La stratégie relève désormais de la plus ridicule des distractions populaires, mais les acteurs politiques de l’opposition en RD Congo ne semblent pas capables de faire mieux. Sept des leaders de cette frange de la classe politique au pays de Patrice-Emery Lumumba, Félix Tshisekedi, Jean-Pierre Bemba, Vital Kamerhe, Moïse Katumbi, Martin Fayulu, ont appelé jeudi 11 octobre 2018 à des marches de protestation contre l’usage de la machine à voter au lendemain d’une réunion sur le sujet avec la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI). C’est, à tout le moins, ce qu’annonce la déclaration commune publiée à Kinshasa à cet effet. « L’opposition appelle le peuple congolais à se mobiliser dans le cadre du programme d’actions qu’elle a préparé pour exiger l’impression des bulletins de vote manuel, conformément à la loi électoral et au calendrier publié par la CENI. L’opposition confirme dans ce cadre les actions suivantes : la tenue d’un grand meeting à Lubumbashi, ce samedi 13 octobre 2018, et l’organisation des marches de protestation le 26 octobre 2018 », a déclaré Martin Fayulu lisant la déclaration prétendument commune. Moïse Katumbi, Vital Kamerhe, Adolphe Muzito, Jean-Pierre Bemba, Martin Fayulu, Félix Tshisekedi et Freddy Matungulu auraient signé la déclaration ainsi lue devant la presse.
Mais peu dans l’opinion croient encore à « ces mystifications propres aux acteurs politiques de l’opposition de qui on attend qu’ils se mettent d’accord sur une candidature unique à la prochaine présidentielle, et non pas qu’ils appellent à des nouvelles marches inutiles », a expliqué au Maximum un vieux combattant de l’UDPS/T, interrogé au téléphone jeudi dans la soirée. Le nouveau subterfuge opposant ne paie pas de mine, en effet. Parce que du côté de l’UDPS/Tshisekedi sur la 10ème rue Limete et partout ailleurs à la base électorale du parti, les combattants sont entretenus heure après heure des nouveaux exploits diplomatiques de leur candidat à la prochaine, Félix Tshilombo Tshisekedi, qui, après une audience en pompes chez l’Ougandais Yoweri Museveni séjourne à Bruxelles en Belgique avant de poursuivre sa randonnée aux Etats-Unis d’Amérique. « Pas pour continuer à grossir de ses combattants les rangs d’une opposition éternelle mais pour préparer la participation aux échéances électorales de décembre prochain », explique encore ce combattant. Qui assure que « l’UDPS, c’est plus de 30 ans de combat dans les rangs de l’opposition. Il est temps que le parti concentre ses efforts sur l’accession au pouvoir d’Etat pour mettre en application son programme de gouvernance ».
En deux mots comme en mille, le communiqué lu jeudi 11 octobre 2018 par Martin Fayulu ne peut avoir été signé par celui que l’on surnomme affectueusement Fatshi. Absent du pays, Félix Tshilombo s’était déjà fait représenté aux 2 réunions convoquées par la CENI pour accorder les violons au sujet de la machine à voter et des électeurs sans empreintes digitales. L’activisme de son parti et de ses combattants en vue des échéances électorales qui approchent mettent en doute sa signature au bas d’un communiqué rédigé en son absence.
On peut dire la même du MLC Jean-Pierre Bemba, candidat retoqué à la présidentielle, qui n’a pu prendre part aux conciliabules de la CENI. En réalité, le MLC et son président n’ont aucun intérêt à entraîner leurs combattants dans des manifestations publiques qui feront le lit des protagonistes à la prochaine présidentielle.
Seulement 5 des 7 leaders des partis politiques de l’opposition peuvent donc avoir signé l’appel à manifester du 26 octobre prochain. Mais sans l’UDPS/T, ils ne sont plus capables de mobilisation à Kinshasa, selon les observateurs. La manifestation de protestation contre la machine à voter du 26 octobre prochain a toutes les chances de n’attirer l’attention de personne à Kinshasa.
J.N.
NOUVELLES MANIFESTATIONS DE L’OPPOSITION : Pour une nouvelle transition ou contre la machine à voter ?
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