Mardi 24 juillet 2018 à son cabinet de travail dans 8ème arrondissement parisien, Me Eric Dupont-Moretti, flanqué d’Olivier Kamitatu, ont cru créer l’événement en apportant la preuve que les poursuites judiciaires contre Moïse Katumbi n’en étaient pas. Mais aussi, que le dernier gouverneur de l’ex Katanga n’a jamais possédé la nationalité italienne, contrairement aux révélations de la presse (Jeune Afrique) il y a quelques mois. C’est surtout cette dernière affaire, qui consacre l’exclusion du candidat à la présidentielle de la course du 23 décembre prochain, qui semble causer des insomnies à ses partisans et à ses collaborateurs.
Au cours d’un point de presse, l’avocat parisien a brandi des documents attestant de la fausseté de la double nationalité, italienne et rd congolaise de Moïse Katumbi. Notamment, une correspondance de Domenico Conte, le maire de San Vito Dei Normani, affirmant que Moïse Katumbi n’a jamais été inscrit au registre des citoyens italiens de sa commune. « Nous ne pouvons fournir aucune information quant à la nationalité de M. Moïse Katumbi Chapwe, en ce que celui-ci n’est pas inscrit (et ne l’a jamais été) au registre de l’état-civil et/ou au registre de la population des citoyens italiens de la ville de San Vito dei Normanni », assure le Maire italien dans une lettre datée du 16 juillet 2018.
Seulement, le courrier municipal italien assure répondre au courrier de l’avocat parisien daté du 9 juillet et … reçue à San Vito Normani le 16 juin 2018, soit une semaine avant sa rédaction, selon la traduction française du texte écrit en italien, que l’avocat de Katumbi a fait notarier. « L’administration municipale n’a jamais mis à la disposition de tiers de documents concernant la nationalité desdites personnes [Moïse Katumbi Chapwe et/ou Moïse Katumbi D’Agnano], ni n’a jamais fourni d’informations ou de données officielles à leur égard », affirme encore l’autorité municipale italienne, mettant ainsi en doute les révélations de Jeune Afrique, doublées des vérifications de l’Agence Reuters et de la RFI qui avaient confirmé l’information. Après que in tempore non suspecto, l’avocat lushois Jean-Claude Muyambo eût révélé les nombreuses nationalités de Moïse Katumbi son ancien client.
Plutôt que de clore définitivement la polémique sur les multiples nationalités de son client, Eric Dupont-Moretti l’a relancée de plus belle. La lettre du maire de San Vito Normani et ses erreurs sont sur tous les réseaux sociaux depuis mardi dernier. Des observateurs dénoncent un faux en raison d’erreurs matériels inadmissibles à ce niveau de responsabilités et soupçonnent la défense de Katumbi d’avoir interrogé les autorités municipales italiennes au sujet de Monsieur Moïse Katumbi Chapwe, plutôt que de Katumbi Chapwe d’Agnango, l’identité italienne sous laquelle il aurait acquis la nationalité de ce pays.
Fort d’éléments présentés à la presse mardi dernier, l’avocat parisien de Moïse Katumbi Chapwe a cru pouvoir annoncer le retour imminent de son client dans pays, comme disculpé par la prestation à laquelle avait pris part Olivier Kamitatu, son directeur de cabinet. Comme si les deux constituaient un tribunal qui prononce des sentences judiciaires, relève-t-on encore.
L’affaire Katumbi reste aussi loin d’être close qu’auparavant.
J.N.