1. Le Rwanda
Les soi-disant FDLR n’attaquent jamais le Rwanda. Mais, ils exploitent le coltan et autres minerais du sous-sol congolais qu’ils livrent au régime FPR-APR (armée rwandaise). Et le pouvoir rwandais les revend aux sociétés multinationales.
En contrepartie, celles-ci apportent aux autorités rwandaises le soutien sur le plan politique, militaire, économique, diplomatique et médiatique. Elles donnent au gouvernement rwandais les moyens de financer les groupes armés en vue d’entretenir la guerre de basse intensité qui essouffle les institutions de la RDC, désarticule son économie, absorbe ses finances publiques, et la détourne des préoccupations de développement.
Le Rwanda est ainsi devenu un grand exportateur de minerais congolais. C’est ce qui explique notamment la récente visite à Kigali du Président chinois Xi Jinping ; le pays du soleil levant ayant grandement besoin de nos minerais pour son industrie en plein essor. Un ancien Président chinois n’avait-il pas déclaré que tout ce dont la Chine a besoin pour devenir le numéro un mondial se retrouve en République Démocratique du Congo.
C’est dans cet esprit qu’il faut comprendre cette phrase maintes fois répétée par le Commissaire européen Belge Louis Michel : « Il n’y aura pas de solution militaire à ce qui se passe dans l’Est de la RDC ». Cela veut tout simplement dire que pour les puissances dont il défend les intérêts, il n’est pas question de voir Kinshasa contrôler l’Est du territoire congolais ainsi que ses gisements miniers, pétroliers et gaziers.
Ainsi s’explique également l’activisme de cet homme politique belge dans les précédentes opérations de « mixage » et « brassage » au sein de notre armée, ainsi que les tentatives de « listes zébrées et bloquées » lors des élections de 2006. Les premières visaient à noyauter les FARDC avec des troupes étrangères ; tandis que les deuxièmes devaient permettre de prendre le contrôle de nos institutions.
Tout un chacun peut à présent comprendre qui nous fait réellement la guerre dans l’Est de notre pays, et pourquoi. Continuer de parler des FDLR, ADF-NALU et autres milices relève d’une déplorable naïveté.
La déstabilisation du Burundi par le Rwanda et les pays occidentaux vise le même objectif : placer à la tête de ce pays une marionnette contrôlée par Paul Kagame, et donc les puissances occidentales, en vue de contrôler tout l’Est de la RDC.
Ils ont tenté un coup d’Etat contre le Président Kurunziza. Mais l’opération a échoué grâce notamment à l’interposition de la Tanzanie. Tout comme ce dernier pays avait joué un rôle important dans la neutralisation des milices du M23, récupérées et protégées par le Rwanda et l’Ouganda.
Il suffit d’observer l’emplacement de la Tanzanie, du Rwanda, de l’Ouganda, du Burundi, et de la RDC sur une carte géographique de la région pour trouver l’explication de la timidité de la réaction de la MONUSCO pendant et après le massacre de 15 casques bleus tanzaniens à Semuliki, dans le Nord/Kivu, en décembre 2017. Une telle attaque réussie ne pouvait être que l’œuvre d’un commando ayant disposé des moyens d’un Etat décidé à décourager l’activisme de l’Etat tanzanien. Voyez à qui profite le crime, et tout s’explique.
Cette léthargie de la MONUSCO est également à mettre en parallèle avec le zèle manifesté par cette organisation dans l’assassinat de deux de ses agents, Zaida Catalan et Michaël Sharp, dans le Kasaï. Ici, en effet, il s’agit de charger les autorités congolaises de cette action macabre.
D’autre part, le Rwanda et l’Ouganda se sont fait la guerre sur le sol congolais. Pour les dommages causés à notre pays, l’Ouganda avait été condamné par la justice internationale à payer à la RDC 10 milliards de dollars. Or, le Rwanda a causé beaucoup plus de dégâts encore à la RDC.
Un leadership congolais renforcé par des élections démocratiques pourrait exiger une réparation beaucoup plus conséquente que celle infligée à l’Ouganda, d’une part, et stopper le pillage de nos minerais par Kigali d’autre part. Les dirigeants rwandais en sont conscients.
