A quelques heures de la clôture des dépôts des candidatures aux législatives nationales et à la présidentielle, l’avenir politique immédiat de Moïse Katumbi Chapwe paraît plus problématique que jamais. « Moïse et quelques-uns de ses proches étaient bien les seuls à rêver de cette candidature à la présidentielle », assure au Maximum un vieux combattant de l’UDPS/Tshilombo. Les incidents du week-end dernier à Kasumbalesa ont démontré à l’opinion à quel point l’homme était désespéré et déterminé à jouer un va-tout ridicule consistant à rêver, ici aussi, de retourner au pays porté en triomphe par des sympathisants défiants les forces de l’ordre. Ce fut léger de la part d’un homme qui prétend aux plus hautes fonctions au sommet de l’Etat où les problèmes ne règlent pas à la manière d’un match de football, au milieu de fanatiques.
A l’évidence, chez les katumbistes, peu consentiront à se suicider pour le richissime ex gouverneur de la province minière du Katanga. Sur une radio locale à Goma, le week-end dernier, le député G7 Muhindo Nzangi tentait de rassurer (et sans doute de se rassurer lui-même) en déclarant que Moïse Katumbi déportera les voix de ses sympathisants sur le candidat unique que l’opposition se sera choisi. Et que lui-même élirait ce candidat-là. Traduction : Muhindo Nzangi, lui, ne renoncera pas à la prochaine législative, même au nom de tous les dollars US du monde que Katumbi aura déversé dans son escarcelle. Le jeune élu de Goma n’est sûrement pas le seul dans ce cas. « On voit mal un Jean-Claude Mvuemba renoncer à son siège quasi naturel de Kasangulu pour les 5 prochaines années dans le seul but de ne pas désobliger un allié politique », assure l’interlocuteur tshisekediste du Maximum. Mais rien n’indique que déporter les intentions de voix en sa faveur sur un autre candidat que lui-même figure dans le répertoire des connaissances du président du TP Mazembe, selon les observateurs.
Jusqu’à la dernière minute, Moïse Katumbi a œuvré à fragiliser les candidats potentiels de l’opposition à la prochaine présidentielle pour se faire place nette. Même Félix Tshilombo Tshisekedi, que le patron de « Ensemble pour le changement » avait pris soin de « ranger » dans l’armoire de « président du RasOp », une plateforme qu’il s’est par la suite empressé d’enterrer, aurait fini par passer à la trappe.
Ses dernières stratégies de fragilisation de potentiels candidats de l’opposition à la présidentielle, Moïse Katumbi les a orienté sur le MLC Jean-Pierre Bemba. Le week-end dernier encore, face aux médias, l’ancien pensionnaire de la prison de la Cour Pénale Internationale à La Haye se défendait de contacts supposés avec Joseph Kabila. Comme Eve Bazaiba, la secrétaire générale du parti, quelques semaines avant lui, d’ailleurs. L’information qui accuse quasiment Jean-Pierre Bemba et le MLC de connivence avec le pouvoir en place à Kinshasa, dont il serait le dauphin, circule avec insistance. Distillée par les katumbistes : le week-end dernier à Goma, le député Muhindo Nzangi faisait état des facilités que le gouvernement aurait accordé à Jean-Pierre Bemba au cours d’une émission radiodiffusée à Goma. Quelques semaines avant le retour de Jean-Pierre Bemba à Kinshasa, Boketshu 1er, un danseur mongo converti en « combattant » en Belgique, se répandait en injures crues sur Jean-Pierre Bemba accusé de connivence avec Joseph Kabila. Les images des prestations de l’ancien patron de l’orchestre « Swede-Swede », largement diffusées sur You Tube, sont sponsorisées par Salomon S.K. Della, le bras droit de Katumbi, assurent des sources crédibles à Bruxelles.
Quand on sait ce que le dernier gouverneur de l’ex Katanga a fait de Vital Kamerhe et de son UNC, dont les principaux lieutenants ont migré vers des cieux plus autonomes à une cadence effrénée en moins de cinq ans (Ewanga, Babandoa, Bokolombe, Lubaya …), peu d’observateurs voient Moïse Katumbi inviter quiconque à déporter les voix sur lui. Ni sur personne d’autre d’ailleurs, à moins qu’il ne soit assuré de pouvoir le manipuler à loisir. Qui donc méritera les voix des sympathisants de l’arriviste katangais ?
La question reste ouverte pendant que les Bemba, Tshilombo Tshisekedi et Kamerhe boivent du petit lait en silence…
J.N.