Le miracle de l’Hôtel Warwick de Genève, le 11 novembre 2018, continuent de produire des effets. Les calculs mathématiques et politiques qui ont accouché d’un véritable renversement de la pyramide des rapports de leadership au sein de l’opposition auront eu un incroyable effet réducteur. L’opposition ronflante de Kinshasa et de la RD Congo a été réduite en Martin Fayulu, le président d’un petit parti politique qui n’a jamais aligné plus de deux députés aux précédentes élections. Et les 7 leaders de l’opposition dite radicale, Moïse Katumbi, Jean-Pierre Bemba, Félix Tshilombo Tshisekedi, Vital Kamehre, Martin Fayulu, Freddy Matungulu, Adolphe Muzito, s’en retrouvée drastiquement réduite à 5 leaders. Pointés par l’opinion et par tous sondages d’opinion plus ou moins crédibles comme les deux poids lourds de l’opposition politique en RD Congo, Vital Kamehre et Félix Tshilombo se sont rétractés après avoir signé les accords qui consacraient leur collègue Fayulu candidat unique de l’opposition.
La couleuvre s’est, en effet, révélée impossible à avaler. A Kinshasa, dès l’annonce de la désignation de Fayulu, les états-majors de l’UNC de Vital Kamehre et de l’UDPS/T de Félix Tshisekedi se sont mis à bouillonner dangereusement. Il fallait agir, pour ne pas perdre à la fois la face et l’autorité sur les troupes. Kamerhe et Fatshi ont fait mieux que se rétracter d’un accord félon. « Nous avons été grugés », se plaignait carrément l’héritier Tshisekedi, dont on se demande encore aujourd’hui comment il en est arrivé jusque-là. Au terme d’un accord conclu en terre kényane, à l’Hôtel Serena de Nairobi, les président de l’UNC et de l’UDPS/T ont décidé de coaliser leurs forces en vue de la présidentielle 2018, contre le candidat du pouvoir en place, mais aussi contre le candidat unique de Genève.
Candidat commun des cocus
Les nouveaux alliés se sont choisis leur candidat président de la République commun en la personne de Félix-Antoine Tshilombo Tshisekedi, Vital Kamerhe retirant sans candidature au profit du poste de 1er ministre du gouvernement en cas de victoire le 23 décembre prochain. En attendant, l’ancien speaker du parlement servira de directeur de campagne du su « Cap pour le Changement », la nouvelle plateforme des cocus de Genève. Au terme du quinquennat, Vital Kamerhe sera investi à son tour candidat unique de la plateforme.
Une alliance qui présente, déjà, l’avantage de n’avoir pas soulevé de tempête parmi la base électorale à Kinshasa. Le 24 novembre 2018, Jean-Marc Kabund et Jean-Baudouin Mayo, les secrétaires généraux de l’UDPS/T et de l’UNC ont co-animé un point de presse pour se réjouir de l’alliance conclue entre leurs dirigeants (sans en avoir référé à la base !). “L’UDPS et l’UNC félicitent les présidents Vital Kamerhe et Félix Tshisekedi pour le sens élevé de l’intérêt général et rendent hommage appuyé au président Vital Kamerhe pour son humilité traduite par son désistement en faveur du président Félix Tshisekedi afin de maximiser les chances de l’alternance dans notre pays”, lit-on dans le communiqué conjoint, enthousiaste, publié à cet effet.
Les cocus de Genève se vengent de leurs anciens collègues chez les radicaux qui, jusque-là, tergiversaient encore quant à la conduite à tenir sur la machine à voter. « Cap sur la changement » ne s’encombrera pas de préalables avant d’aller aux urnes. “L’UDPS et l’UNC appellent la population à la plus grande vigilance lors de l’opération de vote. Elle sera, par sa vigilance, la seule gardienne du vrai résultat du vote”, indique clairement la déclaration conjointe du 24 novembre dernier.
J.N.