de la santé, fin août début septembre 2018. L’argumentaire politique opposant de cet ancien de l’UNC de Kamehre relève du domaine de la santé publique. Mercredi 29 août, dans son état-major politique de Furu, un quartier populaire de Butembo, Mbindule explique aux médias locaux ce qu’est le virus Ebola. «Si vous voulez mon avis, je ne sais pas comment cette épidémie a commencé. Je pense que cette maladie est une autre [force meurtrière] qui a été envoyée à nouveau. Et c’est pourquoi je défie le ministre [de la Santé ou de la Défense] de me prouver le contraire. Montrez-moi, où est-ce que ça s’est passé ? L’épidémie vient vraiment d’où ? Scientifiquement, je ne crois pas qu’il soit possible d’avoir d’abord les meurtres de gens à Beni, et maintenant ceci sans qu’ils ne soient apparentés. Étudiez le déroulement des événements par vous-même ! Je ne crois pas qu’ils puissent être sans rapport », a-t-il déclaré en swahili, pour que nul ici n’en ignore.
Il n’en fallait pas plus dans cette région où acteurs politiques et leaders d’opinion accusaient déjà le pouvoir de Kinshasa de vouloir exterminer le peuple Nande par rebelles ADF interposés : à Beni-Butembo, les équipes de riposte contre la fièvre hémorragique à virus Ebola font face depuis lors à la fois au virus lui-même et à l’hostilité des populations locales persuadées qu’au vaccin anti-ebola proposé et qui est présenté avec une légèreté à nul autre pareil comme un poison exterminateur de la tribu. Conséquence : le nombre des victimes d’une épidémie qui a été vaincue en quelques semaines dans la province de l’Equateur frôle les 600 décès dans le Grand Nord. Lundi 11 février 2019 encore, un bâtiment en planches abritant des services de l’équipe de riposte contre Ebola a été attaqué et entièrement détruit par des populations à Butembo.
Superficiellement formé dans une université de Butembo, Crispin Mbindule s’était laissé influencer, estiment des observateurs locaux, par un autre natif de la région, Boniface Musavuli. Ce coordonnateur d’un think-tank anti-kabila, le Desc Wondo, avait jeté un véritable pavé dans la marre en déclarant sur son compte Facebook, quelques jours après la déclaration de l’épidémie d’Ebola à Beni, que « selon le Dr Cyril E. Broderik, Ebola a été fabriqué dans des laboratoires américains ». L’affirmation, d’une rare stupidité de la part d’un intellectuel de sa trempe, a dû être promptement effacée. Sans parvenir à en atténuer les effets sur ses frères Nande dont un peu plus de 500 sont passés de vie à trépas en quelques jours.
Enfin, à Beni-Butembo, Martin Fayulu se rend chez Antipas Mbusa Nyamuisi, l’ancien chef-rebelle et roitelet local qui n’a jamais fait mystère de ses intentions de prendre les armes contre Kinshasa. Et que d’aucuns soupçonnent de sérieuses collusions avec les rebelles ougandais de l’ADF et de groupuscules maï-maï qui écument la région depuis plusieurs années.
Au Nord-Kivu, la vérité des urnes de Fayulu est une vérité en forme de pétards.
J.N.