Le Comité Laïc de Coordination (CLC) n’est plus en odeur de sainteté dans l’archidiocèse catholique de Kinshasa. Le groupe d’agitateurs politiques créé à l’initiative du Cardinal archevêque de Kinshasa au milieu de l’année dernière pour en découdre avec Joseph Kabila et sa majorité au pouvoir à Kinshasa semble ainsi voué à une lente mais sûre disparition. A tout le moins, il perd la qualité d’organisation faisant partie intégrante de l’église catholique officielle, derrière laquelle il se dissimulait pour attraire les fidèles dans ses manifestations politiques. Selon des informations parues dans la presse à Kinshasa, une correspondance en bonne et due forme de l’Abbé Georges Njila, ci-devant chancelier de l’archidiocèse de Kinshasa, les curés de la capitale sont priés de suspendre toutes les conférences du CLC dans leurs paroisses.
Parce que le CLC gîtait carrément dans les paroisses catholiques qui lui offraient gracieusement leurs locaux, particulièrement, la paroisse St Joseph de Matonge qui abritait jusque-là le siège des mousquetaires de Monsengwo. Malgré l’accord de siège qui lie le Vatican à la RD Congo et qui interdit expressis verbis l’utilisation des lieux cultuels à des fins politiques. L’activisme du CLC, qui s’est lancé dans l’organisation de manifestations de contestation du pouvoir à Kinshasa et dans certaines agglomérations de la RD Congo ont entraîné mort d’hommes, au nom de Dieu. Il est apparu que les marches organisées au départ de toutes les paroisses kinoises en même temps, à grands renforts de casseurs professionnels de l’UDPS/Limete. notamment, visaient une insurrection populaire. Mais elles étaient couvertes par la hiérarchie de l’église catholique de Kinshasa.
Le 5 octobre 2018, le CLC a annoncé l’organisation de manifestations publiques contre les élections prévues le 23 décembre 2018, et semble être allé trop loin, cette fois-là. Parce que l’Eglise catholique est engagée jusqu’au cou en faveur de la tenue de ces scrutins. Des Ong internationales et des gouvernements occidentaux financent la formation de quelques dizaines de milliers d’observateurs électoraux de l’Eglise catholique, et il paraissait contradictoire de manifester contre les élections soutenues par l’église officielle.
En fait, les mousquetaires de Laurent Monsengwo Pansinya conduits par Isidore Ndaywel ont plus qu’opéré un virement 180° vers… la tirelire de l’ancien gouverneur du Katanga, Moïse Katumbi, interdit de présidentielle pour nationalités multiples, notamment. C’est le patron du G7 et de « Ensemble pour le changement », des regroupements politiciens mis sur pieds pour appeler au boycott du processus électoral, qui ne veut pas d’élections auxquels, et non pas l’église catholique.
Escroqueries morales
Mais le CLC n’est pas à sa première escroquerie morale près. Dans un spot de sensibilisation contre la machine à voter (contre les élections de décembre prochain, en fait), la centrale activiste qui a évolué sous les couleurs de l’archidiocèse de la capitale jusque-là assure que l’article 237 ter de la loi électorale interdirait l’utilisation de la machine à voter. Le mensonge de ces « chrétiens catholiques » est flagrant : l’article 237 ter auquel il est fait allusion est un article de la loi électorale 2011, modifiée par le parlement en 2015 en fonction du nouveau processus électoral. Mais cela, Ndaywel et ses collègues n’osent pas le dire aux fidèles visés par la campagne de boycott inspirée par Moïse Katumbi. « Le mode de vote électronique ne peut être appliqué pour les élections de 2011-2013 », peut-on lire sur cette loi n°11/003 du 25 juin 2011 modifiant la Loi n° 06/006 du 09 mars 2006 portant organisation des élections présidentielle, législatives, provinciales, urbaines, municipales et locales. En 2015, cette loi a été modifiée par la Loi n° 15/001 du 12 février 2015 modifiant et complétant la Loi N° 06/006 du 09 mars 2006, expliquent des juristes. Dans la nouvelle loi en vigueur, l’article 237 ter stipule que « Le mode de vote électronique ne peut être appliqué pour les élections en cours ». Le mensonge catholique est à la fois criard et décevant de la part d’une catégorie de la société qui prétend incarner l’intégrité morale parfaite.
J.N.