Elle n’aura laissé personne indifférent, la méga-manifestation politique organisée par le Front Commun pour le Congo, le nouveau regroupement politique dont Joseph Kabila est l’autorité morale. Qu’ils aient voulu ou non, les kinois n’ont pas pu se soustraire aux effets d’entraînement du rendez-vous du Stade Tata Raphaël sur les bords de l’Avenue Sendwe dans la commune de Kalamu. Où tout aura vibré sous le rythme de la fête kabiliste durant de nombreuses heures, au grand dam d’un groupe d’acteurs et leaders politiques de l’opposition. Quelques heures plus tôt, vendredi 26 octobre 2018 dans la mi-journée, la marche organisée pour contester la machine à voter et la présence d’électeurs dans empreintes digitales sur les listes électorales, n’avait pu tenir la route. Faute de participants. Et s’était muée en manifestation contre un parti politique de l’opposition, l’UDPS/T de Félix Tshilombo Tshisekedi. Selon les estimations de la direction provinciale de la police nationale Congolaise, quelque 4.000 manifestants avaient battu le pavé pour contester l’incontestable vendredi dernier. Des observateurs indépendants, moins optimistes, assurent n’avoir aperçu que quelques centaines de marcheurs, pas plus.
Suffisant pour « foutre la trouille » en face, selon l’expression d’un certain Papy Tamba, communicateur de la Majorité Présidentielle (MP) au pouvoir en RD Congo. Sur les réseaux sociaux dont sont si friands les kinois et dans certains médias périphériques, la Radio France Internationale (RFI) notamment, des activistes proches de l’opposition ont aussitôt tenté de minimiser l’impact du triomphe kabiliste. Georges Kapiamba, qui se présente habituellement comme juriste et défenseur des droits de l’homme, est sorti de sa réserve pour dénoncer l’utilisation des fonds publics dans l’organisation de la réussite du triomphe du Stade Tata Raphaël. Pour rassembler quelque 200.000 personnes, le FCC a dû puiser dans les caisses de l’Etat, a suggéré cet avocat qui émarge des listes de l’opposition radicale en RD Congo. Comme pour insinuer que sans le pactole étatique les kabilistes n’auraient pas réussi leur sortie.
L’affirmation ne tient pas la route, malheureusement pour Kapiamba et beaucoup d’autres après lui, qui ont plongé tête baissée dedans. « Il ne faut pas continuer à mentir au peuple. Tous les partis le font. Je le dis sans peur d’être contredit», a révélé Stève Mbikayi, un opposant qui dirige le Parti Travailliste et n’a intégré le gouvernement d’Union que depuis septembre 2016. « Nous nous connaissons et nous savons comment cela se passe même à l’opposition », soutient-il, lançant un défi à quiconque parmi ses anciens collègues de l’opposition d’apporter un démenti sur cette pratique avérée. « Les frais de transport des combattants, c’est 5 UDS au G7 de Moïse Katumbi » révèle un cadre du MLP de Frank Diongo, dont les combattants avaient été surpris bataillant pour ne pas se faire rouler par la farine à la FIKIN il y a peu.
On doit sans nul doute au G7 Olivier Kamitatu, la réaction la plus sensée dans ce débat qui relève de la politique de l’autruche. Sur son compte Twitter, le katumbiste assure et se rassure à peu de frais : « les manifestants du Stade Tata Raphaël sont des kinois friands de spectacle », se console-t-il.
Mais la vérité git sans doute ailleurs, dans le fait que candidat du plus grand regroupement politique qui ait jamais existé en RD Congo, le FCC, Ramazani Shadary est porté un nombre incalculé (encore) de leaders, partis et regroupements politiques acquis, tous et chacun, à la cause d’un seul homme.
J.N.