L’histoire politique de la RD Congo se répète, à quelques aspects près. 58 ans après l’indépendance arrachée de haute lutte en 1960 avec moult sacrifices, en théorie seulement comme l’attestent les réalités, la Belgique s’évertue à demeurer le centre d’impulsion de la vie politique dans son ancienne colonie. Non sans le soutien d’une frange veule et inconséquente des RD Congolais qui se recrutent aussi bien dans la classe politique que dans l’intelligentsia du pays. Et c’est dramatiquement ridicule.
Des sources citées par les médias locaux annoncent avec une curieuse jubilation une rencontre, ce 15 septembre 2018 à Bruxelles en Belgique, des têtes d’affiche de l’opposition radicale rd congolaise. Objectif de cette énième rencontre pour influer sur le cours politique des réalités en RD Congo : la réunification de l’opposition derrière un projet consistant à torpiller le processus électoral en cours au pays de Patrice-Emery Lumumba et de Mzee Laurent-Désiré Kabila. A la baguette de cette pantalonnade, se trouvent les mêmes néolibéraux au pouvoir en Belgique, déjà à l’origine de la création en juin 2016 du Rassemblement des forces politiques et sociales acquises au changement, une méga plateforme mise sur pied pour défenestrer Joseph Kabila du pouvoir avant les élections. En vain.
Bis repetita
Des nostalgiques de l’ordre colonial à Bruxelles procèdent ainsi à un remake du scénario ourdi dans les années ’60 pour vider de toute sa substance l’indépendance arrachée par les leaders nationalistes de sa colonie, lorsque la Belgique créa à la va-vite au moins un parti politique satellite, le Parti National du Progrès, PNP en sigle, constitué par quelques caciques de l’administration coloniale décadente et systématiquement opposé aux revendications indépendantistes des Lumumba, Gizenga et autres Kasavubu.
A l’époque des faits, les RD Congolais ne s’y trompèrent pas longtemps et affublèrent ce parti à la solde des colonisateurs d’un surnom du cru : « Pene Pene na Mindele » (traduction : proches des blancs), pour indiquer que ces compatriotes n’étaient que des sous-fifres à la solde des colonialistes dont il fallait absolument se méfier comme de la peste, ce qui valut à cette formation politique une véritable déculottée aux premières élections générales de 196O.
58 ans après, voici que des nostalgiques belges impénitents convoquent leurs janissaires en RD Congo pour les inciter à regarder dans la même direction que ces fanatiques de l’ordre colonial suranné de triste mémoire. Tous ou presque y sont attendus : de Jean-Pierre Bemba Gombo du MLC, à Moïse Katumbi Chapwe du G7, en passant par Adolphe Muzito transfuge du Parti Lumumbiste Unifié qui a créé l’UREP pour les besoins de la cause, Martin Fayulu Madidi de la Dynamique de l’opposition, Félix Tshilombo Tshisekedi de l’UDPS/Tshisekedi, Vital Kamerhe de l’UNC, Freddy Matungulu Ilyankir du SYENCO …
Une intelligentsia dépravée et inconséquente
Le complot éventré entre autres par nos excellents confrères de Congovirtuel n’est plus qu’un secret de polichinelle tant ceux qui en tirent les ficelles ou croient pouvoir en profiter pour servir leurs ego surdimensionnés n’en font plus mystère.
En séjour dans la capitale belge la semaine dernière encore, Adolphe Muzito, l’ancien 1er ministre PALU qui crache littéralement sur l’idéologie du parti nationaliste et progressiste de gauche a qui il doit tout, a multiplié les rencontres avec les nostalgiques néolibéraux belges. « Ce qui compte, c’est que nous puissions adopter un programme commun, que votre ministre des Affaires étrangères évoquera ensuite lors de son prochain voyage en Angola et à Brazzaville », a-t-il naïvement révélé aux médias belges la semaine dernière. Après avoir longuement pavoisé aussi bien avec Didier Reynders, le vice-premier ministre et ministre belge des Affaires étrangères qu’avec Charles Michel, le chef du gouvernement de Sa Majesté le Roi des Belges.
Comme dans les années ’60, naturellement, la Belgique officielle croit pouvoir se servir d’une intelligentsia locale dépravée, dévoyée et politiquement inconséquente pour berner littéralement l’opinion publique congolaise. Aujourd’hui comme il y a 58 ans, certains milieux dans la hiérarchie de l’Eglise catholique romaine en RDC apparaissent comme une des courroies de transmission privilégiées d’une échelle de valeurs politiques, économiques et morales totalement extravertie lorsque leurs précurseurs affirmaient pince sans rire que le « communiste » Lumumba allait instaurer un régime dans lequel les épouses et les biens privés des Congolais allaient être « à la disposition du tout venant » (sic !) ou lorsqu’ils entonnèrent le Te Deum pour remercier Dieu de… l’assassinat du leader indépendantiste révéré aujourd’hui par les Congolais, les Africains et le monde entier.
Le Te Deum pour remercier Dieu de l’assassinat de Lumumba
Nul besoin de chercher bien loin pour cerner les contours du relais occidental local catégoriquement opposé à toute démocratisation radicale de la vie publique dans l’ancienne colonie belge. Chez ses acteurs politiques sans foi ni lois comme chez leurs coachs au sein de la hiérarchie de l’Eglise catholique de Kinshasa notamment, « l’élévation ne peut venir que de l’Occident ».
Quelques médias locaux stipendiés se chargent d’annihiler toute prise de conscience par les RD Congolais de la subjugation dont ils font l’objet en dépeignant sous le meilleur jour possible l’interventionnisme néocolonial. Lorsqu’elle annonce le énième complot belge sur la souveraineté de la RD Congo, c’est d’un front pour l’alternance démocratique que cette presse là parle. Comme si les élections prévues dans quelque 4 mois, qui impliquent plus de 40 millions d’électeurs prêts à faire entendre librement leurs voix par les urnes en choisissant à leur guise ceux qui prétendent les diriger ou parler en leur nom, ne représentaient pas un « front » encore plus important et autrement plus légitime…
Mais ce n’est ni de critère démographique et démocratique, ni de réelle alternance démocratique qu’il s’agit ici. C’est d’une perpétuation d’un système d’exploitation des hommes et des richesses naturelles d’un pays par des hommes d’autres pays qu’il s’agit. Par l’entremise de quelques têtes brûlées parmi la classe politique. Depuis des siècles. Tous accourent, au trot à la mangeoire de Bruxelles, au premier claquement des doigts, chez « Bwana Didier ».
J.N.