Attendue comme une bouée de sauvetage par les acteurs politiques de l’opposition, le séjour de la délégation du Conseil de sécurité des Nations-Unies n’aura, au finish, pas répondu aux attentes. Ni les attentes relatives au rejet de la machine à voter, l’élargissement du consensus conseillé par la délégation conduite par François Delattre se limitant strictement aux observations techniques éventuelles. Ni celles, encore plus insistantes, qui exigent le retrait des listes électorales des enrôlés sans empreintes digitales.
Sur cette dernière qui met en cause la présence de 6 millions d’électeurs sur les listes électorales, les opposants accusent un retard impossible à rattraper, faute de comprendre quoique ce soit aux arcanes de la technologie et des usages en matière électorale. Se conformant en cela aux lois en vigueur, la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI) s’est lancée dans l’opération d’affichage des listes électorales pour répondre aux récriminations autour de ces enrôlés sans empreintes digitales, un peu trop vite assimilés aux enrôlés fictifs par les acteurs politiques de l’opposition. Ils ne le sont pas, selon la CENI qui assure que la loi électorale permet l’enrôlement d’électeurs sans empreintes, et qu’il donc hors de question de les élaguer des listes électorales. Seule concession consentie : permettre aux parties prenantes au processus électoral de fournir les preuves de leurs accusations en publiant les listes électorales. Mais plusieurs semaines après le lancement de l’opération, les millions d’enrôlés prétendument fictifs tarde à être dénoncé.
Pour tout couronner, le séjour de la délégation du Conseil de sécurité des Nations-Unies à Kinshasa aura eu le don d’embarrasser davantage les tenants de la thèse des enrôlés fictifs. Au cours d’échanges au siège de la CENI à Kinshasa, la délégation conduite par l’Ambassadeur Français aux Nations-Unies, François Delattre, a posé le problème des enrôlés sans empreinte. Pour y répondre, exercices de démonstrations technologiques à l’appui, un échantillon d’enrôlés sans empreintes digitales a été isolé aux fins de vérification d’identités. Et parmi le lot ainsi isolé se sont retrouvés, tout à fait par hasard selon des sources dans l’administration électorale rapportées par Congovirtuel, quelque 1000 candidats députés disséminés dans les 4 circonscriptions électorales de Kinshasa. La découverte met, quelque peu prématurément, mais définitivement un terme au débat sur les fameux enrôlés sans empreintes. Questionnés par les membres de la délégation du Conseil de sécurité, les techniciens de l’administration électorale expliquent que la situation est tout à fait normale. « La quasi-totalité des candidats aux législatives nationales est constituée d’électeurs enrôlés dans les mêmes conditions identiques pour tout le monde. C’est après s’être enrôlés qu’ils sont devenus candidats à la députation », selon la CENI.
Des candidats députés enrôlés sans empreintes digitales qui ne sont donc pas des enrôlés fictifs, cela remet en cause toute la thèse défendue bec et ongles par les thuriféraires de l’opposition politique rd congolaise, décidément très peu au fait des questions électorales. Car la question qui se pose dès lors consiste à savoir « si ces candidats sans empreintes digitales mais déjà validés aussi bien par la CENI que par la Cour constitutionnelle doivent être retirés des listes électorales ou pas », ainsi que s’interrogent nos confrères de Congovirtuel. Qui se demande aussi ce qu’il adviendra de ce problème d’enrôlés sans empreinte lorsque l’exercice d’isolement effectué à Kinshasa sera appliqué aux listes électorales dans les circonscriptions électorales de l’intérieur du pays.
En attendant d’en savoir davantage sur ces révélations qui clouent les défenseurs de la thèse de l’élagage des enrôlés sans empreintes digitales des listes électorales, la CENI persiste et signe en assurant que les empreintes digitales ne sont essentielles que pour la fiabilisation du fichier électoral, et que les éléments d’identification les plus importants pour être électeur et éligible figurent sur la carte d’électeur.
Pour leur part, les membres de la délégation du Conseil de sécurité de l’ONU se sont montrés impressionnés par le nombre d’éléments d’identification d’un simple électeur dans un fichier électoral. Certains parmi eux se demandant même s’ils se trouvaient en présence d’un fichier électoral ou d’un répertoire de criminels de type islamistes, selon Congovirtuel.
Dossier à suivre.
J.N.