La pilule consistant à faire avaler à la Conférence Episcopale Nationale du Congo (CENCO) l’existence d’une structure politique pirate présentée comme faisant partie de l’église « corps du Christ », comme aiment à la présenter leurs excellences les évêques, fut dure à avaler. C’est quasiment à contre-cœur que nombre d’évêques de l’arrière-pays consentirent, lorsqu’ils le firent, à obtempérer aux injonctions djihadistes d’un groupe de prétendus chrétiens appelant les fidèles à l’insurrection au nom de l’église catholique romaine de la RD Congo. Ce fut fait au petit bonheur la chance, mais sans parvenir à dissimuler le malaise qui couve parmi les princes de cette église partagée entre ceux l’Est au pouvoir et ceux l’Ouest acquis à l’opposition politique. Les appels à l’insurrection du Comité Laïc de Coordination (CLC) ont fini par échouer, faute d’adhésion des fidèles peu concernés par des injonctions venues de nulle part, mais aussi des partis politiques fournisseurs des troupes de casseurs, qui ont refusé de servir de marches-pieds à la concurrence au sein de l’opposition elle-même. A Kinshasa, l’UDPS/Tshisekedi a dénoncé l’alliance de la manière la plus claire, et retiré l’appui de ses combattants aux manifestations du CLC. Le groupe de mousquetaires cornaqué par l’archevêque de la capitale de la RD Congo, le Cardinal Laurent Monsengwo, a fini par faire quasiment cavalier seul. Et l’affaire ne marche plus. Mais alors plus du tout. Le CLC est devenu un épouvantail n’est plus capable de mobiliser dans la capitale, quoiqu’il prétende.
Ces derniers mois, le CLC s’est de plus en plus éloigné de l’église catholique officielle et tente autant que faire se peut de donner de la voix. Comme n’importe quel regroupement … politique de l’opposition, plus proche des nihilistes katumbistes que des radicaux réalistes prêts à affronter les urnes en décembre prochain.
Lundi 24 septembre 2018, un communiqué des mousquetaires de Monsengwo menace de pires gémonies la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI), notamment, de manifestations publiques de protestation. Si la machine à voter et les enrôlés sans empreintes présents dans le fichier électoral n’étaient pas éliminés. La démarche est plus proche de l’opposition katumbiste qui joue des pieds et des mains pour tenter de gagner l’ensemble d’acteurs politiques au boycott des scrutins de décembre, auxquels leur mentor, Moïse Katumbi, ne pourra prendre part. Mais la machine est irrévocablement lancée. L’UDPS/Tshisekedi, l’UNC de Vital Kamerhe, la Dynamique de l’opposition de Martin Fayulu et de nombreux autres prétendants au top job en RD Congo sont engagés jusqu’au cou dans un processus électoral qui a atteint le point de non-retour. Et ne devraient plus se retirer. Même pour les beaux yeux de Moïse Katumbi ou des mousquetaires monsenguistes du CLC. Sans les combattants de ces regroupements politiques et sans les fidèles catholiques, le CLC est une coquille vide qui prêche dans le désert.
Pire, la sortie médiatique du CLC lundi 24 septembre à Kinshasa semble contraire à la dynamique adoptée par l’église catholique officielle, qui est partie prenante au processus. Avec l’aide des Etats-Unis d’Amérique, et bientôt de l’Union Européenne, la CENCO met en œuvre un gigantesque programme de formation d’observateurs électoraux. Initialement prévu pour 30.000 personnes, le projet de formation d’observateurs électoraux catholiques vise désormais 40.000 contrôleurs des scrutins grâce aux financements du gouvernement des Etats-Unis d’Amérique, de la Fondation Carter, de l’Union Européenne, de l’Allemagne, de la Suisse … De passage en Suisse le 18 septembre 2018, l’Abbé Donatien Nshole, le secrétaire général de la CENCO, a déclaré à la presse que « Cette année, nous comptons être présents dans tous les bureaux de vote avec deux observateur dans chaque centre. Ce qui nous permettra d’avoir, dans un délai assez court, une idée des résultats que la CENI va publier ».
Or, la présence des témoins dans les bureaux de vote a le don de crédibiliser les scrutins électoraux, notamment en rendant inutiles les récriminations autour de la machine à voter, puisque le comptage des bulletins sera manuel et les résultats transcrits sur PV contresignés.
La question des électeurs sans empreintes tombe caduque elle aussi. Depuis plusieurs semaines, la CENI a entrepris l’affichage des listes électorales pour permettre à ceux qui éprouvent doutes et soupçons de dénoncer toutes présences insolites. C’est mieux qu’extirper 16 % d’électeurs à l’aveuglette, malmenant ainsi le principe de l’inclusivité des listes électorales que la législation en vigueur au pays impose à la CENI.
Les revendications du CLC sont vides de contenu.
J.N.