La conspiration anti-souverainiste emmenée par le quarteron des agitateurs de l’église catholique RD Congolaise et Martin Fayulu a sombré in extremis face à la détermination de Joseph Kabila. A la manœuvre : les néo-libéraux belges, leurs alliés en Europe et des affidés en Afrique et au pays de Lumumba.
« Il y a des dysfonctionnements dans les résultats des élections et l’Union africaine vient pour se rendre compte des informations qu’elle a reçues. C’est une très bonne chose ». C’est l’Abbé Bomengola, un des adjoints du porte-parole de la conférence épiscopale nationale du Congo, structure faitière de la « toute puissante » église catholique, qui s’épanchait ainsi samedi 19 janvier 2019 sur les ondes d’une radio très suivie à Kinshasa. Ce prêtre catholique vantait de la sorte, ni plus ni moins, une déclaration on ne peut plus saugrenue d’un groupe de chefs d’Etat du continent invités à la va-vite à Addis-Abeba en consultation par leur homologue rwandais, Paul Kagamé, qui préside l’Union africaine pour quelques semaines encore et se prépare à passer le flambeau à l’Egyptien Al Sissi. Il s’agissait de statuer sur « les résultats des élections rd congolaises du 30 décembre 2018 ». Une véritable bizarrerie qui en a surpris plus d’un à Kinshasa et sur l’ensemble du continent, tellement elle s’inscrivait a contrario d’un principe jusque-là scrupuleusement respecté en vertu duquel, sauf crise sécuritaire et humanitaire majeure subséquente, les élections dans un pays relèvent de la catégorie des affaires domestiques non sujettes à quelqu’interférence extérieure que ce soit.
Mise au point de l’ONU
Fin stratège, le président sortant de RDC, Joseph Kabila, préfère voir venir avant de réagir à cette énième entorse à la souveraineté de son pays à laquelle il n’a cessé de proclamer son attachement. Sans se rendre lui-même au siège de l’organisation continentale, il choisit d’y dépêcher son chef de la diplomatie, Léonard She Okitundu, qui y adopta un profil plutôt bas. A l’issue de la rencontre plutôt informelle, ainsi que l’opinion l’apprendra plus tard grâce notamment à une réaction de mise au point du secrétaire général des Nations-Unies, Antonio Guterres, le Rwandais Paul Kagamé, le Guinéen Alpha Condé, le Sud-Africain Cyril Ramaphosa, l’Angolais Joao Lourenço, le Zambien Edgar Lungu, et le Tchadien Idriss Deby Itno … se sont fendus d’un inhabituel communiqué au ton pour le moins comminatoire intimant carrément à la cour constitutionnelle de la RD Congo de surseoir à la proclamation définitive des résultats de la présidentielle du 30 décembre « en attendant qu’une délégation de haut niveau de l’UA rencontre les protagonistes ». Sans se soucier outre-mesure du mépris ainsi affiché par des dirigeants étrangers à l’égard de l’indépendance de la plus haute juridiction de leur pays, les mousquetaires anti-Kabila de la CENCO ont résolu de rattraper la balle au bond. « Nous encourageons cela et nous pensons que la venue de cette délégation (de l’UA, ndlr) ici pour éclairer certains points de vue qui ne semblent pas être clairs est une bonne chose. Du moins en ce qui concerne ceux qui pensent que le travail de la CENCO ne saurait être pris en compte », a claironné avec une sainte insouciance l’Abbé Bomengola. « On a fait un bon travail et on attend à ce que cela soit exploité pour le bien du peuple Congolais », ajoutait-il, pince sans rire.
Introduits au Congo dans les valises des esclavagistes
En RD Congo, beaucoup parmi ceux qui nourrissaient encore quelques doutes sur la nature des relations de certains ténors de l’église catholique romaine avec la nébuleuse politicienne en ont perdu leurs dernières illusions. Ces membres de la hiérarchie de cette confession religieuse introduite au pays dans les valises des colonisateurs belges au service desquels elle avait littéralement quadrillé le territoire congolais étaient bel et bien au service d’un plan de remise sous tutelle européenne du pays de Patrice Lumumba. La sortie médiatique tonitruante de l’Abbé Bomengola, à l’instar de celles de son collègue Donatien Nshole, et des évêques qui les chaperonnent, trahit une vérité désormais criarde : leur pratique du catholicisme au Congo-Kinshasa s’inscrit dans une connexion totalement extravertie au service de puissants intérêts économiques et contraire à l’émancipation réelle des populations autochtones et à toute souveraineté effective de l’ancienne colonie belgo-occidentale sur laquelle des nostalgiques outre-Méditérannée tiennent mordicus à remettre le grappin.
