Malgré le fait qu’aux termes du point 8 de l’article 4 de l’Accord de Genève du 11 novembre 2018, les postes de président de l’Assemblée nationale et du Sénat ainsi que celui de Premier ministre leurs reviennent, si Martin Fayulu est élu, Katumbi, Bemba, Muzito et Matungulu imposeront aux Congolais des nouvelles élections deux ans après. Preuve, si besoin est, que c’est le top job qu’ils visent tous et chacun, même au prix de la violation de la Constitution. Et semblent douter de la capacité de leur « candidat commun » de bien gouverner le pays…
Les négociateurs de Genève ont engagé le candidat commun en l’occurrence Martin Fayulu, à «Assurer une large participation de toutes les forces à la mise en œuvre du programme commun», mais surtout à renoncer, lui-même, son parti et son regroupement politique, «…à exercer les fonctions de Premier ministre, de Président de l’Assemblée nationale et de Président du Senat qui seront dévolus, avec son soutien actif, à d’autres composantes en tenant compte du poids politique dans les Institutions». D’ailleurs, au Chapitre IV relatif à l’«exercice du pouvoir après les élections », le point 3 de l’article 9 revient sur le partage du pouvoir. «Les postes de Premier Ministre, Président de l’Assemblée nationale et de Président du Sénat qui seront dévolus aux autres parties prenantes autre que celle du président selon les arrangements conclu entre les parties signataires», y lit-on…
Mais voilà que, même en s’étant placés eux-mêmes à l’un ou l’autre de ces trois postes à défaut d’y désigner les leurs, les présidentiables Bemba, Katumbi, Muzito et Matungulu se sentent «incapables» d’attendre 2023 pour relancer leurs ambitions, Fayulu s’étant engagé à n’être Chef d’Etat que pour deux ans, soit du 12 janvier 2019 au 12 janvier 2021, et cela en violation délibérée de la Constitution qui fixe à 5 ans la durée du mandat du Président de la République, selon l’alinéa 1 de l’article 70.
S’il s’avise à revendiquer le respect de la Constitution, le président congolais Martin Fayulu, élu par le peuple congolais via une élection présidentielle congolaise financée par le peuple congolais se verra appliquer la Lettre d’Engagement brandie par la Fondation Kofi Annan à Fatshi et Kamerhe, lettre dont le contenu, dans son cas, est : «Je, soussigné Martin Fayulu Madidi, m’engage sur l’honneur à respecter scrupuleusement toutes les dispositions de l’Accord Lamuka, y compris son préambule ainsi que tous les textes y afférents. Je m’engage en outre à ne pas trahir le peuple Congolais en violant les dispositions précitées. Si je ne respecte pas mes engagements, je mettrais fin à ma carrière politique et je serais soumis à l’opprobre de la Nation et à la sanction de mes pairs. Enfin, je prends la ferme résolution de rester fidèle au présent acte et à l’accord LAMUKA. Fait à Genève, le 11 Novembre 2018. (sgé). En présence de :…».
Dans cette logique entretenant à dessein les incertitudes sur le fonctionnement des institutions issues des élections – juste un exemple – le G5-Genève a pleinement conscience de dissuader notamment les investisseurs de s’intéresser à la RD Congo parce que la stabilité dont ces derniers ont besoin ne sera envisageable qu’au-delà de 2021 alors qu’on promet aux Congolais la fin de la misère au lendemain des élections du 23 décembre 2018 !
Tout n’est que succession d’hypocrisies…
Peut-on, au regard de ce qui précède, considérer que les membres du G5-Genève aient vraiment réfléchi de façon rationnelle à la gouvernance institutionnelle post-électorale pour un pays où tout devient prioritaire et urgent à la fois ? Manifestement, non.
En ne voulant pas donner au Président de la République élu (Martin Fayulu) les 5 ans prévus dans la Constitution pour exercer son mandat qu’il entend consacrer à des réformes préconisées pendant qu’ils occupent, eux, directement ou indirectement des postes stratégiques de président du Bureau de l’Assemblée nationale, de président du Bureau du Sénat et de Premier ministre, Jean-Pierre Bemba, Moïse Katumbi, Adolphe Muzito et Freddy Matungulu confirment, si besoin est, leur boulimie du pouvoir.
Pire, ils doutent de la compétence de Martin Fayulu de gouverner la République Démocratique du Congo, et l’intéressé veut entrer dans l’histoire comme l’homme qui aura cherché à être Chef d’Etat que pour quelques années, Ainsi, tout un pays se mobilise pour les élections du 23 décembre 2018 pour un tel personnage !
La même histoire va surtout retenir que Bemba, Katumbi, Muzito et Matungulu – même devenus président de la chambre basse ou de la chambre haute sinon Premier ministre – n’auront pas renoncé ne serait-ce que pour une durée de cinq ans (délais constitutionnels) à leurs ambitions dévorantes de devenir Président de la République. Ils s’estiment toujours présidentiables.
On comprend alors pourquoi, pendant qu’ils se disent en train d’élaborer le fameux programme commun, certains membres majeurs – comme le Mlc de Jean-Pierre Bemba – continuent de plancher en solo sur les leurs dans la perspective des élections de 2021.
C’est au moins là les indices démontrant que de Bruxelles à Genève, en passant par Washington, New York et Jo’bourg, tout à l’Opposition n’est que succession d’hypocrisies avec, hélas !, l’aval, peut-être assumé, peut-être non, de la Cenco, du Clc, de l’Acaj, de l’Asadho, de Hwr, du GEC, de Lucha et autres Filimbi…
La Fondation Kofi Annan pourrait y perdre ses plumes après que Wade, Brahimi, Niasse, Mbeki et autres Kodjo aient sauvés les leurs à temps. Ils en savent, eux, beaucoup sur l’Opposition zaïro-congolaise. Ils ne sont pas étonnés d’apprendre l’avènement d’une autre première en RDCongo, celui de la naissance d’une nouvelle race d’acteurs politiques disposés à être «président-kamikaze pour présidence cocotte-minute» !
AVEC Omer Nsongo die Lema