Selon la Commission nationale des mercuriales du ministère du Commerce extérieur, les écorces de quinquina, la poudre de totaquina et le sel de quinine connaissent une hausse des prix sur le marché international et se négocient respectivement à plus de 1,50, 52,80 et 89,76 USD dollars le kilogramme.
Le kilo de la papaïne suit la même tendance et se négocie à plus de 15 dollars sur le marché international. La papaïne est une enzyme présente dans le latex qui est situé entre l’écorce et la pulpe de la papaye, le fruit du papayer. Elle est capable de digérer les protéines. Elle est traditionnellement utilisée pour attendrir la chair de poulpe ou les viandes. Ainsi, la consommation régulière de papaye conserve encore un caractère ethnique, note la FAO, Organisation mondiale pour l’agriculture et l’alimentation. La culture du papayer a redémarré dans le territoire de Beni au Nord-Kivu depuis 2015. Abandonnée ces dernières années par des paysans découragés par la mosaïque qui décimait leurs plantations, cette culture connaît une seconde vie. Des nouvelles variétés, résistantes à la mosaïque, ont, en effet, été récemment introduites dans la région et donnent de bons résultats. «Grâce aux variétés améliorées, la production en latex (liquide obtenue après saignée de la papaye, Ndlr) et la teneur en matière sèche (papaïne) ont augmenté de 40 %», explique cet ingénieur agronome à L’ENRA, principale entreprise exportatrice de la papaïne à Beni. Du coup, le prix d’un kilo de latex est passé de 2 à 5 dollars. Mais l’insécurité qui bat son plein dans la région a entraîné la rechute de la culture de papayers. L’on redoute à présent «l’effet Ebola» sur la production générale dans la région.
Par ailleurs, l’on observe depuis mi-2017, une ruée sur le quinquina dans les régions agricoles de l’Est. Les cultures de thé, de café et de cacao ont connu un certain ralentissement au profit au profit du quinquina qui aura décidément ravi au café son auréole d’or vert. Le quinquina est un arbre longtemps perçu comme important grâce à la substance qu’il renferme, la quinine. Au Sud-Kivu, une multitude des taxes a été créée par le fisc local aussitôt emboîté par l’Office national de café et autres services au niveau étatique à tel point que le ministre de l’Industrie, Ilunga Leu, a dû effectuer le déplacement de Bukavu, sur exigence de Pharmakina, pour corriger la liste des droits, taxes et redevances dus à l’Etat et aux entités administratives décentralisées. La société Pharmakina dispose, en effet, de 4 000 ha -dont 3 800 ha dans le Nord-Kivu et le Sud-Kivu -de plantations de quinquina en R-dCongo et au Rwanda, et en tire l’essentiel de sa matière première. Le laboratoire r-dcongolais est l’un des premiers producteurs africains de sels de quinine et de toute une gamme de médicaments (sirops, comprimés, solutions injectables pour nourrissons, enfants et adultes) destinés à combattre la fièvre et le paludisme, l’une des maladies les plus mortelles en Afrique subsaharienne. Seule entreprise de la filière en RD Congo, Pharmakina, qui emploie quelque 2 000 personnes, dont 1 300 saisonniers, est aussi l’unique unité pharmaceutique du pays à avoir ciblé l’export. Un marché qui représente environ 40 % de son chiffre d’affaires. Ce sont surtout les sels de quinine qui sont exportés vers l’Asie (Inde, Pakistan, Chine), l’Europe (Allemagne, Espagne, France) et quelques pays africains dont le Kenya, l’Ouganda, la Tanzanie, l’Afrique du Sud, le Sénégal, le Cameroun, le Bénin et le Ghana. Quant aux produits finis (sirops, etc.), s’ils comptent quelques clients au Rwanda et au Burundi, ils sont surtout écoulés en RD Congo. À Kinshasa, notamment, qui absorbe 60 % de la production. Pharmakina doit aussi affronter la concurrence asiatique sur son propre marché intérieur. De nombreux Indiens viennent s’approvisionner localement en quinquina, puis fabriquent en Inde les médicaments qu’ils exportent ensuite vers la RD Congo. Mais combien cela rapporte-t-il au Trésor ? Aucune régie financière, ni l’Office national du café, ni le ministère de l’Agriculture ni la Banque centrale du Congo, ne dispose des données spécifiquement retracées sur les exportations de quinquina ou de la papaye.
POLD LEVI