Pour toutes ces raisons, le Président Kagame mettra tout en œuvre pour avoir un leadership faible à la tête de la RDC ; tout au moins un leadership qu’il contrôle. Le soutien ostentatoire qu’il a récemment apporté à Moïse Katumbi à Kigali, en présence de ce dernier et de Mo Ibrahim, est à intégrer dans la poursuite de cet objectif. A cette occasion, il avait même évoqué la possibilité d’une action armée en vue de prévenir les débordements des populations, corroborant ainsi les déclarations d’Herman Cohen sur une probable intervention militaire des pays voisins en RDC.
2. L’Ouganda
Les réserves pétrolières du Lac Albert sont évaluées à plus de 6 milliards de barils par les experts, dont 3 milliards pour la RDC et 3 milliards pour l’Ouganda. L’Ouganda construit le pipe-line qui devrait lui permettre de siphonner les réserves congolaises.
D‘autre part, l’Ouganda constitue, avec le Rwanda, les chiens de garde des puissances occidentales pour le contrôle du géant voisin ; particulièrement de sa partie Est que celles-ci envisagent de s’attribuer dans la perspective de leur projet macabre, et toujours d’actualité, de balkaniser la RDC.
Enfin, l’Ouganda et le Rwanda, pour le compte de ces mêmes puissances occidentales, ont envahi notre pays en 1998 et y entretiennent la guerre de basse intensité jusqu’à ce jour avec les ADF-NALU et diverses milices notamment. Les opérations de « mixag » et de « brassage » leur ont permis d’infiltrer notre armée (cfr Kunda Batware, Bosco Taganda, etc). Les Louis Michel et Didier Reynders sont les acteurs visibles de ces stratégies démoniaques contre la RDC et le peuple congolais.
Le Rwanda et l’Ouganda se sont également affrontés sur notre sol, à Kisangani, causant morts et destruction.
Nos ennemis n’ont pas désarmé. La réussite de leurs plans machiavéliques passe par un leadership faible à la tête de la RDC. Ils organisent à cette fin des multiples messes noires auxquelles ils font participer leurs futurs hommes liges.
3. L’Angola
Profitant de la fragilité de nos institutions, du désordre politique, et de la distraction de la classe politique congolaise, l’Angola pompe le pétrole du plateau continental de la RDC depuis des dizaines d’années.
C’est le géant pétrolier français Total qui exploite ces gisements. Il contribue ainsi de manière significative au Budget de l’Etat angolais.
Une reprise en mains des commandes de notre pays par un leadership plus fort et plus patriotique, à l’issue d’élections démocratiques, libres, transparentes, et apaisées, n’arrangerait donc ni l’Angola, ni Total, ni la France.
Les intérêts français et angolais se rejoignent ainsi pour avoir à la tête de la RDC un leadership plus faible, plus malléable et qui maintiendrait le statu quo.
4. Le Congo Brazzaville
Les observateurs avertis connaissent le rôle joué par la société française Total et l’Angola dans le comeback du Président congolais après les conférences nationales du début des années 90.
Le Président Sassou Nguesso avait également obtenu le soutien de la France dans la modification de la constitution qui lui a permis de se maintenir au pouvoir jusqu’à ce jour.
Total rapporte plusieurs milliards de dollars au Budget de l’Etat congolais. Et Sassou Nguesso est naturellement redevable de la France, et de Total, en particulier.
Total ambitionne d’exploiter le pétrole du Lac Albert. Pour emporter plus facilement le juteux marché, l’influence du Président Sassou sur le Chef de l’Etat RD congolais s’avère indispensable.
D’autre part, Kinshasa va bientôt poser la première pierre pour la construction du port en eaux profondes de Banana. Ce projet, qui devient réalité, va priver le port de Pointe Noire d’une part importante de son trafic.
Et enfin, il y a les forêts, les eaux et les tourbières du Bassin du Congo, dont Brazzaville ambitionne manifestement d’être la puissance dominante.
Pour toutes ces raisons, Brazzaville souhaiterait avoir affaire à une RDC plus faible au niveau de son leadership politique, voire militaire.
5. Les pays riverains du Lac Tchad
Le dessèchement du Lac Tchad a poussé les pays riverains à envisager, avec le concours de certaines sociétés multinationales, le transfert des eaux de la rivière Oubangi, affluent du Fleuve Congo. Les autorités congolaises rechignent devant ce projet dont les conséquences sur l’écosystème de notre pays ne sont pas encore suffisamment évaluées.
Un leadership plus faible en RDC pourrait plus facilement céder aux pressions et laisser se réaliser ce projet, au détriment des intérêts supérieurs du peuple congolais.
