Echec programmé à la prochaine présidentielle, défaite avant l’heure, capitulation de l’opposition … en RD Congo, les réactions à la désignation bizarre de Martin Fayulu Madidi pour représenter l’opposition à la prochaine présidentielle se succèdent et se ressemblent : ça ne marchera pas à l’élection présidentielle du 23 décembre 2018 pour l’opposition radicalisée. Qui tente ainsi de voler aux populations rd congolaises leur processus de démocratisation. Du 9 au 11 novembre 2018 dans un hôtel particulier de Genève, c’est un véritable plan du chaos qui a été concocté. Pas un programme ou un projet électoral. Car c’est le moins représentatif des acteurs politiques de l’opposition dans cette villégiature qui a été pour ainsi dire imposé en qualité de porte-étendard. Manifestement parce qu’il n’avait rien à gagner, de toutes façons, en décembre prochain.
Réactions unanimes
Aussitôt lue sur les ondes des radios locales d’une voix chevrotante par Bertrand Ewanga Is’Ewanga, l’ancien PPRD passé à l’UNC de Vital Kamerhe avant de trouver refuge plus confortable au G7 de Moïse Katumbi, la désignation par « vote » du candidat de la Dynamique de l’Opposition à la présidentielle 2018 en qualité de « candidat unique de l’opposition » a suscité moult réactions, la plupart contestatrices, des rangs de l’opposition. A commencer par cette saillie percutante de l’ex MLC passé au G7, Adam Bombole Intole, dont le posting qui transpire la révolte a été confirmé dans une intervention sur la radio Top Congo FM dimanche 11 novembre dans la soirée. « Prenons date ! C’est aujourd’hui que l’opposition a perdu les élections. Tout le reste ne sera que formalités. Que Dieu protège la RDC », écrit, désespéré, ce cadre katumbiste connu pour avoir postulé à la présidentielle 2011.
Littéralement abasourdi paraît également notre ancien confrère, Paul Diakiese, candidat aux législatives 2018 pour le compte de l’Alliance des Mouvements Kongo (AMK) du katumbiste Claudel-André Lubaya. Longtemps dissimulé sous les oripeaux de journaliste pour prêter davantage d’apparence d’objectivité à ses envolées oratoires en faveur d’une partie de l’opposition politique sur les écrans de télévision à Kinshasa, Paul Diakiese semble être tombé des nues, dimanche dernier, comme le Congolais lambda, en déclarant que « il faut comprendre que c’est aujourd’hui que l’opposition a perdu les élections ». Mais ils ne furent pas les seuls à étaler ainsi leur totale déconvenue.
La révolte aux portes de l’UDPS/T et de l’UNC
A l’UDPS/T où beaucoup avaient imprudemment vendu la peau de l’ours avant de l’avoir tué en annonçant un « plébiscite en faveur de Fatshi » qui n’est jamais venu, la déception fait carrément place à une colère qui gronde. Sur Top Congo dimanche, Augustin Kabuya s’est montré très tranchant : « Nous ne nous sommes pas battus pendant 36 ans pour qu’on nous impose un choix. Nous n’accepterons jamais qu’on nous impose un autre Z’Ahidi Ngoma … » a-t-il déclaré, faisant allusion à la désignation du défunt vice-président de la République pour le compte l’opposition interne rd congolaise en lieu et place du défunt Etienne Tshisekedi wa Mulumba à l’issue des pourparlers de Sun City. « Je n’ai jamais été d’accord avec cette histoire de candidat commun … », s’est souvenu Augustin Kabuya.
Dans le camp de l’autre candidat pressenti à la candidature unique de l’opposition, Vital Kamerhe, l’air n’était pas aux réjouissances non plus, dimanche dernier à Kinshasa. Comme en témoigne ce tweet rageur de Billy Kambale, un de ses porte-voix. « Notre candidat s’appelle Vital Kamerhe. Il est le n° 51. Il ne faut pas blaguer avec les gens », a-t-il affiché. Ici, même des acteurs politiques plutôt modérés comme Molendo Sakombi sont sortis de leur réserve habituelle. Le président de l’UNC pour la ville province de Kinshasa a sobrement mais crânement avoué à la presse que « Je n’ai pas l’impression qu’on a choisi le meilleur cheval ». Probablement parce que 7sur7.cd, le site internet très fréquenté mis sur pied par ce communicateur de formation, en dit très long sur le sujet dans « Bemba, Katumbi, Muzito les grands vainqueurs », la dépêche publiée dimanche après-midi à chaud, aussitôt tombé le verdict du chaos à Genève.
