Elle s’appelait ainsi, Rachel Mutingwa Massy, et prestait dans un de ces supermarchés qui poussent comme des champignons à Kinshasa. Et elle avait que 22 ans mais était néanmoins rongée par l’envie de prendre de l’air. L’organisation de la finale de la coupe du monde de Football, RUSSIE 2018, lui en a donné l’occasion. En compagnie de copains dans la presse sportive kinoise, Rachel a pu s’envoler vers le pays de Poutine, où elle a bel et bien assisté à la fête mondiale du sport roi, le football.
Seulement, les envies de Massy ne s’arrêtaient pas là. Au-delà des festivités sportives, la jeune dame envisageait un exil, en Europe ou aux Etats-Unis d’Amérique. Sur le chemin du retour vers Kinshasa, Rachel Mutingwa atterrit à Istanbul en Turquie, en transit, en principe. Mais ce sera le transit de la mort. Selon des sources familiales, la jeune dame se serait déclarée réfugiée politique. Le statut ne s’obtient pas comme le sacrément de la confirmation chez les fidèles catholiques, après le baptême et la communion. Il faut justifier et se justifier. Massy est interrogée à l’aéroport d’Istanbul par les services habilités pour ce faire. Comme beaucoup d’autres demandeurs d’asile en provenance du continent noir, stockés ici en attendant clarification de dossiers.
Prudente, Rachel a pris le soin d’expédier ses documents de voyage à ses intimes. On sait ainsi retracer son voyage en avion de Russie jusqu’à Istanbul, cartes d’accès à bord et billets de voyage faisant foi. De vol Istanbul – Kinshasa, la rd congolaise n’en a jamais emprunté. Aucune trace sur les manifestes à destination de Kinshasa. Des relations familiales s’alarment et alertent un avocat sur les lieux. L’homme de droit retrouve la trace de la malheureuse et entame les démarches pour sa relaxation et, à la limite, sa reconduite vers son pays. Rachel disposait d’un billet d’avion en cours de validité pour retourner dans son pays. Mais elle n’est jamais revenue.
Le 30 juillet 2018, Rachel Mutingwa a trouvé la mort dans des circonstances qui restent à élucider, à l’aéroport d’Istanbul, selon l’avocat Turc engagé par la famille. Probablement « cuisinée à mort », selon ses proches.
J.N.