Soutien à une mission qui énerve la souveraineté
Le soutien des catholiques à une mission de l’UA qui énerve de toute évidence les sacro-saints principes de la souveraineté des Etats membres de l’organisation régionale et du respect de l’indépendance du pouvoir judiciaire (sans lesquelles l’Etat de droit ne serait qu’une coquille vide à la merci … des usurpateurs comme les catholiques, précisément) n’est en fait que la cerise sur le gâteau des manœuvres pour phagocyter le processus électoral lancé en juillet 2016 en RD Congo. La déclaration de la « rencontre de haut niveau de l’UA » étant intervenue ‘in tempore suspecto’, alors que la Cour constitutionnelle congolaise soumise à des contraintes calendaires légales venait de prendre en délibéré le procès en contentieux électoral opposant deux parties en litige à l’issue de l’élection présidentielle du 30 décembre 2018, les autorités congolaises avaient pourtant offert une voie de sortie à leurs pairs en leur suggérant de « transmettre à la haute cour les éléments sur lesquels ils fondaient leurs doutes afin que celle-ci puissent éclairer sa religion et parvienne à dire le droit en connaissance de cause », selon la déclaration de Lambert Mende Omalanga, le Ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement sortant parvenue à nos rédactions. Mais rien n’y fit : l’église catholique et ses princes ont continué à faire feu de tout bois pour justifier l’injustifiable. « Ils voudraient aider des tireurs de ficelles tapis dans certaines capitales occidentales à saboter carrément ou à capturer et manipuler au profit de leurs intérêts l’organisation des élections en RD Congo qu’ils ne s’y prendraient pas autrement », estime un analyste politique de l’Université de Kinshasa. « Au sujet du processus électoral qui a abouti aux votes combinés du 30 décembre dernier, on se souvient davantage des anathèmes de ces évêques contre l’enrôlement des électeurs, contre le nettoyage du fichier électoral, contre les votes … que des bénédictions », ajoute, dégoûté, un berger de cette paroisse de Kingasani dans la banlieue de Kinshasa, par ailleurs militant du Parti Lumumbiste Unifié (PALU). Et il n’est pas loin de la vérité.
Tout pour rogner sur la souveraineté du pays
La hiérarchie de l’église catholique romaine aura ainsi mis tout son poids sur la balance pour compromettre la souveraineté internationale de la RD Congo. En s’arrogeant notamment le droit de se constituer en commission électorale sui generis, financée, de l’aveu de l’Abbé Nshole acculé par des journalistes sur le plateau d’une télévision kinoise, par des puissances européennes sous prétexte d’assurer l’observation des élections du 30 décembre dernier. Contrairement aux missions classiques dévolues aux missions d’observation électorale, qui se limitent à l’observation effective des scrutins et à la production de rapports destinés à améliorer les opérations, en RD Congo, la mission d’observation électorale catholique, dont Nshole à fallacieusement augmenté le nombre des intervenants en les évaluant à 40.000 alors qu’ils n’étaient que 17.000, s’est muée pour les besoins de la cause de ses commanditaires en centrale électorale parallèle productrice de résultats de la présidentielle à l’intention des bailleurs de fonds européens.
La présence annoncée d’une délégation de l’UA à Kinshasa se présentait ainsi comme une occasion idéale pour ces véritables fauteurs de troubles de substituer les résultats des catholiques à ceux de la CENI, faisant ainsi fi de lois en vigueur au pays qui reconnaissent exclusivement à cette dernière les prérogatives de l’organisation et de la proclamation des résultats électoraux. C’est donc un véritable coup d’Etat électoral clérical que tentait ainsi de soutenir samedi dernier, un prêtre de l’église catholique rd congolaise en déclarant : « on a fait un bon travail et on attend à ce que cela soit exploité pour le bien du peuple Congolais ». Ce à quoi un intellectuel kinois, fidèle catholique, enseignant dans une université de Kinshasa, entretenu par Le Maximum a rétorqué que « lorsque le fameux ‘bien du peuple Congolais’ devient un bien défini par d’anciens colonisateurs, on se trouve en face d’une forfaiture ».
Alchimie : Kagame pourvoyeur des bienfaits en RDC
On le sait par le tollé soulevé à travers le monde et sur le continent par le communiqué du groupe de chefs d’Etat de l’UA emmenés par Paul Kagamé au sujet duquel beaucoup à Kinshasa se demandent par quelle alchimie cet agresseur récurrent, par ailleurs violateur impénitent de la constitution de son pays pour s’accrocher indéfiniment au pouvoir, est devenu le pourvoyeur des bienfaits électoraux pour les Congolais. Le chef de l’Etat rwandais qui préside pour quelques jours encore l’UA semble avoir, ce faisant, voulu renvoyer l’ascenseur à ses amis occidentaux, notamment la France qui lui a fait « cadeau » de l’Organisation Internationale de la Francophonie par l’imposition contre toute logique de Madame Louise Mushikiwabo à sa tête, en offrant un président de la République « cousu-main »… par les catholiques en RD Congo.
Il lui aura suffi de s’assurer le soutien de pairs africains triés sur le volet en fonction de leurs accointances avec l’Hexagone : Joao Lourenço, par qui s’était déjà révélé le complot de l’ingérence dans le processus électoral de la RD Congo sous le prétexte de la sécurité régionale ; le Edgar Lungu que l’on dit ami intime de l’opposant Moïse Katumbi, circonvenu également par une mission de la CENCO organisée à l’instigation de la Belgique des Didier Reynders ; Idriss Dheby ou Alpha Condé. « Kagame ne pouvait convier ni le Burundais Kurunziza, ni le Tanzanien Jakkaya Kikwete ou encore le Zimbabwéen Mnanangwa à sa réunion contre le Congo. Ça n’aurait jamais marché », commente à ce sujet un diplomate africain en place à Kinshasa. C’était un conglomérat de clients des occidentaux en Afrique qu’il lui fallait pour perpétrer cet entorse aux usages de l’UA que le numéro un rwandais a tenté de consacrer par le communiqué du jeudi dernier.
J.N.