Plus de doute possible : l’ancien 1er ministre Palu, Adolphe Muzito, fera cavalier seul. Tout au moins, l’élu de Kikwit sur les listes du parti d’Antoine Gizenga Fundji devrait exprimer ses ambitions dans une organisation autre que la Palu. « Il prendra bientôt ses responsabilités », a déclaré à la presse un membre de son pré-carré après que l’ancien 1er ministre eût été suspendu par le Palu pour la seconde fois de plus en 7 mois. Selon une décision publiée lundi 30 juillet 2018, Adolphe Muzito est suspendu pour une durée indéterminée. Il est reproché à ce cadre du parti indiscipline et trahison qui se sont traduites par des sorties médiatiques intempestives, la candidature à la présidentielle, des contacts pris sans l’aval préalable du Palu, le débauchage des membres du parti qui se sont portés candidats aux élections pour le compte d’autres partis politiques. Serge Kivuata, un proche du 1er ministre honoraire, n’a pas hésité à caricaturer la sanction annoncée par Lugi Gizenga au terme d’une réunion présidée par le patriarche Gizenga en personne. « … On suspend quelqu’un d’une fonction. Or, il se fait que depuis un certain moment l’ancien 1er ministre Adolphe Muzito n’est plus dans les instances du parti. C’est un militant de la base. Ce n’est une suspension qui devait lui être infligée », déclare-t-il à la presse. Mais le dossier Muzito paraît plus sérieux et les divergences qui l’opposent au parti qui l’a porté au firmament politique en RD Congo, plus profondes qu’elles n’y paraissent.
L’affaire Muzito-Palu a pris une tournure définitive avec la sortie officielle d’une nouvelle plateforme politique, le « Nouvel élan », vendredi 27 juillet 2018 à Kinshasa. Animée entre autres par l’ancien mobutiste Bofassa Djema, « Nouvel élan » qui rassemble trois autres plateformes politiques (AAA, PPA, UREP) soutient la candidature de l’ancien 1er ministre à la présidentielle de décembre 2018. C’est sans doute la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Parce qu’auparavant, Adolphe Muzito avait fait preuve d’initiatives à la limite de l’adversité vis-à-vis de la famille politique de Joseph Kabila, dont l’alliance avec son parti politique n’est pas encore dénoncée jusque-là. Notamment en prenant contact avec l’UDPS/Tshisekedi et en dénonçant l’usage de la machine à voter en se prononçant contre une troisième candidature de Joseph Kabila à la présidence. C’est le même Muzito qui avait, quelques semaines plus tôt, entrepris une croisade de contacts politiques avec des leaders de l’opposition, dont Vital Kamerhe de l’UNC dans le cadre d’une candidature unique à la présidentielle du 23 décembre 2018.
Les raisons de cette cavalcade contraire à la discipline du Palu ont été révélées par son entourage. « A un certain moment, le parti nous donnait déjà l’impression de tomber dans le FCC [Front commun pour le Congo] à travers deux ministres qui ont signé la charte sans être sanctionnés. Ils sont même restés membres du bureau politique », accuse encore Serge Kivuata, ce membre du «Nouvel élan» qui passe pour un des plus proches collaborateurs de Muzito. « Les choses étaient claires que le PALU n’avait plus d’ambition pour placer son candidat à la présidentielle. Et celui qui en avait ne pouvait en faire les frais », conclut Kivuata. Adolphe Muzito est donc bien parti pour briguer un mandat présidentiel, avec ou sans l’accord du Palu.
J.N.