La publication des listes provisoires des candidats à l’élection des députés nationaux a « foutu le bordel » dans un certain nombre de partis et regroupements politiques. Dont l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS) du 1er ministre Bruno Tshibala Nzenzhe, et l’Alliance des Progressistes pour le Congo (APCO), la plateforme qui porte le parti tshisekediste. Le mandataire du parti, le Dr Tharcisse Loseke Nembalemba, a postulé aux législatives de décembre prochain dans les rangs de l’AFDC de Modeste Bahati Lukwebo dans la circonscription électorale de Katako-Kombe (candidat n° 22) au Sankuru. Rien moins que cela.
A l’UDPS/Tshibala, le coup de tonnerre, puisque c’en fut un, a été durement ressenti, et l’affaire est bien plus ennuyeuse qu’il n’y paraît à première vue. Tharcisse Loseke Nembalemba, ce ne fut rien d’autre que le président-délégué du parti, nommé en lieu et place de Bruno Tshibala, le 1er ministre frappé d’incompatibilité du fait de ses responsabilités au gouvernement central. A ce titre, c’est bien à Tharcisse Loseke qu’est revenue la charge légale d’endosser les dossiers de candidature de l’UDPS/Tshibala aux élections législatives provinciales et nationales. Ce fut fait, sauf en ce qui concerne son dossier personnel. Le médecin psychiatre, connu de l’opinion pour avoir résisté aux avances du Maréchal Mobutu l’incitant à déclarer Etienne Tshisekedi peu sain d’esprit, a préféré l’AFDC de Bahati au parti de son compagnon de lutte de longue date.
En réaction, les instances dirigeantes de l’APCO et de l’UDPS ont décidé, vendredi 31 août 2018, l’exclusion du désormais ancien président-délégué de l’UDPS de la plateforme et du parti. Dont l’article 5 des statuts stipule que l’appartenance à l’UDPS est une exclusive, explique Raymond Kahungu, son secrétaire général, à la presse. « Le bureau politique a relevé l’inconstance et la mesquinerie dans le chef de (Loseke) au mépris de l’éthique politique… », explique encore le SG du parti de Tshibala.
Mais, de la « mesquinerie », c’est ce que Tharcisse Loseke reproche, lui aussi, à ses anciens amis de l’UDPS dans cette affaire qui plonge ses racines beaucoup plus loin avant la publication des fameuses listes provisoires des candidats aux législatives 2018. Entre le président-délégué de l’UDPS et l’autorité morale du parti, Bruno Tshibala, c’est depuis le mois de juillet que les relations n’étaient plus au beau fixe. En raison, entre autres, du fait que le parti s’était opposé au financement des dossiers de candidature aux élections provinciales proposées par Tharcisse Loseke ci et là, et particulièrement dans son Sankuru natal. S’il ne l’a pas crié sur tous les toits à l’époque, le psychiatre l’avait néanmoins très mal pris : « tout se passe comme si Tshibala veut limiter l’envergure du président-délégué du parti à un rôle de figuration », expliquait-on dans l’entourage de Tharcisse Loseke. Qui ne se serait rendu compte de cette « mesquinerie » de ses compagnons de lutte qu’après avoir décidé de réintégrer le parti à l’issue d’un tête-à-tête de plusieurs heures avec Bruno Tshibala en personne, le 30 juin 2018 en sa résidence privée.
Quelques jours auparavant, Tharcisse Loseke avait fait sensation dans les médias en annonçant sa démission de l’UDPS, au motif que l’autorité morale du parti ne daignait plus le recevoir de plusieurs jours. L’audience pompeusement accordée au président-délégué du parti était manifestement justifiée par le fait que l’UDPS avait encore besoin de celui qui était son mandataire aux yeux de la loi. Il fallait attendre que Tharcisse Loseke eût expédié les dossiers en cours relatifs aux candidatures aux législatives avant de le virer.
En adhérant discrètement à l’AFDC, Tharcisse Loseke a anticipé sur les projets de ses anciens compagnons de lutte au sein de l’UDPS. Une sorte de vengeance, en fait.
J.N.