La bagarre électorale s’annonce rude, très rude, aux provinciales du 23 décembre 2018 dans la ville province de Kinshasa. Dans la mégapole kinoise créditée de plus de 12 millions d’âmes, 4.800.000 personnes se sont inscrites sur les listes électorales. Elles départageront 2007 prétendants aux 44 sièges dans la prochaine assemblée provinciale, qui à leur tour aura la responsabilité d’élire le gouverneur de la ville pour succéder au FCC-PPRD-RENOVAC-PPRD André Kimbuta Yango. Le siège de l’ancien professeur de mathématiques qui s’est hissé à la force du poignet au sommet de l’establishment de la capitale, suffisamment pour diriger l’AS Vclub Kinshasa, l’une des plus grandes formations de la RD Congo, est extrêmement convoité. Comme en témoigne cette ruée de grosses pointures aux élections kinoises de décembre prochain. A l’évidence, la plupart des candidats à l’assemblée provinciale de la capitale n’envisagent pas de passer 5 ans sur les pupitres de la plénière de l’organe délibérant, à discuter budgets et questions orales.
Communes périphériques : 21/44 sièges
Ce sont les communes dites périphériques qui offrent les plus gros lots des sièges à l’assemblée provinciale, naturellement. Avec les communes de Kimbanseke et de Ngaliema, 5 sièges chacune ; suivies de Limete, Nsele, et Masina, 3 sièges chacune ; Kalamu, Kisenso, Lemba, Ndjili, Mont Ngafula comptent 2 sièges chacune. Le reste des communes urbaines kinoises n’a droit chacun qu’à 1 siège de député provincial que se disputeront en moyenne entre 40 et 50 candidats. Les uns aussi connus que les autres dans ce vieux « Léo ».
Force est de constater que par impréparation ou négligences, les forces politiques de l’opposition paraissent à la fois peu et mal représentées dans ce tableau. La plupart de leurs candidats députés provinciaux s’avèrent d’illustres inconnus. Ce sont donc les communes dites périphériques qui offrent le plus de chances d’élections aux candidats de l’opposition. Ils y vont pour ainsi dire avec les mêmes chances que ceux de la majorité au pouvoir rassemblés au sein du Front Commun pour le Congo (FCC), dont les figures de proue ont préféré les milieux agglomérés du vieux « Léo ».
On aura ainsi beau chercher figure connue parmi les candidats députés provinciaux de N’sele (3 sièges), pourtant à une trentaine de kilomètres seulement du centre-ville. C’est à peine si on tombe sur Placide Tshisumpa (Alliance Pour l’Avenir) ou encore sur le monsengwiste Botolo Ma Goza (Républicains Indépendants et Alliés). Mais c’est à N’sele qu’il faut se faire élire, la force de persuasion et les moyens à mettre à jeu seront déterminants pour les 131 candidats députés urbains de cette partie de la capitale.
Marie-Ange Lukiana, Ngiama Makanda Werra … à Kimbanseke
Il faut remonter vers Kimbanseke (5 sièges), cette immense commune riveraine de l’aéroport international de Ndjili pour rencontrer davantage de figures connues. A commencer par Marie-Ange Lukiana Mufoncol (ADU/FCC), très connue ici depuis des années en raison de nombreuses activités sociales en faveur des femmes, particulièrement des veuves, qu’elle fédère tant bien que mal. L’ex ministre (au Travail et Prévoyance Sociale entre autres) sera difficile à contourner. Sans doute autant que l’artiste musicien Ngiama Makanda Werrason (AFDC & Alliés/FCC), très adulé dans ces milieux, qui pourraient drainer un raz-de-marée. Un Nembalemba-Nembalemba Léon Jr (ACO) n’est sans doute pas notre confrère bien (voir trop) connu de la télévision Molière. Mais le jeune candidat député pourrait bien tirer profit de la notoriété de la chaine populiste kinoise semble s’être égaré de ce côté de la ville de Kinshasa : En face, les forces de l’opposition alignent bien l’inévitable Ditu Monizi (Dynamique de l’opposition) déjà élu à la députation nationale en 2006 et en 2011. Mais c’est quasiment tout. Le reste des 228 candidats députés provinciaux de Kimbanseke semblent d’illustres inconnus.
La commune de Masina (3 sièges), située en face de la commune de Kimbanseke sur la route de l’aéroport de Ndjili n’alignent pas davantage de figure de proue de la politique kinoise. Pas plus que sa voisine de Ndjili (2 sièges).
Mais traversé la rivière Ndjili, la bagarre commence. Dans la commune de Kinsenso (2 sièges) où s’aligne un habitué des lieux pour le compte du FCC, Néron Mbungu (ACO). L’acteur politique est devenu une véritable institution dans cette commune périphérique d’où il est plébiscité depuis 2006. Avec lui, on peut encore compter le RENOVAC Teka Zola Arthur, dont la présence de la plateforme sur les listes électorales kinoises indique que le « Haut Sommet », surnom accolé au gouverneur de la ville-province de Kinshasa sortant, n’a pas dit son dernier mot quant à sa succession à l’Hôtel de Ville.
