La vérité se chuchotait dans la classe politique, celle constituée par la génération des jeunes candidats courageusement lancés à la conquête de la magistrature suprême en RD Congo, particulièrement. La machine à voter n’est en rien mauvaise. Le premier à ne pas verser dans les critiques politiciennes fut Yves Mpunga, le spécialiste ès administration et informatique sorti de l’Université Protestante du Congo. Au cours d’un point de presse à Kinshasa, il s’était contenté de suggérer l’interconnexion de toutes les machines à voter qui seront d’usage le 23 décembre prochain. Pour faciliter la rapidité dans la communication des résultats. Mais, au milieu du tohu bohu contre l’ingénierie Sud-Coréenne d’inspiration rd congolaise orchestré par des radicaux de l’opposition peu préparés à affronter les urnes, cette toute première observation constructive passa inaperçu.
C’est finalement l’ancien président des étudiants de l’Université de Kinshasa, diplômé de polytechnique et informaticien, Alain-Daniel Shekomba, que l’on doit la vérité. Au cours d’une intervention sur les antennes de la radio Top Congo FM captée à Kinshasa la semaine dernière, le jeune candidat à la prochaine présidentielle s’était déjà montré fort circonspect quant aux critiques émises avec effusion par les radicaux de l’opposition sur la machine à voter. Mais sans franchir le rubicon. Pressé par le journaliste, Shekomba n’osa pas se prononcer en faveur de la machine à voter. Ni la vouer aux pires gémonies, comme le premier analphabète informatique venu.
Ce qu’il n’a pas osé avouer à nos confrères de Top Congo, Alain-Daniel Shekomba l’a balancé à nos confrères de Politico.cd lundi 13 août 2018 : l’opposition peut gagner les élections grâce la machine à voter. A la condition de dégager un consensus sur le déploiement intégral de témoins et observateurs dans tous les bureaux de vote ! « La dématérialisation du système de vote est avantageuse pour la RDC, un pays sans infrastructures. Le système de vote électronique permettra d’économiser le temps de comptage pour avoir le résultat en temps réel. Ce système facilitera le déploiement des kits et évitera la barrière logistique due au transport », explique-t-il à nos confrères. « Pendant le transport des résultats des votes, les urnes peuvent être bourrées. Donc la dématérialisation du vote, à l’instar de l’usage des machines à voter, va crédibliser les résultats du vote parce que ce système assure la traçabilité du vote », poursuit le jeune polytechnicien rd congolais. Qui confirme, pour les avoir expérimentés (il l’avait déjà déclaré sur les antennes de Top Congo FM) que les fameuses machines à voter sont des imprimantes qui servent à imprimer les bulletins de vote. Cette opération d’impression elle-même intervient après deux étapes de validation et de confirmation du vote par l’électeur, explique-t-il encore. « J’ai constaté également que les machines à voter ne sont connectées à aucun outil fournissant la connexion internet », témoigne-t-il. Relevant néanmoins que “la question qui doit être soulevée face à la CENI serait de savoir s’il sera possible de limiter le nombre d’impression des bulletins de vote par la machine à voter, en n’imprimant que les bulletins de vote proportionnellement au nombre d’électeurs par bureau de vote”.
Dans ces conditions, l’opposition politique peut tirer le plus grand profit de l’utilisation des machines à voter, selon Alain Shekomba. Les résultats électoraux devraient être fiabilisés par le déploiement des témoins et observateurs dans tous les sites des votes. A des fins de surveillance, sans doute. Cela, toutes les missions d’audit de l’Organisation Internationale de la Francophonie l’ont relevé en stigmatisant la faiblesse du déploiement des témoins et observateurs de l’opposition politique. En réalité, les radicaux ne voulaient pas d’élections en RD Congo et n’ont jamais songé à déployer des observateurs pour des opérations auxquelles ils ne comptaient pas prendre part. Tel est l’abcès crevé, sans le vouloir, par un jeune intellectuel dénué du fétichisme politique ambiant.
J.N.