Trop d’activisme politique au détriment de la pastorale. Les catholiques ont toujours évité de le dire tout haut, mais n’en ignoraient pas moins pour autant que par rapport au Cardinal équatorien, Etsou Nzabi Bamungwabi, Laurent Monsengwo n’a pas allumé suffisamment de flamme de piété parmi les fidèles catholiques à Kinshasa. Même pas parmi ses innombrables ferventes de la Sainte Vierge Marie Immaculée, dont les rites de dévotion ont connu leurs meilleurs jours sous le mandat du Scheutiste Mgr Etsou à la dignité cardinalice et aux commandes de l’archidiocèse de Kinshasa vers la fin de l’ère politique mobutienne.
Mais, on le sait et on le répète chez les catholiques : « Rome est lent à réagir ». Mgr Laurent Monsengwo Pasinya, plusieurs fois président de la Conférence Episcopale Nationale du Congo (CENCO) et à ce titre, interlocuteur des pouvoirs politiques en RD Congo, a fini par être « gâté » par l’usure de la proximité des pouvoirs religieux et politiques. C’est à peine si l’ancien président de la Conférence Nationale Souveraine du Zaïre (CNS) qui a sonné le glas de la dictature mobutiste n’a pas accédé au top job au pays de Patrice Lumumba. Mais, même alors, le prélat originaire de la toute puissante province ecclésiastique comprenant son Bandundu natal, Kinshasa et le Kongo Central n’en a pas moins régenté en règle tout ou partie de l’assemblée des évêques rd congolais, ses collègues au sein de la CENCO. Au point d’entraîner l’Eglise catholique romaine rd congolaise, tête baissée devant l’autel, dans un activisme politique des plus partisans. Au nom de Dieu le Père.
Pas la peine de rédiger encyclique et encyclopédie sur cette réalité qui crève encore les yeux. La dernière année civile de son mandat à la tête de l’archidiocèse de Kinshasa la capitale de la RD Congo, Laurent Monsengwo Pasinya l’aura toute entière consacrée à combattre férocement le pouvoir de Joseph Kabila, le Chef de l’Etat rd congolais, qu’il a détesté plus que quiconque au monde, manifestement. Mi-2017, l’archevêque métropolitain de la capitale a carrément prêté installations et personnel clérical à la cause politique anti-Kabila, organisant marches de contestation politique et faisant tinter les cloches des églises paroissiales pour « dégager » ceux qu’il qualifie de “médiocres”.
C’en était trop, même pour le Saint Siège, qui a perdu un Nonce Apostolique dans l’affaire. Mgr Federico Montemayor, trop engagé en faveur de manifestations politiques cléricales à Kinshasa, a été rappelé à Rome et remplacé par Mgr Ettore Balestrero en juillet 2018. Mais quelques mois plus tôt, en février 2018, le Vatican avait formellement nommé un archevêque coadjuteur à Kinshasa, Mgr Fridolin Ambongo. Jusque-là évêque de Mbandaka-Bikoro, le nouveau prélat était flanqué à l’archevêque de Kinshasa pour assurer un passage de flambeau en douceur, comme seules savent le faire Rome et le Vatican. La porte de sortie était désormais largement ouverte pour Laurent Monsengwo Pasinya, qui avait déjà dépassé l’âge de la retraite.
Au sommet du bouillant et décidément trop politique archidiocèse de Kinshasa, la période de transition politique a pris fin jeudi 1er novembre 2018. Comme un certain 6 février 2018, l’archevêque métropolitain de Kinshasa a annoncé aux fidèles rassemblés à Kinshasa la nomination de Fridolin Ambongo en qualité d’archevêque par le Pape François. En même temps que son admission à la retraite. Ordonné prêtre en 1988, Mgr Fridolin Ambongo est issu de l’Ordre des Frères Mineurs Capucins (des Franciscains). En 2004, il a été nommé évêque de Bokungu-Ikela, dans la province de l’Equateur (dans l’ouest de la RDC) où il est d’ailleurs né le 4 janvier 1960 à Boto. Il a passé une bonne partie de ses études dans la même province, dont celles de philosophie au séminaire de Bwamanda et de théologie à l’Institut Saint-Eugène de Mazeno. Il a gravi tous les échelons de sa congrégation jusqu’à devenir le président national de l’Assemblée des Supérieurs majeurs (Asuma) et du district des Frères mineurs capucins en Afrique (Concau). En 2008, il a été nommé administrateur apostolique du diocèse de Kole au centre de la RDC, puis président de la Commission épiscopale ‘Justice et Paix’ et administrateur apostolique de Mbandaka-Bikoro, avant d’être nommé archevêque du même archidiocèse le 12 novembre 2016.
J.N.