Les faits se sont déroulés mardi 14 août 2018, dans une relative discrétion, à ce qu’il paraît. Au Conseil de l’Apostolat des Laïcs Catholiques du Congo (CALCC), la seule organisation des laïcs catholiques reconnue par les statuts de la Conférence Episcopale Nationale du Congo (CENCO) mais éclipsée par le Comité Laïc Chrétien d’inspiration monsenguiste, s’est déroulée une assemblée élective statutaire. La rencontre qui a rassemblé les électeurs venus des différents diocèses catholiques de la RD Congo devait pourvoir au remplacement, par voie démocratique, des dirigeants du CALCC.
C’est un jeune juriste de la province de l’Ituri, Jean-Bosco Lalo, qui a été élu en remplacement de Crispin Nlanda Ibanda. Le protégé du cardinal archevêque de Kinshasa a été battu à plate couture, parce que Lalo s’est fait élire haut la main par 23 voix sur 36 votants. Contre seulement 15 voix pour Crispin Nlanda.
Au CALCC, le vote du 14 août 2018 semble avoir sanctionné la politisation à outrance des organisations catholiques à partir de Kinshasa. Depuis le dernier trimestre 2017, l’archevêché de Kinshasa, sous la férule du Cardinal Monsengwo, a plongé tête baissée dans la politique politicienne, s’acharnant particulièrement contre le Chef de l’Etat, Joseph Kabila, soupçonné de vouloir briguer un troisième mandat. Pire, le Cardinal-archevêque de Kinshasa a mis sur pied une structure pirate agissant au nom de tous les chrétiens catholiques du pays, en lieu et place du CALCC. Le CLC s’est ainsi permis d’intimer injonctions et mots d’ordre appelant les fidèles catholiques à concourir à des insurrections populaires dans les principales agglomérations du pays. La supercherie n’a pas plu, ni parmi les fidèles catholiques, ni parmi les princes de l’église. L’élection de l’iturien Jean-Bosco Lalo, fidèle catholique actif de la province de l’Ituri dont est également originaire l’actuel président de la CENCO, Mgr Marcel Uthembi, peut être interprétée comme un désaveu des errements politiques du cardinal kinois.
Jean-Bosco Lalo, le nouveau président du CALCC, n’est pas un nouveau venu dans les mouvements associatifs. L’homme dirigeait depuis 2005, avec dévouement et compétence, la section provinciale (la province ecclésiastique Orientale correspondant à l’ensemble de l’ancienne province du même nom). Né le 6 mai 1971 à Lita dans le territoire de Djugu, il détenteur d’un diplôme de licence en Management et d’un autre en droit, en même temps qu’il prépare une thèse doctorale dans cette dernière discipline scientifique. En Ituri, Jean-Bosco Lalo est connu grâce, notamment, à l’ONG AVEPADI, dont il est le coordonnateur. L’organisation œuvre dans le domaine de l’alphabétisation et de l’apprentissage des métiers aux adultes. Egalement promoteur de nombreuses écoles primaires et secondaires, le nouveau président du CALCC a intégré la société civile de l’Ituri en 2006, avant d’en prendre la direction quelques mois plus tard. Il a été reconduit pour un mandat supplémentaire de 3 ans à la tête de l’organisation provinciale le 16 novembre 2017.
J.N.