A plus ou moins un mois des élections combinées présidentielle, législatives nationales et provinciales, prévues le 23 décembre 2018, l’opposition politique rd congolaise essuie une défaite retentissante. La bataille contre la machine à voter, qualifiée de « machine à tricher » pour les besoins de cette cause, semble irrémédiablement perdue. L’ingénierie Sud-Coréenne d’inspiration rd congolaise sera bel et bien d’usage par les quelque 40 millions d’électeurs inscrits sur les listes électorales en RD Congo. Parce que ces pourfendeurs n’ont pas convaincu. Et peut être pire, ne méritent guère crédit.
Au bout de près d’un an de récriminations contre l’imprimante des choix des électeurs, introduite par la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI) pour économiser du temps (il fallait 3 mois pour commander et acheminer la paperasserie inhérente à l’organisation concomitante de 3 scrutins électoraux), du papier, etc, il s’est avéré que l’hostilité contre la machine à voter était en réalité une hostilité contre les scrutins eux-mêmes. Dont la plupart d’opposants, mal préparés, ne voulaient pas.
Une opposition éternellement à la traîne
Seulement, il en va de la machine à voter comme des élections elles-mêmes en RD Congo. En s’enrôlant plus que massivement, les populations avaient clairement indiqué qu’elles désiraient aller aux urnes et ne plus subir les partages de pouvoir successifs qui ont le don de minimiser l’obligation de redevabilité des élus vis-à-vis des électeurs. « Sur cet aspect de la réalité, les acteurs politiques de l’opposition se sont trompés : c’est la population qui a décidé d’aller aux élections, il fallait suivre et non pas tenter de s’opposer », explique un politologue de l’Université de Kinshasa au Maximum.
Sur cette question hautement politique comme sur d’autres, l’opposition politique rd congolaise s’avère à la traîne littéralement. Les mots d’ordre hostiles à la machine à voter et au processus électoral en général fondent comme beure au soleil. C’est la cacophonie généralisée entre ceux qui comme Christophe Lutundula invitent les combattants à « prendre leurs responsabilités devant la machine à voter », sans oser leur indiquer s’il faut voter ou s’abstenir de voter ; et ceux qui comme Martin Fayulu exhortent les mêmes électeurs à ne placer dans l’urne qu’un bulletin qui ne sera pas sorti de la machine à voter. « Ces gens nous méprisent. A quoi cela sert-il de se déplacer jusqu’à l’urne et puis de s’abstenir de voter ? Autant nous inviter à rester à la maison », se plaint ce jeune d’un quartier populaire à Kinshasa. Où sont de plus en plus nombreux ceux qui pensent comme lui.
La défaite de la bataille sur la machine à voter devrait manifestement entraîner de nombreuses réactions à la chaîne, peu favorables à l’opposition en général. Notamment, un taux élevé d’abstention qui devrait profiter au candidat du pouvoir en place et au candidat unique de l’autre camp, celui de la nouvelle plateforme kameriste-tshisekediste, le « Cap pour l’alternance ».
Défaite cuisante et lourde de conséquences
Sur la machine à voter, la défaite est donc cuisante, lourde de conséquences et définitive. Même l’opposition politique cléricale catholique, qui dissimule mal son hostilité contre le processus électoral, a fini par s’emmêler les pinceaux et jeter l’éponge. Les princes de l’église ont inondé l’opinion de déclarations pessimistes, voire, hostiles au processus électoral. Ils lui reprochent de ne pas épouser les formes de l’Accord politique de la Saint Sylvestre, signé sous leur égide le 31 décembre 2016. La dernière déclaration des évêques catholiques, le week-end dernier, se plaint encore du défaut de consensus sur la machine à voter, notamment. Mais les évêques se sont déjà engagés jusqu’au cou dans le même processus en percevant d’importants subsides d’organisations internationales pour assurer la formation des témoins électoraux. Impossible de reculer : ce sont bien quelque 40.000 observateurs que l’église catholique romaine a formé et qui doivent être déployés sur le terrain. Impossible de reculer, machine à voter ou non. L’église catholique en est ainsi réduite à édicter un « code de conduite des ecclésiastiques et des agents pastoraux pendant la campagne électorale ». Qui leur interdit de donner la parole aux politiciens pendant les cultes ; de ne pas faire la propagande électorale d’un candidat ; de ne pas mettre les locaux à disposition des politiciens pour la campagne électorale, etc. Contre la machine à voter, aucune instruction cléricale.
Pour couronner de lauriers cette défaite prémonitoire de l’opposition aux prochaines élections, le conseil de paix et de sécurité de l’Union Africaine abonde dans le même sens. Dans un communiqué, lundi 26 novembre, l’Ua exhorte la CENI à renforcer la confiance entre les parties prenantes au processus électoral en poursuivant la campagne d’explication sur la machines à voter qui sera utilisée le 23 décembre 2018.
L’affaire est entendue et la bataille perdue.
J.N.