L’information a fait l’effet d’une véritable bombe dans certains milieux politiques à Kinshasa. Mardi 9 octobre 2018, l’ambassadrice Américaine aux Nations-Unies, Nimrata Nikki Randhawa Haley, avait démissionné de ses fonctions. Mais aussi, que Donald Trump, le président des Etats-Unis avait aussitôt accepté la démission de cette tonitruante « dame de fer version yankee » qui comptait parmi les personnalités politiques les plus en vue du Parti Républicain et des Etats-Unis. Les raisons qui ont poussé cette diplômée de comptabilité férue de questions fiscales convertie avec succès à la politique active (élue deux fois gouverneure de la Caroline du Sud) ne sont pas connues. C’est à peine si au terme d’une rencontre avec son ancienne représentante aux Nations-Unies, mardi dernier, Donald Trump les a effleuré en déclarant qu’« elle m’a dit il y a environ six mois (…) qu’elle souhaitait prendre une pause », après avoir fort élégamment signalé qu’« elle a fait un travail fantastique ».
Mais en RD Congo, il en fallait plus pour convaincre des médias extrêmement engagés et une certaine opinion que le départ de cette fille d’immigrés indiens Sikhs relève des questions politiques américano-américaines, strictement. Et non pas de quelconques problèmes rd congolais, comme l’a si hardiment suggéré un tabloïd kinois, tablant désespérément sur les déclarations de l’ambassadrice Américaine au conseil de sécurité en faveur du rejet de la machine à voter, de la restructuration de la CENI et de l’application de celles des résolutions de l’Accord politique du 31 décembre 2016 relatives à la décrispation politique. Même si sur ces questions il semblait clairement que Nikki Haley ait été induite en erreur par des lobbies à la solde de certains leaders politiques de l’opposition.
Présentée comme un soutien à l’opposition rd congolaise
Dans un discours au Conseil de sécurité en février 2018, la désormais ex. ambassadrice Américaine disait que les Etats-Unis étaient « profondément préoccupés par l’insistance de la commission électorale à utiliser un système de vote électronique qui n’a jamais été utilisé en RDC … ». Avant d’ajouter que « Les Etats-Unis n’ont pas envie de soutenir un système de vote électronique ». Seulement, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts depuis lors, et il s’avère qu’il n’a jamais été question de vote électronique à proprement parler en RD Congo, ainsi que l’opinion internationale et nationale ont fini par s’en convaincre.
Le récent séjour d’une délégation du conseil de sécurité qui s’est rendue à Kinshasa sans l’ambassadrice Américaine a, lui aussi, été commenté en sens divers, et notamment à l’aide de lorgnons de politique interne rd congolaises. Avant que la démission annoncé le 9 octobre dernier ne vienne lever les équivoques diffusés dans l’opinion : Nikki Haley avait sûrement déjà annoncé sa démission à qui de droit et ne pouvait donc en aucune façon effectuer le déplacement de la capitale rd congolaise rien que « pour les beaux yeux » des opposants politiques à Joseph Kabila.
Véritable étoile montante du Parti Républicain, Mme Haley avait été pressentie il y a quelques mois secrétaire d’Etat aux Affaires Etrangères en remplacement de Rex Tillerson, limogé au mois de mars dernier, avant que Mike Pompeo ne rafle la mise. Mais les potentialités politiques de la première gouverneure d’origine indienne des Etats-Unis ne se limitent pas aux fonctions de secrétaire d’Etat, même aux Affaires Etrangères.
Etoile montante du Parti Républicain
En janvier 2016, Nikki Haley est citée parmi les candidates potentielles à la vice-présidence des Etats-Unis en raison de ses extraordinaires compétences en matière de fiscalité, mais aussi de ses aptitudes à la conciliation, comme un certain nombre de nouveaux leaders politiques Américains nés de parents immigrés mais démographiquement très représentatifs. La Gouverneure de l’Etat de Caroline du Sud, partisane du Candidat de la Floride Marco Rubio à l’élection primaire républicaine, est d’ailleurs connue pour avoir critiqué Donald Trump au sujet de la déclaration de ses revenus. Et même après le retrait de Marco Rubio de la course à la Maison Blanche, Nikki Haley avait d’abord jeté son dévolu sur le candidat Ted Cruz avant de se résoudre en dernière minute à apporter son soutien à l’actuel Chef de l’Etat Américain.
Certes, Nikki Haley a déclaré mardi dernier qu’elle n’envisageait pas de se lancer dans la course à la présidentielle américaine. Mais le fait est que l’ancienne Gouverneure de la Caroline du Sud (elle avait démissionné de ses fonctions au profit de son poste d’ambassadeur permanente aux Nations-Unies à deux ans du terme de son mandat électif) compte bel et bien parmi les favoris au remplacement de Donald Trump.
Encore que d’autres questions sensibles peuvent avoir motivé la démission-surprise de Nikki Haley de fonctions politiques qui la plaçaient au-devant la scène dans son pays et à travers le monde. La démission de Mme Haley (Michael, un officier de la Garde Nationale de l’armée de Caroline du Sud) a été annoncée 24 heures après qu’un organisme de surveillance anti-corruption l’ait accusée d’avoir accepté sept voyages en avion privé de luxe en cadeau de la part de chefs d’entreprise de la Caroline du Sud. Mais on sait, aux Etats-Unis, que c’est depuis le 3 octobre dernier que l’ambassadrice de Donald Trump à l’ONU avait déposé sa démission.
Il y a donc à boire et à manger, comme on dit, dans le départ encore inexpliqué de Nikki Haley de la représentation américaine à l’ONU. Mais il n’y a certainement pas de menu rd congolais là-dedans.
J.N.