6. La France
Tout comme au Gabon, en Angola, et au Congo-Brazzaville, la France, par Total interposée, ambitionne d’exploiter le pétrole congolais du Lac Albert. Elle n’entend pas être placée en position de concurrence.
Elle ne décroche pas le contrat pour la construction du port en eaux profondes de Banana par Bolloré dans un pays où elle faisait la loi à la belle époque de Giscard d’Estaing et de Jacques Chirac. D’autre part, avec l’offensive chinoise, elle se voit progressivement perdre pied dans toutes ses anciennes colonies et en RDC, un pays sur lequel, depuis l’Acte de Berlin, elle détient un droit de préemption.
Pour s’imposer à nouveau, elle a besoin qu’il y ait à la tête de la RDC un leadership plus faible et plus malléable.
7. La Belgique
La Belgique ne pèse un tant soit peu dans le monde occidental que dans la mesure où elle contrôle plus ou moins la vie politique et économique en RDC. Elle joue en quelque sorte le rôle d’un administrateur délégué dans une société anonyme dont le capital est évalué à plusieurs milliers de milliards de dollars, la RDC, et dont le Conseil d’administration est constituée par les puissances occidentales. Ne pouvant plus agir au grand jour, ce contrôle et cette gestion courante se font au travers des marionnettes congolaises dont elle tire les ficelles.
Pour la Belgique donc, perdre ce contrôle, c’est perdre la place autour de la table des grands. Tout doit donc être fait pour évincer celui qui dirige la RDC, ce « garçon » têtu qui se permet trop de libertés dans leur chasse gardée ; quitte à lui faire subir le même sort que les Lumumba et LD Kabila.
Il ne fait l’ombre d’un doute que les dirigeants belges sont nostalgiques de l’époque où ils étaient les faiseurs de la politique congolaise, où la RDC figurait dans la page « Politique intérieure » de la presse belge, où le Président Mobutu leur vendait le cuivre « à 30 % moins cher que le prix du marché », ou encore l’époque où « Papa » Louis Michel et ses prédécesseurs dictaient leur volonté aux dirigeants congolais, faisaient et défaisaient des ministres et des députés.
Il faut donc coûte que coûte un leadership plus manipulable en RDC afin que les dirigeants belges puissent en demeurer les « décideurs ». C’est la seule rlesaison d’être des multiples réunions des opposants congolais candidats à la Présidence de la République qu’organise à Bruxelles ces derniers temps le Ministre belge des Affaires Etrangères, Monsieur Didier Reynders, dans la suite du Conclave de Genval. C’est ce qui justifie aussi ses pérégrinations actuelles dans les pays africains, plaidant la cause et recherchant le soutien pour leur poulain.
8. Les puissances occidentales, en général
Tous les pays occidentaux, particulièrement les Etats-Unis, l’Union Européenne, la Grande Bretagne, la France et la Belgique, voient d’un très mauvais œil l’offensive économique asiatique en Afrique, en général, et en RDC, en particulier. Ils ne supportent pas « l’outrecuidance » de Joseph Kabila qui a osé faire un appel d’offre international pour l’octroi de marchés aussi importants que ceux de la construction du Port en eaux profondes de Banana, de la nouvelle aérogare l’aéroport de N’djili, ou signé les contrats dits Chinois des minerais contre infrastructures.
Il en est de même de la « tête dure » dont a fait montre le Président Congolais qui a osé promulguer le nouveau Code Minier ; alors que les « propriétaires » de la RDC lui intimaient un ordre contraire.
Tous ont plutôt besoin d’un leadership faible, cupide, et fragilisé à la tête de la RDC, des marionnettes facilement manipulables. Ils préfèrent, et de très loin, le Joseph Kabila de 2001 à celui de 2018. Ils ne veulent absolument pas d’un nouveau Laurent-Désiré Kabila ou d’un nouveau Lumumba à la tête de la RDC.
