Dans la province du Sud-Kivu, les scandales fonciers sont le lot quotidien des populations et ce n’est sûrement pas demain la veille, comme on dit. Ici, le commerce des terres d’autrui est des plus rentables et n’en fait que plus de victimes. Inévitablement, avec la complicité des autorités provinciales, parfois au plus haut niveau.
Les récents incendies à répétition à Bukavu, le chef-lieu de la province, ont ramené à la surface un problème crucial qui menace l’une des plus belles (anciennes) agglomérations urbaines de la RD Congo. Désormais guettée par catastrophes naturelles et sinistres de tous genres. La plupart des responsables politico-administratifs qui ont défilé à la tête de la province du Sud-Kivu ont tenté de régler le problème foncier rendu encore plus complexe en raison des problèmes sécuritaires qui incitent à s’agglomérer à Bukavu plutôt qu’à l’intérieur de la province. Mais rien n’y a fait. Au finish, gouverneurs de province, maire, bourgmestres, responsables militaires et de la police n’ont réussi qu’à tirer chacun les draps de son côté.
Des informations de bonne source rapportent au Maximum que le gouverneur de province en place aujourd’hui, le PPRD Claude Nyamungabo Bazibuhe, vient de prendre des arrêtés portant mise ne place des fonctionnaires relevant de sa juridiction. Y compris dans le secteur foncier, qui pose tant de problèmes et suscite moult commentaires. D’aucuns à Bukavu mais aussi à Kinshasa se demandent si le patron de l’exécutif provincial a qualité pour nommer et affecter des fonctionnaires relevant de la tutelle de ministères du gouvernement central. Notamment, aux Affaires Foncières, là où le bât blesse au Sud Kivu.
Certes les nommés de Nyamungabo sont des intérimaires (dans le secteur crucial et vital des affaires foncières, particulièrement). Mais ici, ce sont les intérimaires, ceux qui jouissent de quelque pouvoir temporel et limité, qui font les plus de dégâts, selon des sources locales. Il leur suffit de s’assurer de quelque complicités en haut lieu, parmi la hiérarchie de l’armée, de la police nationale et dans la magistrature.
Ainsi, à Muganzo, dans le groupement Bugho en territoire de Kabare, un Général de la Police Nationale Congolaise s’est carrément accaparé de terres appartenant à un tiers. Dont il commercialise moellons et graviers par interim : il a suffi de diligenter sur les lieux une escouade d’éléments du Groupement Mobile d’Intervention (GMI) et quelques autres du 34052ème Bataillon FARDC. Un containeur désaffecté y tient lieu de bureau et cachot, qui dissuade jusqu’au propriétaire des lieux, proprement déguerpi manu militari, d’y remettre les pieds.
Pourtant, les informations parvenues au Maximum renseignent que les lieux militarisés et commercialisés (en règle !) de Muganzo sont la propriété d’un certain Byamungu Emmanuel, concessionnaire incontesté de l’Etat RD Congolais. L’homme a, en effet, détenteur d’un contrat d’amphithéose conclu avec l’Etat rd congolaise, qui a été contesté sans succès par un voisin du nom de Bajambaka Butara Emmanuel. Portée devant les instances judiciaires, le litige été réglé par deux décision judiciaires, au 1er degré et au second degré par le Tribunal de Grande Instance de Bukavu et la Cour d’appel de la même ville. Mais rien n’y a fait. Le Commissaire Principal PNC Bukavu, le Général Karawa, n’en fait qu’à sa tête. Y compris contre une injonction en bonne et due forme de l’Auditorat Militaire Supérieur du Sud-Kivu, qui lui enjoint de retirer les éléments du GMI et du 34052ème Bataillon FARDC placés dans une propriété privée.
Ainsi vont les affaires foncières dans la province du Sud Kivu. Au gré de l’activisme mercantile de chaque responsable politico-administratif, militaire ou policier.
J.N.