Plus de peur que de mal, ce n’était qu’un pare-balles étouffant
Plus qu’émouvante, la cérémonie de passation de pouvoir entre le Chef de l’Etat sortant, Joseph Kabila, et Félix Tshilombo Tshisekedi, le chef de l’Etat entrant, jeudi 24 janvier 2019 au Palais de la Nation.
Vue de la fin de la manifestation, cette transition originale dans l’histoire de la RD Congo s’est plutôt bien passée, avec le départ, délesté de ses attributs présidentiels et des charges qu’ils impliquent au sommet de l’Etat, de Joseph Kabila accompagné de son épouse, Olive Lembe Kabila.
Pour la circonstance, le Chef de l’Etat sortant, qui avait avoué à la presse que la barbe grisonnante qu’il avait laissée pousser en dessous d’une touffe de cheveux rebelle exprimaient de la révolte. Jeudi, pour la cérémonie historique du Palais de la Nation, Joseph Kabila avait pris soin de se débarrasser de sa trogne de révolté. Un peu comme s’il en avait fini, une bonne fois pour toutes. Alors que quelques heures plutôt, tard dans la soirée du mercredi 23 janvier 2019 encore, le désormais ancien Président de la République arborait sa mine révolutionnaire à la ‘Castro’ au moment de lire son discours d’au revoir, à la cérémonie de passation de pouvoir, jeudi en début d’après-midi, c’est un Joseph Kabila rasé et coiffé de près que les rd congolais ont découvert, déterminé à rendre le tablier.
Au beau milieu du discours d’investiture
Les insignes de pouvoir transmis par son prédécesseur, la prestation de serment effectuée, vint l’heure du discours de Félix-Antoine Tshilombo Tshisekedi, le Président de la RD Congo pour les 5 années à venir. Le nouveau Chef de l’Etat en était au beau milieu d’un speech fort conciliant, qui avait rendu à chacun de ses prédécesseurs les lauriers de leurs mérites, lorsqu’un malaise l’a surpris. En ces instants critiques, point de formalisme. Après avoir réclamé de l’eau, comme pour se racler et refroidir la gorge, Félix Tshisekedi a bien lâché un « ça va pas … », avant de bégayer des remerciements saccadés que l’assistance sentait sortis des tréfonds des tripes par un effort surhumain. Puis, blackout sur le petit écran.
Plus d’images du nouveau Chef d’Etat, interrompues par la télévision nationale qui retransmettait l’événement, seulement celles furtives des personnes triées sur le volet qui accouraient vers la tribune érigée pour la circonstance. Ça n’avait rien de rassurant, et ce fut révélateur de l’attention, énorme, que « le peuple » accordait à un événement qui n’avait même pas mérité qu’une journée chômée fut décrétée : les minutes qui suivaient le court malaise présidentiel, tout Kinshasa s’est retrouvé dans la rue, supputant le pire.
« Empoisonné » ?
« Il a été empoisonné », s’écriait une dame inconsolable avec emphase et conviction, les soupçons tournés tantôt vers le leader de Lamuka, Martin Fayulu, tantôt vers le Chef de l’Etat sortant, Joseph Kabila, tantôt vers le patriarche Léon Kengo wa Dondo, speaker du Sénat qui, en cas d’irréparable après la prise de possession du ‘top job’ aurait été chargé d’assurer l’intérim… Les plus lucides firent aussitôt observer que le Président Félix Tshisekedi pourrait avoir été étouffé par le gilet pare-balles, trop apparent, qu’il arborait pour la circonstance dans la chaleur étouffante des jardins du Palais de la Nation.
Heureusement, le malaise s’est dissipé plus vite que prévu. Quelques minutes d’interruption de la retransmission télévisée après, les kinois pouvaient apercevoir leur nouveau Président de la République reprendre son discours là où il l’avait interrompu. Ceux qui ne l’avaient pas aperçu, parce qu’ils avaient déserté leurs écrans télé aux trousses de diseurs de rumeurs, ont été rassurés par les klaxons des motocyclistes fêtant le « retour à la vie » du Chef d’Etat remis sur pieds, pour leur plus grand bonheur.
Ouf !
J.N.