Stratégie de chaos ou appel du pied pour négocier
Parce qu’au-delà de ce qui a toutes les apparences d’un projet de campagne électorale en vue des scrutins du 23 décembre 2018, c’est d’une stratégie de chaos généralisé en RD Congo qu’ont accouché les dernières assises des opposants radicaux sous la férule du dernier gouverneur du Katanga qui s’est offert les services d’Alan Doss, un ancien officiel de la MONUSCO pour chaperonner et tenir en laisse son petit monde. A commencer par la création d’une nouvelle plateforme, en plus de ces innombrables regroupements de l’opposition politique. Lamuka (réveilles-toi en lingala), c’est le nom du regroupement mis sur pied à l’instigation des invalidés à la prochaine présidentielle, se fixe des objectifs qui appellent à un retour aux Accords politiques de Sun City en 2003, avec à la clé une révision constitutionnelle qui préserve les acquis des belligérances qui avaient entraîné la RD Congo au bord de l’éclatement dans les années ‘2000. « Jean-Pierre Bemba Gombo et Antipas Mbusa Nyamwisi sont passés par là », commente une source diplomatique manifestement bien rensignée sur le sujet à Kinshasa.
Pour faire place aux ambitions de Moïse Katumbi et son G7, Lamuka se veut également le porte-voix de l’inclusivité des élections. L’expression, quelque peu viciée, ne désigne plus l’inclusivité de tous les candidats en dépit des prescrits de la constitution et des lois en vigueur dans le pays auquel cas il aurait bien fallu poser le cas de Joseph Kabila, écarté de la course pour respecter un principe édicté par la constitution. C’est seulement des trois candidats retoqués à la prochaine présidentielle, Katumbi, Bemba, Muzito, qu’il s’agit, en réalité.
Plus de 40 millions d’électeurs seront appelés à se prononcer par leurs suffrages en décembre prochain mais pour les trois mousquetaires, les élections demeurent non inclusives tant que eux ne sont pas admis à y prendre part. C’est donc un arbitraire sans fard qui se dissimule derrière cette expression dénaturée.
Le retour en force du front du refus des élections
Genève, c’est donc le retour en force du front du refus des élections qui milite désespérément pour l’instauration, on ne sait trop sur quelle base constitutionnelle et légale, d’une « période de transition » avant l’organisation du moindre scrutin en RD Congo. L’évocation d’une partie de l’article 64 de la constitution qui appellerait tout Congolais à « se prendre en charge » indique que la nouvelle plateforme mobilisera pour contester, au besoin par la violence, et contrecarrer la tenue des scrutins dans quelques semaines. Ce ne sont pas les prétextes qui font défaut : « La coalition Lamuka poursuivra sans relâche le combat pour l’abandon de la machine à voter, le nettoyage du fichier électoral et la décrispation politique en vue de rendre ces élections libres, transparentes, inclusives, crédibles et apaisées », stipule la déclaration signée par les 7 leaders politiques de l’opposition dimanche 11 novembre à Genève. Dont acte.
J.N.
Les 10 objectifs de Lamuka, la nouvelle plateforme de l’opposition
1. Réaliser l’alternance démocratique par des élections libres, transparentes, crédibles, inclusives et paisibles ;
2. Restaurer et consolider l’ordre institutionnel de l’Accord global et inclusif de Sun City de 2002;
3. Présenter un programme commun de l’Opposition ;
4. Mettre fin à la crise politique actuelle et éviter le chaos organisé et programmé par Joseph Kabila ;
5. Arrêter la dégradation de la situation générale du pays ;
6. Consolider l’unité de l’opposition et des forces du changement ;
7. Assurer la victoire de l’opposition aux élections du 23 décembre 2018;
8. Poursuivre sans relâche le combat contre la machine à voter ;
9. Poursuivre sans relâche le nettoyage du fichier électoral ;
10. Poursuivre sans relâche la décrispation politique.