Tout le tintamarre autour de la machine à voter trouve là sa principale et unique raison d’être : perturber le déroulement normal des élections en programmant le pillage des bureaux de vote ou la destruction par les jeunes des « machines à voler » afin justifier une intervention de la MONUSCO pour imposer une « transition sans Kabila » ; transition qui serait dirigée par un des candidats actuellement à Bruxelles. Faut-il le rappeler : la dernière Résolution du Conseil de Sécurité avait autorisé le renforcement de la MONUSCO par le Secrétaire Général des Nations-Unies ; sous-entendu en armes et en hommes de troupes
9. La MONUSCO
Enfin, nous avons sur notre sol une armée qui s’apparente à une véritable armée d’occupation dénommée MONUSCO, commandée par des puissances occidentales, et à leur service. Nous n’en connaissons ni l’effectif réel, ni l’importance de l’armement, ni la durée de la présence sur notre sol, encore moins si elle n’a pas des troupes stationnées dans les pays voisins, notamment le Rwanda et l’Ouganda, prêtes à marcher sur la RDC au moindre claquement de doigts des commanditaires.
Les acteurs politiques congolais devraient se garder de succomber au charme discret de la douce Leila Zerrougi. Le jour «J », ce n’est pas elle qu’ils verront ; mais un « galonné » qui tiendra un tout autre langage.
La MONUSCO, comme l’a prouvé l’échec des tentatives du gouvernement congolais, n’entend pas quitter le territoire congolais tant que sa véritable mission n’a pas été accomplie : positionner à la tête de la RDC des hommes au service des puissances occidentales.
Officiellement, la MONUSCO a été envoyée dans notre pays par la Communauté Internationale. Mais, en ce qui concerne la RDC, c’est qui « la Communauté Internationale » ? Pour répondre brièvement et de manière idoine à cette question, il faudrait se référer à l’Acte de Berlin d’une part, et à la Conférence de Yalta, d’autre part.
La Conférence de Berlin a tracé les limites territoriales de notre Congo ; tandis qu’à la Conférence de Yalta, furent posées les bases du nouvel ordre mondial et fixées les zones d’influence des grandes puissances. Et la RDC, notre pays, est dans la sphère d’influence des puissances occidentales.
Ainsi, la Belgique ou la France ne sont jamais citées quand il s’agit du Mozambique ou de la Tanzanie. De même, les avions français purent bombarder le palais de Gbabo pendant que les avions de l’ONUCI (l’équivalent de notre MONUSCO) patrouillaient le ciel ivoirien. Il faut se rappeler aussi que c’est une résolution du Conseil de Sécurité des Nations-Unies, présentée par la France, qui a couvert le bombardement de la Lybie par l’OTAN et l’assassinat de Mouammar Kadhafi.
Cette réalité devrait nous conduire à relativiser la marge de manœuvres de la MONUSCO et les limites de son action. Ainsi, en ce qui concerne la RDC, c’est la position et les orientations des puissances occidentales qui s’imposent. On parle de Communauté Internationale, certes, mais c’est quasiment jamais le point de vue de la Russie, de la Chine, ou du Brésil qui est déterminent. C’est une ignorance qui avait coûté cher à Patrice Emery Lumumba. Il l’avait amèrement regretté dans sa lettre-testament à son épouse Pauline.
Conclusion de la première partie : Nous sommes pris en tenailles
Entre les chantres du « wumelaaa ! », du « Raïs % !», et ceux de la « transition sans Kabila !» il y a les intérêts supérieurs du peuple congolais qui sont, eux, passés à la trappe par l’ivresse de lait des premiers et les appétits effrénés de pouvoir et de l’argent des seconds.
Pendant que de Paris, le Français Emmanuel Macron révèle qu’il existe un plan concocté par le Rwandais Paul Kagame, et partagé avec Joao Lourenço de l’Angola sur ce que doit être, à leurs yeux, l’évolution politique en RDC dans les prochains mois, ou pendant le lobbyiste américain Herman Cohen brandit la menace d’interventions armées en RDC, les acteurs politiques Congolais de l’opposition, tout comme ceux de la Majorité, somnolent. Ils donnent l’impression de ne pas encore saisir la portée réelle de la déclaration du Président français, ni des dangers auxquels la RDC, notre pays, est exposée.
Nous sommes en guerre ; quelle que soit la forme qu’elle prendra. Nous avons le devoir de nous préparer en conséquence, de sensibiliser et de mobiliser nos populations, en général, et notre jeunesse, en particulier. Nous devrons être en mesure de nous défendre ; car il y va de notre droit à l’autodétermination, du destin de 100 millions de Congolais et de l’avenir de nos enfants. Il y va du développement de l’Afrique toute entière.
Corneille MULUMBA
Membre co-fondateur de l’UDPS
Porte-parole des pionniers de l’UDPS
Candidat à la députation nationale et provinciale (Lukunga)
(Titre original : « Tous unis pour un leadership faible)