Les manifestations de protestation annoncées par un groupe de leaders politiques de l’opposition hostiles à la machine à voter (aux élections, en réalité, selon la Majorité Présidentielle au pouvoir) n’ont pas démarré sous de bons augures. Le meeting prévu samedi 13 octobre à Lubumbashi, en prélude à une marche vendredi 26 octobre 2018 n’a pas eu lieu. Sur décision de la mairie de Lubumbashi, le rassemblement des opposants avait été « reporté pour des raisons sécuritaires et d’harmonisation », selon un communiqué diffusé vendredi 12 dans la journée. Mais les leaders de l’opposition se sont opposés à la décision des autorités administratives lushoises et opté pour un bras de fer qui n’a rien produit. Les forces de police déployées dans les secteurs stratégiques de la capitale cuprifère ont réussi à éviter tout attroupement et aucune manifestation interdite n’a été possible, simplement. Malgré l’inflation des récriminations, de Delly Sessanga (Ensemble pour le Changement), ou encore de Eve Bazaiba. « Nous étions à la mairie pour nous enquérir de quel doit une maire peut s’ériger en entrave à la tenue d’une manifestation pacifique des congolais. Cet état d’exception qui semble élire domicile ici dans le Haut-Katanga doit cesser. Le Haut-Katanga fait partie de la RDC comme toutes les provinces », a littéralement pesté le parton de l’Envol selon des propos rapportés par Actualités.cd. La secrétaire générale du MLC de Jean-Pierre Bemba se contentant pour sa part de dénoncer sur les réseaux sociaux l’encerclement de la résidence de Kyungu wa Kumwanza où se trouvaient les leaders politiques dépêchés de Kinshasa. « Toutes les voies qui mènent vers la résidence de Kyungu ont été barricadées par la police », a expliqué Eve Bazaiba. Pour les combattants, pas pour les leaders politiques qui eux ont été autorisés à se rendre chez Gabriel Kyungu wa Kumwanza président de la plateforme de Moïse Katumbi Chapwe dans l’ex Katanga.
Les forces de l’ordre défiées ?
En réalité, contrairement au meeting organisé par les mêmes leaders de l’opposition sur boulevard triomphal à Kinshasa il y a quelques semaines, à Lubumbashi des pans entiers de l’organisation échappaient aux responsables de la police. Au cours d’une intervention autour de la sécurisation du processus électoral en RD Congo sur la radio Top Congo FM le 11 octobre dernier, le Colonel Pierrot Mwanamputu avait expliqué que les manifestations publiques ne sont autorisées que dans la mesure où les organisateurs conviennent de tous les détails avec la police. « Si nous convenons avec les organisateurs que la manifestation se tiendra à tel endroit précis à partir de telle heure, et que sans nous en avoir prévenus, l’organisateur déploie des caravanes à travers les avenues, nous allons les disperser », avait-il soutenu. Des sources à Lubumbashi rapportent que Gabriel Kyungu ne s’est pas soumis à toutes les exigences des forces police qui ont conseillé le report pur et simple de la manifestation.
A Lubumbashi, le week-end dernier, avaient pourtant afflué les Martin Fayulu, Olivier Endundo, Adolphe Muzito, Christophe Lutundula, en plus d’Eve Bazaiba. En l’absence de Félix Tshilombo Tshisekedi en voyage à l’étranger, Jacquemin Shabani a tenu les rangs pour le compte de l’UDPS/Limete. Pour un voyage qui ne fut pas exempt de contradictions, les mêmes contradictions qui minent l’opposition mais que tous ici font semblant de ne pas apercevoir. En principe, le meeting de Lubumbashi, préparé de longue date par le G7 katumbiste, visait à relancer la thèse du refus catégorique des élections de décembre prochain dont sont exclus certains leaders de l’opposition, principalement Moïse Katumbi Chapwe. Divergences sur la participation aux scrutins de décembre
Mais sur la question de la participation aux scrutins du 23 décembre 2018, cela saute aux yeux, peu sont ceux des partis et regroupements politiques de l’opposition qui se hasarderont à les boycotter. A commencer par l’UDPS/Limete Félix Tshilombo, dont les préoccupations sont résolument tournées vers l’amélioration de son image de leader incontestable de l’opposition. Même si son parti avait délégué… son président de la commission électorale ( !) à Lubumbashi, l’UDPS/Limete n’était déjà pas signataire du communiqué appelant à multiplier les prestations publiques contre la machine à voter, jeudi 11 octobre dernier. Le parti de la 10ème rue Limete/Résidentiel n’est pas le seul à se préoccuper des échéances de décembre prochain. Interrogé par Top Congo FM dimanche soir, Eve Bazaiba, la secrétaire générale du MLC a déclaré sans ambages qu’après une réunion d’évaluation des actions de l’opposition en la résidence Kyungu, dimanche dernier, les leaders de l’opposition sont rentrés à Kinshasa « … parce que tous les partis politiques sont occupés à préparer leurs bases électorales (aux prochaines élections) ». Ce n’est pas la manière idéale de soutenir la position nihiliste du dernier gouverneur du Katanga qui appelle plutôt au boycott du processus électoral.
J.N.