Les tractations en vue de la désignation d’un candidat unique de l’opposition à la présidentielle, de plus en plus sûre et certaine, du 23 décembre 2018, sont plus proches de l’affrontement que du consensus. Même si les radicaux, l’heure est encore à la multiplication des faux fuyants pour dissimuler l’évidence.
Après un énième tête-à-tête avec Félix Tshilombo, samedi 11 août 2018 à Kinshasa, l’ex (?) Palu également candidat à la prochaine présidentielle a déclaré à la presse que les tractations en vue de la désignation d’un candidat commun des opposants à Joseph Kabila avaient pris « … la bonne direction après ces discussions ». « Pour donner suite à notre première rencontre du 2 juin dernier à Bruxelles, nous nous sommes encore vus samedi 11 août pour discuter de l’évolution de la situation politique du pays après les dépôts des candidatures, des élections qui doivent être apaisées et du besoin de la candidature commune des forces alternatives », a gaiement posté l’ancien 1er ministre sur internet. Sans parvenir à dissimuler le fait qu’il n’avait pas été associé à la tripartie UNC-MLC-UDPS/Tshisekedi tenue un jour plus tôt dans la capitale rd congolaise, et dont les conclusions seront rendues publiques dans quelques jours. « La bonne direction d’Adolphe Muzito semble correspondre à une direction qui fait de lui un figurant », se plaint un cadre du Palu qui aurait préféré que l’élu de Kikwit ne dégringole au bas de l’escalier des prétendants au top job en RD Congo. « A quoi sert-il de s’aliéner son parti politique pour revoir les ambitions qui lui tant coûté revues à la baisse dès les premières négociations », se plaint-il, interrogé par nos rédactions.
Jeudi 9 août à Kinshasa, Vital Kamerhe de l’UNC, Félix Tshilombo de l’UDPS/Tshisekedi et Eve Bazaiba du MLC avaient eu des entretiens relatifs à la désignation du candidat commun de l’opposition dont il semble qu’on attend toujours les conclusions. Mais Ensemble pour le Changement, la plateforme de Moïse Katumbi, n’est pas partie prenante à ces consultations limitées aux partis politiques les plus représentatifs de l’opposition politique. Et ça fait grincer les dents. Parmi les lieutenants de Moïse Katumbi où on n’aurait préféré que ces démarches unificatrices soient suspendues à la résolution du dossier de leur mentor. Sur Congo Web Télévision, le week-end dernier, Jean-Bertrand Ewanga criait encore sur les toits que les élections n’étaient pas possibles sans la candidature de Moïse Katumbi à la prochaine présidentielle. Moise Moni Della, dont le frère Salomon K. Della est le porte-caisse du richissime ex gouverneur de l’ex Katanga a de son côté répété la même chose aux médias au milieu de la même semaine. Mais rien n’indique que chez les radicaux il existe des acteurs politiques disposés à se relancer dans la politique dite de la chaise vide. Et à laisser filer le pouvoir, à peu de frais, entre les mains de la majorité au pouvoir. C’est, à l’évidence, beaucoup trop demander.
C’est pourtant la dernière course à laquelle s’élancent à qui mieux mieux les katumbistes. A commencer par l’Envol, Delly Sessanga. Cet ancien cadre du Mouvement de Libération de Jean-Pierre Bemba Gombo semble plus prêt à en découdre qu’à composer avec ses récents amis parmi les radicaux. « Parler de la candidature commune en dehors de l’inclusivité, c’est mettre la charrue devant les bœufs », tonne-t-il dans les médias. Par inclusivité, cet unique élu de son parti politique dans la circonscription électorale de Luebo fait allusion au dossier de son mentor, Moïse Katumbi Chapwe, que des affaires judiciaires retiennent en dehors du pays à quelques mois des scrutins combinés du 23 décembre prochain. « La candidature commune doit être la résultante d’un processus politique qui conduit aux élections libres, démocratiques, transparentes, apaisées et inclusives. Si tous ces 5 critères sont remplis bien évidemment, il y aura lieu de pouvoir aller vers une candidature commune », postule ce juriste, un peu trop théoriste et juridiste sur les bords, selon un entendement de plus en plus partagé dans les travaux de l’opposition politique. Ici, la désignation du successeur de Kabila à la prochaine présidentielle, annoncée le 8 août 2018, a pris tout le monde de court et « l’heure n’est plus aux tergiversations, même au nom de Dieu le père », confie un cadre de l’UDPS/Tshisekedi interrogé par nos rédactions.
La désignation du candidat commun de l’opposition ne fera l’économie d’un affrontement en règle avec les katumbistes. Même si pour l’instant tout le monde à l’opposition fait semblant de s’accommoder du combat désespéré de ses lieutenants pour obtenir sa réhabilitation.
J.N.