Le pari était des plus risqués. Mais Emmanuel Ramazani Shadary et le Front Commun pour le Congo l’ont engagé. Jeudi 8 novembre 2018, le candidat de la méga plateforme politique kabiliste à la présidentielle 2018 a affronté, et plutôt conquis, la difficile capitale diamantifère de la RD Congo. Mbujimayi, chef-lieu de la province du Kasai Oriental, c’est le fief de l’UDPS et du tshisedisme radical et tribal, point n’est besoin de s’en cacher. Aller à la conquête de sa population, dont la vie sociale est soumise à rude épreuve par les déboires financiers de la Minière de Bakwanga (MIBA), poumon économique de la province, n’était mince affaire. Ici, jusqu’aux dernières élections législatives et présidentielle en 2011, il fallait se réclamer d’Etienne Tshisekedi pour obtenir bulletin de vote. A une ou deux exceptions près. C’est dans une véritable fournaise que Ramazani Shadary a osé se rendre, une dizaine de jours seulement après le triomphe de Kinshasa, qu’une averse tombée de nulle part sur la ville a heureusement éteint, sans pour autant consumer la ferveur des mbujimayiens, retournée en faveur du remplaçant promis de Joseph Kabila à la tête de la RD Congo. Shadary a séduit.
Arrivé à Mbujimayi en milieu d’après-midi, jeudi 8 novembre 2018, le candidat FCC à la présidentielle 2018 a été accueilli à l’aéroport local de Bipemba par une foule nombreuse, une équipe de la mégaplateforme qui l’y avait précédé, dont le 1er ministre Bruno Tshibala Zenzhe, et une pluie torrentielle quelques minutes plus tard. Les témoins de l’événement rapportent que c’est péniblement que le cortège drainant derrière lui tout ce beau monde s’est frayé un chemin vers le stade Kashala Bonzola, un bijou architectural qui date de moins d’un an, et fait la joie des populations très sportives de la province.
Les lieux gagnés quelques minutes plus tard éteint, eux aussi, pleins. Le stade Kashala Bonzola, du nom évocateur de cet ouvrier rd congolais qui perdit la vie dans un accident de travail sous la férule coloniale, plein à ras-bord, a dû refuser du monde. Celui qui avait suivi le cortège depuis l’aéroport de Bipemba, particulièrement. Selon les estimations les plus modérées, ce sont bien quelque 30.000 personnes qui avaient envahi l’antre du football mbujimayien, dont la capacité « normale » est de 23.000 places assises. Ce n’est pas rien dans une agglomération frondeuse dont l’électorat se chiffre à 1.097.248 électeurs (pour l’ensemble de la province). Force a été, devant la ferveur des populations qui ont bravé les torrents pour applaudir le candidat du FCC, d’effectuer un tour d’honneur des lieux, comme un champion sportif. Ramazani Shadary l’a fait sous pluie battante, mais sans doute réchauffé par les applaudissements du public, qui a apprécié « le sacrifice ».
A Mbujimayi, Emmanuel Ramazani n’était pas en campagne électorale, certes. Cela, le candidat du FCC a tenu à le souligner à l’intention de tous et de chacun. « Nous ne sommes pas en campagne. Mais préparez-vous. Les élections auront lieu et nous allons les gagner pour l’intérêt supérieur de la population et l’enracinement de la démocratie », a lancé Ramazani Shadary aux Mbujimayiens. Avant de présenter le comité provincial du FCC, coiffé par le gouverneur Alphonse Ngoy Kasanji.
J.N.