Une délégation du Conseil de sécurité forte de 15 membres est arrivée jeudi 4 octobre 2018 à Kinshasa en vue d’évaluer le mandat qui a été confié à la Mission de l’ONU pour la Stabilisation de la RD Congo (MONUSCO). C’est, au-delà de la polémique que suscite cette visite onusienne après que le Chef de l’Etat de la RD Congo ait formellement exigé, à la dernière assemblée générale de l’ONU, le retrait progressif mais effectif des forces onusiennes dans son pays. Florence Marshall, la porte-parole de la mission onusienne en RD Congo, assure en effet que « Il est fréquent que le Conseil de sécurité se rende dans des pays dans lesquels il y a des opérations de maintien de la paix dans la mesure où c’est le même Conseil de sécurité qui adopte les résolutions qui guident le travail des opérations de maintien de la paix. Vous le savez, la MONUSCO a sa feuille de route qui est inscrite dans la résolution 2409 qui a été adoptée à la fin du mois de mars par le Conseil de sécurité. Donc il est normal que le Conseil de sécurité se rende sur le terrain afin d’évaluer la façon avec laquelle le mandat qui a été donné à la mission est mis en œuvre. Donc en ce qui concerne la RDC, le premier volet, celui du processus politique et électoral et celui de la protection des civils et de la neutralisation des groupes armes », a-t-elle expliqué au micro de la radio onusienne à Kinshasa.
La porte-parole onusienne indique aussi que ces membres du Conseil de sécurité vont rencontrer les parties prenantes au processus électoral. « Le conseil de sécurité va rencontrer les autorités congolaises, toutes les parties prenantes au processus électoral, la société civile. Ces membres viennent à la fois pour recueillir les informations, pour se rendre compte de la situation. Ils vont aussi délivrer les messages, mais ce n’est pas à moi de vous donner les massages qu’ils vont délivrer. Mais c’est sûr que la question électorale figurera parmi les points importants qu’ils vont aborder lors de cette visite », a-t-elle indiqué.
Néanmoins, la mission du Conseil de sécurité en RD Congo, à moins de deux mois des élections, également confirmées par Joseph Kabila à tribune des Nations-Unies, et prévues en décembre prochain, intervient dans un climat de tension. Kinshasa, qui réclame depuis plusieurs années le retrait des troupes onusiennes dont l’efficacité sur le terrain des opérations est plus que sujette à caution depuis plusieurs années, a résolument durci le ton. Les onusiens doivent plier bagage, au moins en partie, et le mandat des casques bleus revisité pour les rendre plus efficaces sur le terrain. Après l’intervention de Joseph Kabila à la tribune des Nations-Unies, la réunion extraordinaire du conseil des ministres du mardi 2 octobre 2018 affirmait encore que les Forces Armées de la RD Congo (FARDC), confrontées aux forces négatives dans certaines des provinces du pays, combattaient seules. Une affirmation qui ressemble à s’y méprendre à une réplique aux informations faisant état d’un gel de livraison d’armes destinée aux troupes onusiennes décrétée par Kinshasa. De l’armement destiné au nouveau bataillon indonésien de déploiement rapide a été bloqué par les autorités rd congolaises. Kinshasa est même allé jusqu’à menacer de bloquer l’arrivée de toute la logistique à l’attention de tous les nouveaux contingents de la MONUSCO, rapportent nos confrères de la RFI. Qui expliquent que la RD Congo bouderait ainsi le déploiement d’un nouveau bataillon onusien sans concertation préalable, autant que «l’importation d’armes et de munitions en quantités surestimées”. « La Monusco ne nous informe même pas sur les quantités d’armes perdues par leurs casques bleus au profit des groupes armés », dénonce encore une source militaire à cet effet, citée par RFI.
Pas de participation aux combats, pas d’importation d’armes au profit des casques bleus. Entre l’ONU et la RD Congo, ce n’est plus la lune de miel.
J.N.