Mgr Marcel Uthembi, le président de la Conférence Episcopale Nationale du Congo (CENCO), est intervenu par vidéo-conférence lundi 27 août 2018 dans une réunion du Conseil de sécurité des Nations-Unies sur la situation en RD Congo. Pas pour solliciter les bénédictions du Seigneur Jésus sur le processus électoral crucial qui tend vers sa fin dans son pays. Mais pour annoncer une sorte d’apocalypse. « La joie présente aura été éphémère et illusoire si le processus électoral en cours n’aboutit pas à l’organisation des élections transparentes, crédibles, inclusives et apaisées », a déclaré le prélat qui en a pour le coup oublié la fameuse espérance caractéristique de la foi catholique. En RD Congo, c’est le pessimisme que psalmodient les princes de l’église catholique romaine, lorsqu’ils se gardent d’appeler carrément à jihad, depuis quelques années. Marcel Uthembi n’a pas dérogé au principe, lundi dernier. Notamment en rebrandissant le fameux Accord politique conclu entre une poignée d’acteurs politiques de l’opposition et de la majorité au pouvoir dans la nuit du 31 décembre 2016. Il faut parachever les mesures de décrispation prévues dans ce document, qui pourtant lui-même en réfère expressis verbis à la constitution de la République, a posé l’archevêque de Kisangani.
Décrispation partiale
Seulement, la décrispation catholique, c’est connu en RD Congo, tout comme la crédibilité, l’inclusivité ou encore l’apaisement, renvoie à un acteur politique de l’opposition radicalisée, adoubé en son temps par une certaine communauté internationale : Moïse Katumbi Chapwe. Le dossier du dernier gouverneur de l’ex Katanga s’est lourdement compliqué ces dernières semaines, avec une inextricable affaire de nationalité. Lundi dernier encore, les médias rapportaient des poursuites judiciaires engagées en Belgique contre le protégé des évêques de la CENCO. Qui confirment que l’homme possède plus d’un passeport, sans nul doute, puisqu’il continue à sillonner la planète malgré la confiscation de son unique passeport semi-biométrique rd congolais par la justice belge.
Candidat proclamé à la prochaine présidentielle, Moïse Katumbi n’a pas pu déposer son dossier de candidature dans les délais fixé par la centrale électorale. En rebrandissant la fameuse question de la décrispation synonyme de participation de Katumbi à la prochaine présidentielle, c’est à un report des élections de décembre 2018 qu’appelle ainsi la CENCO. Les princes de l’église catholique affichent ainsi quelque dédain à l’endroit des électeurs de la RD Congo. Ils sont plus de 40 millions qui n’attendent que d’en découdre avec les acteurs politiques devant les urnes dans quelques mois. Et ainsi, de décrisper une fois pour toutes en jetant leur dévolu sur des personnes de leurs choix. Mais leurs préoccupations ne sont pas les mêmes que les hommes de Dieu catholiques, de toute évidence. Partiale, la décrispation prônée par les princes de l’église catholique en RD Congo ne peut, elle aussi, que s’avérer éphémère.
Appel à un Etat de non-droit
Lundi dernier, Marcel Uthembi a également recommandé au gouvernement de ne pas « forcer l’interprétation des lois et de manipuler la justice dans le but d’exclure de façon arbitraire certains candidats de la compétition électorale ». Après avoir passé ces dernières années à accuser Joseph Kabila de vouloir briguer un troisième mandat présidentiel supplémentaire, les évêques de la CENCO ont beaucoup perdu de leur crédibilité auprès de l’opinion nationale. Ils n’en gagnent pas davantage en se lançant dans de nouveaux procès d’intention qui dissimulent mal leur volonté de faire table rase de toute loi nationale. En RD Congo existent des lois qui fixent les conditions d’éligibilité des candidats aux différentes élections. Faire croire à l’opinion que toute application de ces lois est une interprétation et une manipulation sans faire état des restrictions objectives desdites parait aux yeux de certains observateurs comme un sophisme compromettant.
J.N.