A Matete (1 siège) non loin de Kisenso se bousculent l’une ou l’autre des figures connues de l’arène politique kinoise. Comme le PRP Herman Mbonyo (FCC), cet ancien patron de la Société Nationale d’Assurances (Sonas) connu pour ne pas avoir sa langue dans la poche, qui a versé depuis quelques années dans les activités sportives de la ville-province. Parmi les 45 autres candidats de cette commune dite des sportifs, les forces politiques de l’opposition ne présentent que notre confrère Daniel Nsafu (AMK/G7) qui, comme beaucoup de ses semblables, devra d’abord réussir à convertir la prose débitée en français violent devant les écrans de télévision en bulletins de vote en sa faveur.
Jean-Goubald Kalala, Yannick Kimbuta, Peter Kazadi … à Lemba
A Lemba (2 sièges), on verra s’affronter le professeur Nsaman O Lutu (AAAC), Patrick Mandjolo (ABCE), l’artiste musicien Jean-Goubal Kalala (Mouvement Tosekwa), mais aussi … Yannick Kimbuta (Renovac) et Dunia Kilanga Christian (PPRD) ; ainsi que Lisanga Bonganga (ACC), Peter Kazadi (UDPS/Limete) ou encore Jacquemin Shabani Lukoo (UDPS/Limete) pour le compte de l’opposition.
Dans la vaste commune urbaine de Limete (3 sièges), le MLC Mbonzi wa Mbonzi Désiré, le Progressiste Samy Badibanga et l’UDPS/Limete Gecoco Mulumba auront fort à faire pour l’emporter face au PPRD Godard Motemona et à Mandack Okende Katako (Alliance CCU & Alliés) entre autres.
Dans la commune-mère de Kinshasa (1 siège), le PPRD aligne un poids lourd, au propre comme au figuré, le bourgmestre Sapu Kalimasi, qui fera face notamment à Bonina Bombere Nesty qui s’aligne pour le compte du Rassop de Bruno Tshibala (FCC).
Mais c’est à Ngaliema (5 sièges pour 246 candidats !) que « les Romains vont s’empoigner », comme on dit. Le FCC aligne Jéjé Kalonda (AFDC & Alliés), Kisombe Mawete Nzo (ACO), Thomas Luhaka Losendjola (Action pour l’Unité), Kande Kalombo Alex (AFDC & Alliés), Wivine Moleka (PPRD), Kabula Mwana Kabula (PRP), Madilu Pathely (RENOVAC), Weloli Kanda Nzale (RENOVAC), Eustache Namunanika (Alliance CCU & Alliés). En face, dans les rangs de l’opposition, on reconnaitra le jeune Arnold Katako Babandoa (DCUD), Baramoto Tara Gbele Théophile (Dynamique de l’opposition), Fiyou Ndondoboni (Orange). Ou encore Molendo Sakombi et un autre Kisombe, Jean-Michel Totshumany pour le compte de l’UNC. L’opposition aligne aussi Mireille Chalupa (Dynamique de l’opposition).
Thomas Luhaka, Jéjé Kalonda, Wivine Moleka, Claude Kabulo Mwana Kabulo, Molendo Sakombi … à Ngaliema
Pour l’unique siège électoral de la commune de Bandalungwa s’alignent, entre autres le PALU & Alliés Patrick Muyaya, dont la plateforme se recherche encore des alliés selon les déclarations de l’ancien mobutiste Henri Thomas Lokondo, le 3 octobre 2018 à Kinshasa. Des hésitations dont pourraient pâtir les candidats des anciens alliés de l’Alliance de la Majorité Présidentielle (AMP), comme en 2011. Un confrère, Jules Bulembi de l’« équipe nationale » des journalistes en lingala, se présente aussi à Bandalungwa dans les rangs de l’APA.
Dans la commune de Kalamu (1 siège pour 86 candidats), le FCC aligne de bien grosses pointures comme l’actuel bourgmestre, Jean-Claude Kadima-Kalonji (PPRD), Lambert Osango, le président du FC Rangers de Kinshasa (ACO), le mécène Jean-Marie Lukulasi (AFDC & Alliés), Serge Amuri (ATIC), ou encore Perle Nganguele de la CCU. En face, parmi les candidats de l’opposition, c’est à peine si on peut reconnaître Luboya Charly qui s’aligne pour le compte l’UDPS/T.
Dans la commune voisine de Kasavubu se présentent également de sérieux prétendants, côté FCC : Magloire Kabemba (Le Mouvement Tosekwa), Mbuyi Meta Bébé, la bourgmestre de la commune (PPRD), mais aussi Lwambo Emongo Yves, le fils du défunt Lwambo Makiadi, aligné pour le compte du Rassop/Kasavubu.
Même si la commune ne représente qu’un siège à la prochaine assemblée provinciale, Selembao, riveraine de Bandalungwa, a attiré des candidats aussi connus de l’opinion que Léon Nembalemba (AFDC & Alliés) pour le compte du FCC, Henriette Wamu, connue de l’opinion pour ses aptitudes à compter les voix à l’occasion d’élections au bureau de l’Assemblée nationale où elle avait déjà été élue en 2011. L’élue de la Funa se présente cette fois sur les listes de l’UDPS/Limete.
A en juger par le nombre et la notoriété des candidats à la provinciale kinoise, les opposants semblent bien mal partis.
J.N.