A Luanda, l’affaire du détournement de 500 millions USD de fonds publics connait un nouvel épisode depuis le 24 septembre 2018. José Filomeno Dos Santos, fils de l’ancien président et principal protagoniste de l’affaire, a été mis aux arrêts par la justice de son pays. Le fils d’Eduardo Dos Santos est soupçonné d’avoir illégalement transféré près de 500 millions USD vers un compte bancaire au Royaume Uni, lorsqu’il dirigeait le Fonds Souverain de l’Angola fort de plus de 5 milliards USD.
Au mois de mars 2018, José Filomeno Dos Santos avait été inculpé pour « fraude, détournement de fonds, trafic d’influence, blanchiment d’argent et association criminelle ». Selon le procureur général angolais, cette mise en détention préventive était nécessaire « en raison de la complexité et de la gravité des faits », et devrait permettre de « garantir l’efficacité de l’enquête ».
Les poursuites judiciaires contre le fils Dos Santos s’inscrivent dans le contexte de la lutte anti-corruption décrétée par le nouvel homme fort Luanda, le président Joao Lourenço. Isabel Dos Santos, la fille d’Eduardo Dos Santos, présentée comme la femme la plus riche du continent, avait déjà fait les frais de cette lutte anti-corruption en se faisant limoger de la tête de la Sonangol, la toute puissante société pétrolière angolaise. Mais aussi, Valter Filipe Da Silva, le gouverneur de la banque centrale angolaise.
Cela fait beaucoup de proches de l’ancien Chef de l’Etat inquiété par le nouveau Chef de l’Etat Angolais, et ça fait jaser.
Les détracteurs de Joao Lourenço l’accusent d’acheter la bonne foi auprès des investisseurs internationaux et de renforcer ainsi sa popularité au pays, alors que les principes-clés du contrôle de l’économie politique du pays restent détenus entre les mains de la même élite qui domine l’Angola depuis des générations.
Un rapport d’EXXAfrica, publié il y a quelques jours à Londres, dénonce « l’influence politique et le favoritisme en Angola ». Au centre de la nouvelle structure de favoritisme politique se trouve l’ancien vice-président Manuel Vicente, revenu au cœur du pouvoir politique en Angola et qui, par l’entremise de sa famille et de ses proches collaborateurs, conserve une position d’influence extraordinaire sur l’économie. Manuel Vicente a fait partie du tout-puissant « Triumvirat » qui dominait le milieu des affaires de l’Angola. Via un réseau d’investissements et de participations commerciales, il est toujours l’une des personnalités les plus riches et les plus influentes du pays. Malgré sa mise sur la touche, politiquement parlant, vers la fin de la précédente administration, il conserve des intérêts commerciaux dans des secteurs clés comme la banque, les télécoms, l’énergie et la logistique, selon ce rapport.
L’homme a repris le contrôle de Sonangol, ainsi de la banque centrale et du ministère des finances, où ses alliés politiques ont été nommés à des postes de direction. Sa famille a, par noué de nouveaux liens commerciaux avec celle du nouveau président, João Lourenço, tandis que ses plus proches associés commerciaux bénéficient de récentes attribution de contrats. En remettant M. Vicente dans une position d’influence politique et en le protégeant de diverses enquêtes internationales pour corruption, le président João Lourenço a trouvé un puissant allié dans sa campagne visant à consolider sa propre autorité et à poursuivre les membres de la famille de l’ancien président, assure le rapport EXXAfrica.
J.N.