A l’issue d’un congrès de deux jours au centre catholique Nganda de Kinshasa, le Mouvement de Libération du Congo (MLC) de Jean-Pierre Bemba Gombo a désigné l’ancien chef rebelle récemment libéré par la Cour Pénale Internationale candidat à la présidentielle de décembre 2018. Comme la plupart des partis politiques de l’opposition qui ont organisé ce type de forum, du reste. A l’ouverture et à la clôture des assises de Nganda, les 12 et 13 juillet 2018, le parti bembiste a fait dans la dentelle en conviant les leaders politiques de l’opposition comme de la majorité au pouvoir, mal lui en a pris. Les radicaux de l’opposition politique rd congolaise ont réagi en usant de leur arme politique favorite : les fakes news diffamants. Une rumeur opportune, qui s’est répandue comme une traînée de poudre, a accusé pêle-mêle Eve Bazaiba et le MLC d’avoir reçu des financements occultes pour l’organisation du congrès du parti. Des sommes faramineuses ont été annoncées : 100.000 USD seraient entrés dans les caisses de ce parti politique qui a pris le courage de convier le PPRD, le parti présidentiel, aux cérémonies d’ouverture de son congrès.
Au cours d’une prestation radiodiffusée, mardi 17 juillet 2018, Eve Bazaiba, la secrétaire générale du parti Bembiste, a tenté de rassurer les opposants en clamant l’unité de l’opposition. Sans vraiment convaincre tout le monde. Les rumeurs contre le MLC sont symptomatiques du malaise qui couve dans les rangs des opposants. En RD Congo, la stratégie, usée depuis l’ère Mobutu, est connue : c’est du lynchage d’adversaires politiques, l’autre face de la diabolisation politique qui consiste à tisser des légendes d’infamies à partir de vraisemblances fortuites. Et les experts en la matière sont connus et se recrutent dans les rangs de l’opposition udpsienne et apparentés.
Sur ce dernier point, on ne se fait guère d’illusions chez les bembistes. Sur Radio Top Congo FM mardi dernier, la secrétaire générale du MLC a quasiment rendu la pièce de la monnaie en clamant tout haut que son parti n’a jamais pris à des rencontres secrètes à Ibiza ou à Paris. L’allusion aux rencontres secrètes entre les délégués de l’UDPS/Tshisekedi et ceux de Joseph Kabila en vue du dialogue politique congolais était claire et sans ambages. « Le MLC a convié le PPRD à une cérémonie solennelle parce qu’il est un parti politique républicain », a-t-elle fulminé, contrainte de se défendre au micro de notre confrère Thierry Kambundi.
Opposition républicaine contre opposition radicale ? Il y a de cela aussi dans le malaise qui mine une opposition qui peine plus qu’elle n’ose l’avouer à se mettre d’accord au-delà du désir partagé (disputé ?) d’accéder au pouvoir. Issu d’un mouvement rebelle d’obédience mobutiste, le MLC ne fait pas de l’opposition radicale, cette forme d’opposition-obstruction systématique à tout pouvoir auquel on ne participe pas pour une raison ou une autre, y compris un échec électoral. Tout en jouant des pieds et des mains pour y accéder ou en partager les avantages et privilèges. Les bembistes ont ainsi pris part à tous les dialogues organisés à l’initiative ou avec le concours du pouvoir en place depuis 2011, même lorsque la frange radicale de l’opposition s’y est opposée. Chez les radicaux, cela déplait.
J.N.