Sans surprise, Vital Kamerhe a été reconduit à la tête de son parti politique pour 5 années supplémentaires et désigné candidat à la présidentielle 2018. Comme beaucoup d’autres parmi ses pairs de l’opposition, le candidat de l’Union pour la Nation Congolaise (UNC) versera le montant en FC équivalent à 100.000 USD de caution et déposera formellement sa candidature à la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI) avant mercredi 8 août 2018. C’est la date limite fixée par le calendrier électoral strictement observé jusque-là.
Pour faire sérieux et un peu comme tout le monde à l’opposition, Vital Kamerhe a cru devoir servir à l’opinion un programme de gouvernance qui selon lui marque une rupture avec la gouvernance du pouvoir en place. « Il a clochardisé le peuple à cause de l’incompétence des dirigeants congolais », a clamé ce candidat malheureux à la présidentielle 2011. Une véritable compétition d’estimations budgétaires, que ces programmes des radicaux de l’opposition. Tous promettent des dizaines, voire des centaines de milliers de dollars américains aux rd congolais aussitôt qu’ils auront pris les rênes du pouvoir, pas avant. Contre les pauvres 80 milliards miroités par Jean-Pierre Bemba Gombo, mais aussi les 100 milliards promis par le richissime dernier gouverneur de l’ex Katanga, Kamerhe a avancé 114 milliards en 5 ans, devant ses partisans samedi 4 août 2018. Pour soutenir un programme de gouvernement qui vise un nouveau leadership rassembleur et visionnaire ; la refondation de l’Etat ; la sécurité ; la lutte contre la corruption, l’impunité et les anti-valeurs ; l’éducation ; la santé ; la jeunesse et le sport ; la promotion de la femme ; l’assainissement des finances publiques ; l’agriculture ; l’environnement et la lutte contre le changement climatique ; l’eau ; l’énergie ; les mines et les hydrocarbures ; la diversification de l’économie ; l’emploi ; les infrastructures et l’aménagement du territoire ; les logements sociaux ; le social dans toutes ses dimensions ; la culture et les arts. Bref, « strictement rien qui ne soit en cours de mise en œuvre par le gouvernement actuel », soupire cet étudiant en sciences économiques de l’UNIKIN, interrogé par Le Maximum. « Si c’est pour ça, Kamerhe peut rester là où il est », conclut-il.
Le patron de l’UNC est également revenu sur l’engagement annoncé 24 heures plutôt, d’œuvrer à la désignation d’un candidat commun de l’opposition à la présidentielle de décembre prochain. «Les présidents Jean-Pierre Bemba, Félix Tshisekedi, Moïse Katumbi et moi-même, nous avons une responsabilité historique devant le peuple » a soutenu cet acteur politique connu (y compris chez ses collègues de l’opposition !) pour son extrême versatilité. «Si le peuple congolais rate l’alternance cette fois-ci, ça sera par notre souci de nous servir nous-même et notre égocentrisme. Nous devons nous surpasser ; si le président Félix c’est nous tous, si c’est Moïse c’est nous tous, si c’est Jean-Pierre c’est nous tous, ainsi de suite », a encore lu Vital Kamerhe dans son discours d’investiture le 4 août 2018 à Kinshasa.
Mais dans l’opinion, les paroles de VK, comme on le surnomme dans les salons politiques de la capitale, valent ce qu’elles valent et ne brillent pas toujours par leur trait de vérité. Loin s’en faut.
Visitant un Jean-Pierre Bemba volontairement reclus dans une des résidences familiales de la concession paternelle de GB, le président de l’UNC a dénoncé les conditions précaires dans lesquelles auraient été logée la famille du sénateur retourné quelques jours plus tôt des geôles de la Cour Pénale Internationale à la Haye. « Les enfants sont assis à même le sol », a cru devoir annoncer Kamehre pour accuser le pouvoir de méchanceté contre le fils du défunt président du patronat de la RD Congo dont les immeubles à Kinshasa et à travers le pays ne se comptent plus sur les bouts des doigts. Quelques heures après que Kamerhe se fut plaint des conditions d’hébergement de l’ancien 1er vice-présisent de la République, Jean-Pierre Bemba rappliquait, tiré à quatre épingles et accompagné de Madame au siège de la CENI à la Gombe où il déposait formellement sa candidature à la présidentielle. Dans l’opinion à Kinshasa, beaucoup ont eu quelque mal à croire à la maltraitance de l’aîné des Bemba tant vantée par Kamerhe.
Le président de l’UNC n’a pas non plus notablement redoré le blason de ses flots oratoires en déplorant le refus des autorités rd congolaises de laisser rentrer Moïse Katumbi dans son pays. L’ancien gouverneur de l’ex province du Katanga n’avait jamais approché les services d’immigration de Kasumbalesa, ainsi qu’on le sait aujourd’hui. Acteur politique averti, Vital Kamerhe ne pouvait pas ignorer que son collègue jouait la carte de l’insurrection populaire à partir de la frontière zambienne, et avait en toute conscience choisi de mentir à ses électeurs. Dire que c’est cet homme-là qui prétend combattre les anti-valeurs aussitôt le top job dans la proche relève du cynisme, estime-t-on.
J.N.