La manifestation estudiantine qui a provoqué la mort de 4 personnes, 3 étudiants et un agent de police, dimanche 27 janvier à l’Université de Lubumbashi, a entrainé une réaction rapide du Président de la République. Peut-être trop rapide. Félix-Antoine Tshilombo Tshisekedi a en effet instruit les instances judiciaires militaires d’inculper et juger l’officier de police qui a dirigé les opérations de maintien de l’ordre sur le campus universitaire, notamment pour avoir, dit-on, ordonné de tirer sans sommation sur des manifestants. Arrêtés dès lundi 28 janvier, 4 officiers de la Police Nationale Congolaise ont comparu 24 heures plus tard, le 29 janvier donc, en procédure de flagrance devant la cour militaire de garnison de Lubumbashi au Katanga : il s’agit du commissaire provincial adjoint du Haut Katanga, du commissaire supérieur adjoint chargé de l’administration et des opérations, du commandant de la Légion nationale d’intervention, LENI et du commandant de la PNC/Ville de Lubumbashi. A peine ouvert, le procès a été renvoyé à une date ultérieure, en attendant l’arrivée à Lubumbashi d’officiers d’un rang suffisamment élevé habilités à juger un officier supérieur portant le grade de lieutenant-colonel qui fait partie des inculpés de la Kassapa.
Seulement, après une entrevue entre le président de la République et le vice-premier ministre et ministre de l’Intérieur, Henri Mova Sakanyi, qu’accompagnaient les plus hauts responsables de la PNC, une mission du commissariat général de la Police chargée d’apporter de plus amples éclaircissements sur les incidents survenus à Lubumbashi dimanche 27 janvier dernier. C’est le commissaire général adjoint chargé des opérations, le général Patience Mushid Yav, qui conduit cette mission décidée le 29 janvier à Kinshasa par le chef de l’Etat. Soit, 24 heures après la décision présidentielle de traduire des officiers de police en justice pour atteinte grave aux droits de l’homme.
Il se dégage donc comme une sorte de cacophonie à défaut d’une précipitation au sommet de l’Etat où on donne ainsi l’impression d’être allé vite en besogne en qualifiant les faits et en les déférant à la justice avant de disposer de tous les éléments du dossier concernant les responsabilités des morts de la Kassapa. Les observateurs se demandent, en effet, si la justice militaire sera obligée de surseoir à l’instruction du procès des 4 officiers de police formellement inculpés, en attendant les conclusions de la commission d’enquête dépêchée à Lubumbashi par le président de la République. Les avocats auront beau jeu de broder sur ce qui apparaît à tout le moins comme un dysfonctionnement procédural. Sans oublier le facteur démobilisation et démoralisation des forces de l’ordre et de sécurité chaque fois qu’ils se trouveront en face des différents défis du maintien et du rétablissement de l’ordre et de la sécurité.
J.N.